Il faut savoir se rendre à l'évidence : Je suis coincée. Un pas vers la gauche me conduirait dans les mains des hommes d'Ivory et un pas vers la droite me ramènerait dans les bras de ses invités ne voyant en moi qu'une friandise de plus sur le marché de la luxure. Je ne peux donc rien faire de plus. Rien faire d'autre. J'étais venue jusqu'ici en pensant que quoi qui se présenterait à moi, quoi que décide Ivory, je saurais y faire face même en ayant la peur au ventre. Car c'était le cas, j'étais terrifiée. Terrifiée à l'idée de lui faire face. Terrifiée à l'idée d'être incapable de revoir Owen. Terrifiée à l'idée du sort qu'elle pourrait me réserver. J'avais profondément peur et je ne savais pas quoi faire ni même comment le faire alors je m'accroche. Je m'accroche à cette façade extérieure comme si ma vie en dépendait car c'était véritablement le cas. Ma vie dépendait de cette façade et si je venais à lâcher prise, je chuterais indéniablement et je ne tiens pas à finir au sol les jambes brisées et avec le goût de l'échec en bouche en plus des larmes de colère qui roulent sur mes joues mais qui sèchent au fur et à mesure de mon temps passé ici.
- Rendez-vous à l'évidence Princesse, vous êtes bloquée. Revenez vers nous et aucun mal ne vous sera fait.
- Je serais curieuse de connaître votre définition de «mal» tout à fait entre nous.
J'ai envie de blaguer. De dire n'importe quoi, même si cela est ridicule car j'ai l'impression qu'il ne me reste qu'un brin de conscience. Pendant des jours, je me suis efforcée de jouer selon les règles, de réfléchir, de lutter et de me débattre, mais c'est à peine si j'ai réussi à progresser. Rien ne s'est réglé pour un sou et la mort de la Reine continue malgré tout à me tarauder l'esprit.
- Nous avons pour ordre de...
Je n'entends pas le reste de la phrase car alors que je m'apprêtais à faire certainement la chose la plus stupide de ma vie, voilà que l'image des gardes m'attendant à la fenêtre, penchés, disparaît pour ne laisser place qu'à un seul visage me tendant la main.
- Votre Altesse, nous manquons de temps venez par ici ! Alison m'envoie vous dire que...
Au prénom «Alison», je me suis naturellement approchée, attrapant la main tendue tandis que cette dernière m'attire d'un coup sec à l'intérieur de la pièce. Un échange de regard et tant de questions demeurent.
- Vous devez vous hâter. Nous allons nous occuper des hommes de la Princesse Ivory.
- Mais je ne sais pas où...
- Au sous-sol. Il demeure sous le château de vieilles prisons utilisées il y a fort longtemps pendant la guerre. Il est fort à parier que c'est là que se trouve Son Excellence. Prenez ceci, dit-il alors en me tendant une sacoche.
- Qu'est-ce ?
- De quoi vous défendre. Nous n'avons pas de temps à perdre, à l'heure qu'il est il est fort à parier que Son Altesse est bougée également. Rendez-vous en bas et envoyez nous un signal avec ceci, continue-t-il à expédier en me montrant un boîtier, Dès que vous appuierez dessus, nous viendront pour vous. Hâtez-vous ! Nous allons vous ouvrir la voie.
En quelques minutes, le chaos s'installa à travers les murs du château d'Eldford tandis que chaque pas que je fis me rapprocha toujours un peu plus du Duc. A chaque étage, je pouvais croiser les hommes d'Alison me saluant, m'ouvrant un passage pour que je puisse poursuivre ma route, maîtrisant en quelques gestes aussi bien les hommes de ma sœur aînée que ses invités les plus récalcitrants à me laisser passer.
Arrivant dans le donjon indiqué précédemment, une étrange odeur métallique vient me chatouiller les narines. Ici, il n'y a pas un bruit si ce n'est le cliquetis des chaînes et les battements de mon cœur essoufflé.
VOUS LISEZ
The Ruler Game - T2 (EN PAUSE)
Science-FictionAprès avoir été séparée du Duc Owen de Norlia et du Baron Valerian Decloff, Magdalena Boùrbon, huitième princesse du Royaume de Nettivia et participante au jeu télévisé «The Ruler Game» se retrouve dorénavant plus seule que jamais. Les alliés ne son...