One shot.

Speak now ; Harry, Louis & Eleanor.

Harry arriva sur place avec un peu plus d’une heure d’avance. Il s’était habillé pour l’occasion. Un smoking gris qui mettait ses yeux en valeurs et un nœud papillon noir. Il aurait pu choisir une cravate mais le nœud papillon, c’était leur truc. C’était stupide mais à l’époque, Louis lui disait toujours combien cela lui allait bien. Harry avait laissé ses cheveux détachés en voyant le regard froid que lui lancèrent plusieurs personnes, il se demanda s’il avait bien fait. Il avait un élastique noué à son poignet, si jamais sa coupe de cheveux ne convenait pas non plus à la mariée. Elle avait toujours détesté ses cheveux longs, de toute manière. Et ses yeux trop verts et profonds pour elle. Et ses mains qui touchaient trop souvent celui qui allait devenir son mari.

Harry inspira profondément, son faire-part de mariage collé à sa poitrine et il entra finalement dans l’église. Il repéra immédiatement Louis, vêtu de noir, qui parlait avec sa famille, riant aux éclats avec sa sœur alors que sur son visage, Harry pouvait y lire toute sa nervosité. Il l’avait voulu ce mariage, pourquoi craignait-il alors ce jour ? Harry, il n’avait jamais eu peur de ses sentiments pour Louis. Il n’avait jamais craint un futur entre eux, jamais douté de l’importance de leur histoire. Et s’ils avaient pu se marier, il n’aurait pas pris la tenante. Il se serait rendu fièrement devant le maire pour énoncer ses vœux. Il les avait déjà préparés. Quand il était enfant, Harry avait préparé un texte pour sa future femme. Et puis, il avait aimé un homme. Louis. Et il lui avait inspiré d’autres textes, d’autres chansons, d’autres vœux de mariage qu’il ne réciterait jamais à celui qu’il aimait. Parce qu’aujourd’hui, Louis allait épouser Eleanor.

Harry regarda autour de lui. Il repéra certains amis de Louis mais pour la plupart, il ne s’agissait que de visages inconnus, de nouveaux amis du couple et la famille d’Eleanor. Tous vêtus de couleurs pastel, ils ressemblaient à des décolorations que l’on implante sur les gâteaux. Oh tient, Harry venait de voir passer l’une des demoiselles d’honneur, vêtue comme une fraise Tagada. Il décida de la suivre, juste pour voir la mariée. Juste pour savoir si elle n’avait pas fui. Il aurait pu prendre sa place. Harry était sûr qu’avec ses jambes fines et ses cheveux longs, il aurait pu bluffer l’assemblée et être celui qui s’avançait jusqu’à l’autel.

Il retrouva Eleanor dans l’office, en train de crier sur Fraise Tagada qui avait tardé à venir. Ses joues étaient cramoisies et sous ses yeux, son mascara avait légèrement coulé. Elle avait pleuré. Elle semblait à la fois tellement heureuse et agacée de se marier. Comme si ce n’était qu’une formalité, comme si Louis lui appartiendrait de la même manière qu’avant à la fin de cette journée. Ce fût trop pour Harry. Il quitta l’entrée de la pièce, refusant d’assister une minute de plus à la scène. Il retrouva son ancien amant dehors, sur les marches de l’église, à fumer une cigarette. Et quand Harry voulut quitter discrètement la bâtisse, Louis tourna la tête et se trouva nez-à-nez avec Harry dont le souffle avait été coupé.

- Respire, souffla Louis, si près de Harry et pourtant, si loin.

Harry inspira doucement une bouffée d’oxygène et posa délicatement ses fins doigts sur son menton, remontant doucement le long de ses joues, de son nez, de son front. Ce fût à Louis d’avoir le souffle coupé, ne bougeant plus alors que les mains du bouclés continuaient de parcourir son visage.

- C’est bien toi, articula finalement le brun.

Louis hocha la tête et alors qu’il s’apprêtait à dire qu’on l’attendait à l’intérieur, il décida de se taire. Cette journée était suffisamment difficile pour tous les deux, Louis n’avait pas besoin de la rendre plus douloureuse encore.

- Tu restes, pas vrai ? Demanda Louis, le regard suppliant. Tu t’en vas pas ? Tu restes là ?

- Louis…