The Ruler Game - T2 (EN PAUSE)

👑 CHAPITRE 16 👑

Personne ne fut capable de tirer la moindre identité de mon agresseur, mais tous ceux ayant vu le corps avaient sans doute une tonne de questions à l'esprit et il y a de fortes chances pour que ces dernières demeurent sans réponse. La technologie de pointe dont s'était servie Ivory me fit absolument tout remettre en question. Depuis quand disposait-elle de telles ressources ? Etait-ce la première fois qu'elle s'en servait ? Comment avait-elle eu accès à ça ? Par qui ? Et puis il y avait cette énigme qui demeurait autour de l'assassin de la Reine qui avait probablement disparu depuis le temps et les preuves de mon innocence certaine avec. Je ne serais pas accusée sur la base d'une vidéo dont on sélectionnera quelques informations de peur que la conversation entière provoque la panique dû aux propos de la Reine et aux traitements que j'ai subi, néanmoins, cette simple ombre que l'on vient de me jeter dessus suffit à faire tomber tout ce que j'ai construis ces dernières semaines. Les efforts que j'ai fais. La peine que je me suis donnée. Tout pour gagner des «likes» et l'intérêt du peuple vient de partir en poussière. Personne ne donnera de crédibilité à une présumée meurtrière ni même aucun intérêt d'ailleurs. Je suis donc coincée dans une situation qui me ramène à la case départ.

Sans compter que la conversation de la veille tourne en boucle encore et encore dans mon esprit. Chaque mot jouait et dansait avec mon imagination tandis que je n'avais qu'une envie : Me rendre à Eldford pour en finir une bonne fois pour toute. Mais l'heure n'est pas au plan à demi certain, l'heure est au recueillement. Au petit matin, le Roi et quelques gardes ont quittés Celestia dans un cortège funéraire venu récupérer la dépouille de la Reine. Ce matin, le Royaume de Nettivia est en deuil et pleure la triste et soudaine disparition de leur Reine bien aimée brutalement assassinée.

N'étant ps convié aux festivités, je suis restée sous la surveillance d'un petit groupe dépêché sur place, campant à tour de rôle devant ma porte, l'ouvrant de temps en temps pour savoir si j'étais toujours bien dedans et gardant un œil bien attentif à chacun de mes mouvements.

Soudain, on toque à ma fenêtre et se présente la silhouette toute rouge de Valerian se tenant fermement à ce qui semblait être une poutre extérieure. Je lui ouvris et l'aida à entrer avant de refermer discrètement la fenêtre.

- Je ne savais pas que l'escalade était l'un de tes points forts, sourié-je en le voyant s'étirer tel un chat resté trop longtemps en boule.

- Une idée de Kaïen. Ce petit à une imagination débordante en ce qui concerne les pires scénarios possibles, c'est incroyable, mais ne perdons pas de temps. J'ai besoin de savoir tout ce qu'il s'est passé Magdalena. Depuis notre séparation jusqu'à ce sosie effrayant du Duc gisant dans ta chambre. Parle-moi.

Alors on s'est assis tous deux l'un à côté de l'autre sur le rebord de mon lit et je lui ai raconté. Absolument tout. Tout ce que Valerian avait besoin de savoir pour comprendre, non pas le déroulé des événements de la soirée et de la nuit passée, mais la photo dans son ensemble. Je lui ai raconté en pensant que ça me soulagerait. Mais je me rends compte que ce n'est nullement le cas. Au lieu de ça, j'ai la haine plus que jamais en me rendant compte que finalement, jouer dans les règles n'a rien apporté de bon.

- Crois-moi, je comprends ton ressenti, mais tu ne peux pas te lancer tête baissée. A présent, tu as besoin d'un plan. Tu as besoin de contre-attaquer avec intelligence et brio. Je partage tes inquiétudes concernant la situation à Eldford, mais pour l'instant, ce n'est pas notre priorité.

- Je sais, mais... Toutes ces choses qu'elle a dû lui faire. Toutes ces horreurs qu'il est le seul à subir... ça me mets tellement hors de moi !

- Regarde-moi, me dit-il alors en prenant mes mains dans les siennes, Ne les laisse pas t'atteindre, tu m'entends ? Ne les laisse pas gagner en te faisant déraper. Et bien que cela soit dur à entendre : Le Duc y est allé en son âme et conscience. Fais-lui confiance.

