Invisible ; Ali, Daniel & Cienna.

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  • Dedicated to Lya.
                                    

Je l’avais tout de suite remarqué. A l’instant où il était entré dans le bus, je l’avais vu avec son jeans troué aux genoux et sa chemise à carreaux. C’était la mode à cette époque je crois ou alors, il en avait créé une nouvelle au lycée car dès le lendemain, tout le monde portait la même tenue en essayant d’adopter un look cool qui ne lui allait qu’à lui. Lui par contre, il ne me voyait pas. Il ne voyait pas mes joues virer au rouge à chaque fois qu’il entrait dans la pièce, il ne devinait pas que mon cœur s’emballait et que je devais retenir mon souffle un sacré bout de temps car mes amies finissaient par s’inquiéter et me demandaient de respirer. Et bordel, c’était tellement dur de reprendre mon souffle quand il se trouvait devant moi. Le pire, c’est que je le retrouvais de partout. A la cafétéria, dans les couloirs et même dans le bus qu’on prenait ensemble depuis un an et demi. Durant tout ce temps, on pourrait croire qu’on s’était déjà parlé, ne serait-ce que pour se dire bonjour mais Daniel, il gardait toujours son casque sur oreilles, à écouter du rock trop fort pour que ses tympans le supportent. Et surtout, Daniel regardait toujours cette fille, Cienna, qui prenait le bus avec nous. Cienna et ses grands yeux bleus, identiques à ceux de Daniel. Cienna et ses taches de rousseurs soufflées sur ses joues, comme Daniel. On pourrait croire qu’ils étaient frères et sœurs si Cienna n’avait pas ce teint halé alors que celui de Daniel était blanc, presque livide. Je le trouvais tellement beau avec sa barbe de trois jours et ses cheveux bouclés qu’il ne savait plus comment coiffer. L’an dernier, il avait bien tenté de le lisser mais le résultat avait été pire. J’avais entendu ses amis se moquer de lui et moi aussi, j’avais ri dans mon tee-shirt « I love rainbows ». Il était vraiment hideux avec cette coupe de cheveux mais cela n’avait pas suffi à arrêter mon cœur de s’emballer en sa présence. Tout comme je devinais que le sien devait s’emballer quand il se trouvait près de Cienna.

Aujourd’hui pourtant, ce n’est pas elle qu’il retrouva dans le bus. Je pris la dernière banquette du bus et je vis Daniel hésiter un instant. C’était la première fois qu’il posait son regard sur moi et pourtant, il ne me vit pas. Il continua de ne pas me voir alors que mon cœur se brisait un peu plus, en sa présence.

- Je peux m’asseoir là ? Il m’a demandé.

Je n’avais jamais fait attention à sa voix jusqu’à présent. Je me l’étais imaginé de nombreuses fois mais elle était plus grave que dans mes rêves. Il aurait pu devenir chanteur dans un groupe de rock sans problème. Peut-être l’était-il d’ailleurs ? Un jour, j’avais entendu Harry parlé de répétitions avec lui. Je croyais Daniel sportif mais peut-être n’était-il qu’un musicien de plus qui faisait battre mon cœur plus vite que la normale ? Je me sentis rougir à sa question et je me contentai de hocher la tête, adoptant un air détaché qui m’était difficile de contrôler.

- Merci, c’est sympa, il m’avait répondu en s’asseyant.

Et son odeur m’avait frappé de plein fouet. C’était une odeur douce et plutôt délicate, mêlant la senteur de son parfum et les arômes de nourriture.  Je savais que sa mère tenait une boulangerie sur la 4ème et j’étais presque certaine qu’il allait la voir avant de commencer les cours. Mon sourire s’élargit et je notai mentalement le mot « bienveillant » sur la liste de ses qualités. Possédait-il au moins un seul défaut ?

J’eus ma réponse un peu plus tard, quand le bus s’arrêta devant le lycée et que je le vis se précipiter vers la sortie pour rattraper Cienna. Elle était son seul défaut. J’étais invisible à ses yeux tout comme lui l’était aux yeux de cette fille. Elle avait un copain depuis trois mois maintenant et ils étaient vraiment beaux ensemble. Lorsque je les voyais ensemble, dans les couloirs, l’évidence s’imposait à tous les lycéens. Ils étaient le couple idéal, au même titre qu’Angelina Jolie et Brad Pitt. Mais Daniel, il continuait de s’accrocher à elle. Et moi, c’est à lui que je m’accrochais tout en sachant que nos cœurs seraient éternellement épris de la mauvaise personne.

One shot.Where stories live. Discover now