All too well ; Daniel & Brooklyn.

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  • Dedicated to Lya.
                                    

- Et là, c’est lui à sept ans. Il avait fait un stage pour devenir joueur de base-ball. Il n’a jamais été plus loin que le cours préparatoire…

Brooklyn explosa de rire en voyant le cliché de Daniel, les cheveux bouclés, les yeux rêveurs et ses lunettes qu’elle n’avait jamais vu. Elle secoua sa crinière blonde et laissa tomber ses cheveux sur son épaule droite avant de jeter un coup d’œil à gauche, là où Daniel était assis. Il levait les yeux au ciel alors que son air pincé reflétait son agacement. Il détestait quand sa mère sortait son vieil album photos et aujourd’hui, c’était pire encore. Il essayait d’impressionner Brooklyn, même après des mois de relation et sa mère venait tout gâcher avec quelques photographies peu avantageuses du châtain.

- Mais tu étais roux ! S’exclama Brooklyn en découvrant un nouveau cliché. Mon Dieu…

Elle se retenue de rire, surtout quand Daniel lui expliqua très sérieusement la différence plutôt subtile entre le roux et l’auburn qui avait finalement tourné au châtain, avec les années. Mais Daniel avait gardé ses belles boucles châtains avec les années et Brooklyn adorait toujours autant passer sa main dedans, un sourire collé aux lèvres.

- Ouais, c’est roux quoi. Assume, Dan.

- Mais j’ai rien à assumer puisque j’étais auburn, articula-t-il avant d’abandonner.

Brooklyn cria victoire et finit par se retrouver par terre, Daniel l’écrasant de tout son être. Sa mère quant à elle, hilare, préféra les laisser et une fois les deux amants seuls, Brooklyn posa ses lèvres sur celles de Daniel.

- Je t’aime quand même tu sais, souffla-t-elle tout contre sa bouche avant que Daniel l’embrasse à nouveau.

*

C’était étrange tout d’un coup. Le silence. Le calme qui régnait après la tempête. Après les cris, les larmes, l’absence et ce vide en eux. Maintenant, il y avait Brooklyn, seule dans l’appartement qui abritait leurs souvenirs. Elle décrochait calmement les cadres sur les murs et les rangeait avec soin dans un carton. Parfois, elle souriait. Souvent, elle laissait échapper une larme. Pas tellement à cause de la douleur qui la tiraillait car cette fois, elle se sentait bien, calme, sereine. Daniel lui manquait terriblement mais elle savait que leur histoire était terminée depuis bien longtemps. L’absence de clichés des derniers mois de leur relation le prouvait. Ils s’étaient perdus ou peut-être jamais trouvés, elle ne savait pas. Alors, elle mettait leurs photos dans un carton qui regagnerait le garage et verrouillait son cœur pour que plus jamais, elle n’aime quelqu’un ainsi. Il y avait eu Daniel et c’était tout. Il ne pouvait y avoir que lui.

Quand il l’avait quitté, il lui avait dit cette phrase qu’on retrouve souvent dans les films. Cette phrase vendeuse qui correspond à toutes les situations et qui pourtant ne prend aucun sens, même à force de l’écouter : « Tu as changé, Brooke. » Et c’était tellement étrange que ce soit lui qui lui fasse la remarque quand il était le seul qui avait évolué depuis le début de leur histoire. Elle, elle restait Brooklyn, cette fille mince aux cheveux blonds qui était effacée, toujours l’ombre sur les clichés quand Daniel à côté d’elle brillait. Ce qui lui avait fait un choc d’ailleurs, ce n’était pas tant la rupture mais le surnom qu’il avait employé. Brooke. Comme la poufiasse dans la série de Brooklyn. Il ne lui donnait jamais de surnom. Elle non plus. Il était Daniel. Son Daniel. Et parfois, Dan. Dan, l’imbécile qui lui avait donné des chrysanthèmes pour leur premier rendez-vous. Dan, ce gamin un peu con qui s’était cassé la mâchoire en voulant essayer son skate. Dan, l’homme qui lui avait brisé le cœur. Il détestait quand elle l’appelait ainsi. Elle le faisait juste pour l’embêter. Et quand il lui faisait du mal. Comme ce soir d’automne où il lui avait annoncé qu’à la fin de cette conversation, elle se retrouverait seule avec son cœur brisé et des larmes encore présentes sur ses joues.

One shot.Where stories live. Discover now