Une larme s'empara de ma joue tandis que ses mots me reviennent en tête :

«Ça va aller. Je vous promets qu'il ne m'arrivera rien et que je reviendrais entier. Ce n'est qu'un échange, pas une condamnation à mort. Je ne pars pas définitivement et vous ne risquez pas de me perdre. Je vous ai promis Magdalena de mettre mon être tout entier à votre service et je compte bel et bien respecter cette promesse. Alors ayez foi en moi. Croyez en moi car cela serait une pensée bien rassurante pour moi.»

Comment faire autrement ? Comment pourrais-je ne pas croire en lui alors que les dernières paroles échangées sont pratiquement une supplique ? Ai-je le choix ? Il faut croire que non. Je pourrais l'avoir néanmoins si je me l'octroyais, mais serais-je résolue à y aller, à défier Ivory maintenant sans aucune préparation ? Sans rien ? Pourrais-je mettre tout de côté ici et prendre ce risque ? Ai-je ce courage en moi ?

- Aussi cruel que cela puisse paraître, une Reine sacrifie parfois des sujets dans ses quêtes et c'est justement en sacrifiant un petit nombre et en protégeant le plus grand que l'on sait où est le cœur du souverain. Ainsi est faite la vie Magdalena : De choix éprouvants et horribles et de conséquences dévastatrices. Mais nous le savions tous les deux. A l'instant où nous nous sommes engagés à tes côtés, nous savions que nous ferions tout ce qui est en notre pouvoir pour nous assurer et ta survie et ta réussite, peu importe ton but. Nous avons que trop grandis dans une monarchie infernale et décadente, toi seule peut changer cela parce que tu en as, non pas le pouvoir, mais la volonté. Tu es à mi-chemin, n'abandonne pas maintenant. Ne te déconcentre pas maintenant.

J'ai envie pourtant. J'ai envie de craquer, d'hurler, d'abandonner, d'arrêter. J'ai envie que ça s'arrête. Je suis épuisée.

- Je sais que c'est dur et ce n'est probablement pas ce à quoi tu t'attendais, mais ce genre de guerre, numérique presque irréel, est d'autant plus crevante que tu es seule à te battre contre une majorité ayant le cerveau lavé par la vision d'une seule et même institution. Il est extrêmement difficile de se positionner autrement qu'en grande méchante de l'histoire quand tout le monde sur les réseaux est contre vous et croit fermement que vous êtes un monstre. Mais que veux-tu ? L'être humain est un idiot s'il ne change pas d'avis après avoir vu tout ce dont toi, Magdalena, tu es capable de faire, d'accomplir et d'abattre à bout de tes petits bras seulement.

- Et si je n'y arrive pas ? Qu'est-ce qu'il se passera si je n'y arrive pas ? soufflé-je en reniflant

- Alors on s'enfuira car il sera trop tard. Mais tu l'as dit toi-même, il me semble : L'échec n'est pas une option ?

Il quitte le lit en m'embrassant sur le front avant de se diriger une nouvelle fois vers la fenêtre, vérifiant que la patrouille prends son tour de garde de l'autre côté du château.

- D'ailleurs, si ça peut te rassurer, Nora, Kaïen et moi travaillons sur quelque chose qui devrait te plaire ! Dis-toi que si ça fonctionne, cela sera mieux que Noël. Ah, j'ai failli oublier ! Réflexe ! me dit-il en me jetant un téléphone dans les mains que je rattrape de justesse.

Enjambant, il disparaît alors qu'un léger sourire amusé par sa démarche dandinente m'échappe.

Je cache le précieux objet sous mon oreiller, tournant le dos au garde ouvrant la porte de ma chambre comme à son habitude toutes les demi heures. De là où il se trouve, je suis presque certaine qu'il pense que je dors. Chose que j'aurai aimé faire la nuit passée si je n'avais pas été dérangée par je ne sais quel fêlé.

L'heure du procès approche et je mentirais si je me disais prête. Néanmoins, je refuse d'être jugée sans avoir pu énoncer haut et fort ma version des faits. Ce que Valerian sait, il est peut-être temps que le Royaume le sache aussi. Si nous devons entrer dans une grande chasse aux sorcières, autant commencer par le premier démon de ce pays.

Ivory.