One shot.

Last Kiss ; Louis & Harry.

Ca leur faisait si mal. De partout. Aux jambes, surtout. Et puis, au cœur aussi. Parce qu’ils dansaient depuis près d’une heure sur cet air qu’ils connaissaient si bien et qui avait rythmé leur histoire. Louis et Harry refusaient de s’arrêter de danser. Ils voulaient que ce moment dure éternellement alors, ils taisaient les crampes dans leur cuisse et les ampoules dans leurs chaussures trop étroites. Ils se contentaient de se balancer de gauche à droite, en rythme avec la voix féminine qui parlait d’amour. Du seul, du grand, de l’unique. Les deux hommes pensaient l’avoir trouvé en se rencontrant et les voilà qu’ils entamaient pour la vingt-troisième fois leur « dernière danse ».

Harry sentit la main de Louis glisser dans son dos alors que lui s’accrochait désespérément à la veste de costume de son petit-ami. Boom. Ils étaient tombés amoureux dès l’instant où ils s’étaient rencontrés, ne comprenant pas vraiment ce qui leur arrivait. Ca leur était tombé dessus. Juste comme ça. Louis avait relevé la tête et Harry se trouvait devant lui, soufflant un « Bonjour » à peine audible, tout contre ses lèvres. Il avait senti son souffle chaud sur ses lèvres et Louis s’était demandé si sa langue avait elle aussi un goût de menthe. Il aurait voulu le savoir, lui demander l’autorisation à sa bouche mais un autre type s’était pointé. Grand, fort, avec une main tendre posée sur la hanche du bouclé. « Il n’est pas libre » avait pensé Louis sans savoir que Harry l’attendait depuis tout ce temps. Il avait attendu dix-huit ans avant de rencontrer et il passa deux années supplémentaires à trainer autour des bars, à écumer sa vie jusqu’à ce que Louis se mette à faire attention à lui. Et maintenant, après huit mois d’amour, ils se trouvaient dans la salle allouée par un couple d’amis qui se mariait, à danser comme si leur vie en dépendait. Et c’était le cas, d’une certaine manière.

Louis s’apprêta à se détacher de son amant lorsque la chanson prit fin mais Harry resserra sa prise autour de ses hanches. Il ne voulait pas le quitter. Pas encore. Pas tout de suite. Pas maintenant. Jamais, si possible. Il n’était pas encore prêt mais le serait-il, un jour ?

- Harry… Lâcha Louis, dans un soupir.

- Je sais. Attend encore un peu.

Les larmes montèrent aux yeux de Louis. Plus la chanson se répétait, plus il avait l’impression que son cœur volait en éclats. Il était déjà difficile pour lui de le quitter mais Harry n’arrangerait rien. Il continuait de se coller au corps de son amoureux, de toujours plus se coller à lui. Il était le plus grand des deux, il survolait Louis d’une tête mais leur différence de taille ne se voyait pas. Le corps de Harry était vouté de façon à ce que ce soit Louis qui les porte tous les deux durant leur danse. Une danse qui ne s’arrêtait pas. La dernière danse avant un dernier baiser. La fin de leur histoire.

- Tu m’aimes, hein ? Demanda Harry, la voix étranglée par ses sanglots.

Louis soupira bruyamment et cessa soudainement de danser. Il s’empara du visage de son amant et le força à le regarder dans les yeux.

- N’arrête pas de danser, murmura Harry. Je t’en supplie…

- On ne pourra pas danser toute notre vie, Harry.

- Je ne suis pas prêt à vivre sans toi… C’est vrai, je sais même pas faire une machine. Et j’ai jamais appris à me servir de la cafetière. Tu disais que tu serais toujours là pour moi et là… Reste. S’il te plait.

Et Harry repensa au jour où il avait dit à Louis qu’il l’aimait. Il avait si peur. Pas tellement d’être rejeté mais plutôt que ses sentiments soient réciproques. L’amour, ça l’avait toujours effrayé, surtout depuis que ses parents avaient divorcé et qu’il s’était retrouvé partagé entre l’amour débordant de sa mère et l’absence répétée de son père. Harry avait toujours fuit l’amour, et fuit Louis quelque part. Jusqu’à cette fameuse nuit, aux alentours de deux heures du matin. Il revoyait encore le visage endormi de Louis et ses lèvres qui souriaient. Il avait posé ses lèvres sur les siennes et Louis avait souri d’avantage. Il avait entrouvert un œil et c’était lui qui l’avait dit le premier. Je t’aime. Et le cœur de Harry s’était emballé.

Maintenant, Harry se demandait quand était la dernière fois qu’il lui avait dit et il se mit en pleurer parce qu’il ne s’en souvenait pas. Il était incapable de se souvenir de ce dernier « Je t’aime » de Louis parce que le jour où il lui avait dit, il était loin de se douter que c’était le dernier. Tout comme il ne se souvenait pas de la dernière fois qu’ils avaient fait l’amour. La dernière fois qu’il l’avait regardé dormir paisiblement. La dernière fois qu’ils avaient été heureux ensemble. Harry n’en gardait aucun souvenir. Il avait toujours détesté les commencements et il avait mis trois semaines avant de remémorer ses premières fois avec Louis et jamais il ne se souviendrait de ces fois qui avaient été les dernières. Hormis cette danse qu’il partageait avec Louis jusqu’à ce que ce dernier la stoppe.

- Il y a encore la notice de la cafetière dans le carton, répondit Louis, le cœur lourd.

- Et pour le reste ?

- Tu vas t’en sortir, Harry.

Et si jamais il avait tort ? Et si Harry restait à jamais ce garçon bloqué dans une salle vide, à danser avec Louis alors que dehors, la vie continuait ? Et si en sortant d’ici, il passait le reste de son existence à essayer de se remémorer ? Cette dernière danse, ce dernier baiser que Louis lui vola. Harry essaya de coller son corps contre celui de son amant mais il ne pouvait pas être plus près encore. Il aurait aimé pourtant. Il voulait ne faire qu’un avec Louis. Ne jamais pouvoir être séparé de celui qu’il aimait. Harry se voyait déjà assit sur le sol de leur appartement, à pleurer sur de vieilles photos, le tee-shirt préféré de Louis sur le dos.

- J’ai besoin d’avancer, dit Louis avant de se détacher de Harry.

Le châtain fit volte-face et garda la main de Harry dans la sienne encore un instant, jusqu’à ce que la distance entre eux se fasse trop grande et qu’il doive la lâcher. Louis lança un dernier regard à Harry, désolé, et poursuivit son chemin jusqu’à la sortie de la pièce.  Et Harry resta là, avec son costume froissé et sa cravate défaite, à regarder l’amour quitter sa vie. Il tendit la main, espérant que les doigts de Louis s’accrocheraient aux siens, comme avant. Mais Louis ne revint pas. Et la musique continua de jouer dans la pièce, rappelant à Harry qu’il était seul désormais. Avec son dernier baiser qui était déjà en train de s’effacer sur ses lèvres.