The Ruler Game - T2 (EN PAUSE)

👑 CHAPITRE 3 👑

Il n'y eut pas de suite entre Ambrose et moi, juste de longs regards échangés sans dire un traître mot. Que pouvions-nous rajouter de plus, nous qui étions visiblement incapable de nous comprendre ? Le temps que nous avions passé ensemble était-il une illusion ? Comment, en l'espace d'un petit mois, avions-nous pu autant dériver l'un de l'autre ? Je me le demande. Sincèrement, je me le demande.

Comment pourrais-je survivre à cette période de l'Echange en ayant ce genre de problématique à l'esprit ?

- Vous semblez préoccupée, Votre Altesse ?

Mes yeux se lèvent vers Nora qui me tends une tasse, le regard soucieux. Tout ce que je peux faire pour elle et tous les autres c'est sourire en affirmant que ça va aller. Parce qu'il faut que ça aille. Puis-je réellement m'octroyer le luxe d'avoir la moindre pensée pour mes relations personnelles quand j'ai tant à faire ?

- Je réfléchissais seulement, répondis-je dans un long soupir. Je réfléchissais à la marche à suivre à compter de maintenant. Tout à fait entre nous, je ne suis pas certaine qu'une simple éloquence suffise à éveiller les consciences. La majorité des gens ont dû très certainement passer à autre chose et je ne peux leur en vouloir : après tout, ce n'est qu'un message envoyé comme un autre. Ils en reçoivent tellement par jour que je ne suis même pas certaine qu'ils fassent dorénavant la distinction.

- Vous ne devriez pas être si pessimiste. Je suis certaine que votre discours a su au moins interpeller quelques personnes. Peut-être pas tous, c'est vrai, mais ne faut-il pas commencer par mettre un pied devant l'autre avant d'apprendre à courir ?

Je suis brusquement surprise par la sagesse dont fait preuve Nora. Elle comme plusieurs autres jeunes du village sont venus en renfort au château et je n'ai même pas pris un instant pour apprendre à les connaître plus au profondeur. Je connais leurs visages tout au plus. Au final, j'agis de l'exacte même façon dont agissaient mes aînés. Valerian m'a fait comprendre qu'avoir des domestiques était une sorte d'honneur, mais je n'ai pas envie de le voir comme ça.

- Je vois que le château a presque retrouvé son visage d'antan, ça fait plaisir, repris-je alors en essayant de me divertir avec un autre sujet de conversation.

- Oh ! C'est probablement dû à Kaïen.

- Kaïen ?

Me voilà bien honteuse. Je ne sais pas de qui il s'agit. Moi qui ait toujours eu tendance à me méfier d'absolument tout et tout le monde, voilà que j'ai accueilli sous ce toit de parfaits inconnus et je m'en suis accommodé. Honte sur moi. Obtenant alors plus d'informations de la part de Nora, j'appris en quelques phrases échangées que Kaïen était un jeune homme de mon âge, peut-être même un peu plus vieux, habile de ses mains. Au village, les plus anciens le surnomme «Le docteur» car il saurait apparemment tout réparer. Une étrange qualité. Curieuse de rencontrer un tel personnage, je demande à quelques uns où je peux trouver, à cette heure de la matinée, le dénommé «Docteur» et on m'indique l'arrière du bâtiment.

Pendant un court instant, je m'arrête au beau milieu d'un couloir, cherchant Ambrose du regard. Il n'est visiblement pas dans les parages et je doute qu'après les événements de la veille, ce dernier ait une quelconque envie de me voir. Je ne dirais pas que c'est réciproque, mais j'ai suffisamment de matière à faire pour avoir la migraine qu'il est inutile de me rajouter une pression de lui. Parfois, il semble me comprendre mieux que quiconque et d'autre fois, ses intentions me perdent. Je ne le comprends pas ou plus. Non, la vérité est que je ne l'ai jamais réellement compris. Il avait raison à ce propos-là : Je n'ai jamais vraiment pris le temps pour lui. Au Palais, sa présence à mes côtés semblait couler de source comme si cela était naturel. J'ai pris certaines choses pour acquises en pensant qu'elles seraient toujours là or je m'aperçois cruellement que le peu de ces choses m'ont été enlevées : Ambrose le premier.