One shot.

Clean.

C'est spécial, très spécial. Puisqu'il s'agit d'un OS lié à une chanson de Taylor mais plutôt que de faire parler des personnages, cette fois, il est question de moi. De ce qu'il s'est passé dans cette salle de concert et de ce que représente cette chanson depuis ce jour. Ce n'est pas parfait, ce n'est pas quelque chose de profond ou de spectaculaire mais puisque je devais écrire sur cette chanson, je ne pouvais le faire que sous cette condition.

* * *

C'était un jour spécial pour elle, aujourd'hui. Elle se trouvait dans une ville qui l'avait tant fait rêver par le passé. Pas tellement à cause de la réputation qu'avait l'endroit, la consommation légale de drogues ou la musique électronique. Elle, elle pensait au charme d'Amsterdam qu'elle avait découvert en lisant des romans niaisement romantiques, en explorant les petites rues qui longeaient les canaux. Et c'est ce qu'elle avait fait quasiment dès son arrivée. Voir l'autre côté de la ville, loin du Quartier rouge ou de Palais Royal. Elle avait arpenté la ville, tantôt comme une touriste avec ses yeux d'enfants, émerveillés par tout ce qui l'entourait. Tantôt comme la jeune adulte qu'elle était et qui avait peur de ce monde nouveau. Non, ce n'était pas la première fois qu'elle voyageait et encore moins sans ses parents mais cette fois, c'était différent. Tout le monde le savait.

Ce voyage, c'était le premier qu'elle réalisait en solo, avec son sac à dos sur le dos et ses rêves pleins la tête. Elle rêvait d'aventure mais il avait fallu qu'elle attende ses vingt-deux ans pour enfin se réaliser et aller au-delà des frontières. Celles physiques mais surtout celles qu'elle se mettait sans cesse, ces limites qui lui manquaient tant. Mais elle aimait être ici. Elle aimait visiter des musées, manger sur le pouce, attraper un autre tram, se perdre pour finalement se trouver. C'était une sensation nouvelle, un sentiment qu'elle n'avait jamais ressenti auparavant. L'étrange satisfaction d'être une adulte libre et la peur stupide de perdre son innocence. Son émerveillement devant de simples tulipes lui rappela que cette peur restait irrationnelle. Il y aurait d'autres voyages, d'autres rencontres, elle continuera de grandir mais jamais elle n'oubliera cette partie d'elle-même qui lui tenait tellement à cœur. Elle était comme ça, cette jeune rouquine. Toujours à se questionner, toujours à imaginer le pire car le meilleur était si fragile qu'elle ne savait pas si elle avait le droit d'y goûter un moment.

C'était un jour spécial, aujourd'hui. Elle avait mis une tenue adaptée et avait quitté son hôtel avec une heure d'avance. Elle avait entendu sa langue natale, vu se mélanger différentes cultures mais elle, elle était restée dans son coin, bien rangée, à regarder les gens autour d'elle. Des jeunes de son âge, des fillettes accompagnées de leurs parents, des ados qui reprenaient des chansons de sa chanteuse préférée, d'autres qui s'étaient déguisées en praline. Elle, elle n'aimait pas porter de masque alors, elle s'était contentée d'un pull épais pour lutter contre ce froid humide auquel elle n'était pas habituée. Et intérieurement, elle pestait contre elle-même car « Merde, elle n'était pas foutue de se trouver un k-way dans cette ville au temps incertain ».

Et finalement, les portes ce sont ouvertes. Les gens se sont précipités vers l'entrée alors qu'elle, elle attendait son tour, l'impatience montant un peu plus. Elle avait trop peu dormi la nuit dernière, essayant de trouver le sommeil dans le car qui la conduisait dans une ville qui lui révélait peu à peu ses merveilles et ses secrets bien cachés. Et puis, la journée avait été longue. Trop. Et elle ne prenait pas pleinement conscience de l'importance de ce concert.

Elle l'avait attendu depuis si longtemps... Sept ans, au total qu'elle la connaissait. Elle l'avait connu grâce à l'une de ses aventures avec un certain chanteur qu'elle adorait. Et puis, elle l'avait aimé tout de suite pour ces textes un peu simples mais qui lui donnaient une telle énergie... Elle n'avait que quinze ans à l'époque et la mélodie de Fifteen avait raisonné dans sa tête alors qu'elle s'avançait dans la salle, le cœur battant.

Elle trouva rapidement sa place et tout son être trembla. Ca y est, elle y était, avec son pull en souvenir du concert entre ses mains. Elle n'avait jamais aimé s'encombrer de souvenirs en tout genre, jugeant sa place de concert et ses souvenirs suffisant, mais depuis qu'elle bossait avec des gens dont la mémoire disparaissait, elle avait le besoin de garder quelques photos sous la main. Pour se souvenir. Pour réaliser aussi, sans doute. Et là, elle avait son pull qu'elle ne quittait plus.

Les lumières s'étaient éteintes et un bonhomme qu'elle ne connaissait que trop bien avait fait son entrée sur scène. Avant qu'il ne salue la scène et qu'une blonde prenne sa place sur scène. Pourtant, malgré l'émotion de la voir, malgré les larmes sur ses joues et les lumières tout autour d'elle, ce n'était pas à ce moment-là que la rousse avait été la plus touchée. Ca arriva plus tard, quand l'artiste se trouva face à son piano, son cœur mis à nu.

« You are not your mistakes, you are not damaged goods or money from your failed explorations. You are not the opinion of someone who doesn't know you.

You are a product of the lessons that you've learned, you are wiser because you went through something terrible and you are the person who survived a bunch of rainstorms and kept walking.

I now believe that pain makes you stronger and now I believe that walking through a lot of rainstorms gets you... Clean. »

Cette chanson, elle la connaissait. Vaguement. Parce qu'elle l'avait adoré au début, quand elle ne comprenait pas le tournant pop de la chanteuse. Et puis, cette chanson était devenue le défaut de l'album pour elle. Elle ne s'y était plus intéressée jusqu'au discours de la chanteuse, émue de voir son public si réceptif alors que c'était la première fois qu'elle venait à Amsterdam. La rouquine fût émue. Peut-être parce qu'elle réalisait que celle qu'elle idolâtrait se trouvait devant elle ou peut-être parce que cette chanson lui parlait plus que jamais. Parce que huit mois plus tôt, elle avait dû renoncer à sa meilleure amie et qu'après une longue période de cahos, elle avait l'impression de remonter la pente. Enfin. Grâce à ce voyage, ce concert, cette chanson, qui lui rappelait qu'elle n'était pas seulement une succession d'erreurs et que si sa vie était essentiellement composée de pertes, il y avait aussi eu ces rencontres. Ces autres qui comptent tout autant et qui pouvaient faire la différence.

Et c'est peut-être dans cette salle de concert, un 21 Juin, qu'elle reprit confiance en la vie.