The Ruler Game - T2 (EN PAUSE)

👑 CHAPITRE 23 👑

Je ne me rappelle pas vraiment de ma mère. Je ne me rappelle pas de nos jours passés ensemble comme si ces derniers n'avaient jamais existé. Je ne me rappelle pas du son de son rire ou de la splendeur de son sourire. Dans de rares moments de solitude, tout ce que j'ai en tête, tout ce qui me revient se traduit par une silhouette dont je distingue à peine les traits et une phrase : «Fuis, je t'en conjure». Je n'ai hérité de cette femme que deux choses, mon prénom et une phrase qui ne me revient que trop rarement et dont j'ignore encore le contexte. Pourquoi m'avait-elle dit cela ? Quand me l'avait-elle dit ? Je ne m'en souviens plus. Je ne sais plus ce que je suis censé fuir car je ne l'ai jamais fait. Jamais je n'ai détourné les talons, je n'ai baissé les yeux ou je n'ai fais le gros dos. Toute ma vie durant, je me suis battue. Pour moi. Pour ma survie et maintenant pour le royaume tout entier. Je me bats pour une cause qui me dépasse et dont une part de moi-même n'en a rien à faire. Je me bats pour un royaume qui m'a toujours ignorée, isolée. Je me bats pour montrer à des gens que depuis le tout début, on leur mens. On les manipule. On les aveugle à grands coups d'ondes qu'ils ne sentent même plus arriver. On les gave d'informations et de contenus pour mieux les abattre tels des porcs. Personne ne voit plus les dérives, elles sont entrées dans les mœurs. Personne ne voit plus les dangers, ils sont une part intégrante des vies. Personne ne voit plus les menaces, elles se sont discrètement dissimulées entre deux publications, deux posts.

Au fond, le jeu en vaut-il la chandelle ? Je me pose la question.

- Votre Altesse ? Votre Altesse, est-ce que vous m'entendez ?

- Est-elle réveillée ?

- Elle revient à elle !

Des bruits sourds. Des voix que je ne distingue pas. Que je ne reconnais pas. Des visages penchés au dessus du mien qui peine à revenir tant l'obscurité de mes songes me parait plus séduisante.

Puis, un sourire.

- Salut, souffle une voix de l'autre côté du lit.

- Val..erian...

- Bon retour parmi nous, Princesse.

Mon esprit semble être à des années lumières, complètement embrouillé, lec corps totalement paralysé, incapable de bouger un muscle. Promenant mes yeux fatigués ici et là à travers la pièce, je peine à reconnaître l'endroit et les autres personnes restées à mon chevet. Valerian lui-même a la mine fatiguée, tirée.

- Où est-ce que...l'on est ?

- Chez un ami. Il s'est passé beaucoup de choses, Magdalena et...

- Owen ? Où est Owen ?

Il ne me réponds pas. Au lieu de ça son regard alors porté sur moi me fuit. Il échange avec ce qui semble être Alison avant de se rapprocher de moi.

- Le Duc est...sauf. Tu as réussi.

- Alors pourquoi ...ce visage ? Qu'y-a-t-il ?

Sa grande main se glisse dans la mienne et la serre suffisamment fortement pour que je puisse sentir ce simple contact.

- Magdalena, j'aimerais que tu comprennes que quoi que je m'apprêtes à dire, rien n'est de ta faute, d'accord ? Tu as fais de ton mieux et même plus. Tu es allé là où personne ne t'attendait ou espérait que tu ailles et il y a de fortes chances que...la situation aurait eu être bien pire.

- Tu me fais...peur, réalisé-je tel un réveil soudain en tentant de me redresser.

- Non, ne bouge pas. Cela fait une semaine que tu es endormie et ton corps a besoin de repos...Il a besoin de récupérer.