The Ruler Game - T2 (EN PAUSE)

👑 CHAPITRE 12 👑

- Dis-moi, qui vois-tu dans le miroir ? Penses-tu que cela soit ton reflet ou crois-tu qu'il s'agisse là d'un énième mensonge ?

De la poudre aux yeux. Voilà ce que c'était. J'ai été drapé d'un tissu dont le contact ressemblait à si méprendre à de la soi. Mes cheveux roux, habituellement dansant tels de petites flammes s'étaient retrouvés matés et maintenus par un nombre incalculable d'épingle. Mon visage avait été recouvert de poudres et de couleurs assortis aussi bien à ma robe qu'aux pierres de la couronne trônant sur ma tête. Mes bras étaient parés de bijoux si chers qu'un seul d'entre eux aurait probablement suffit à nourrir le village plus bas pendant près d'une année.

- Dis-moi, qui vois-tu dans le miroir ?

Un mensonge. Un rôle. Une petite fille déguisée. Une petite fille dont la muselière était faite de diamants et de pierres serties.

Ne se présentait sous mes yeux qu'un bien triste reflet d'une réalité écœurante et pendant un instant, j'eus oublié que cette réalité a failli être la mienne mais même durant mes quinze années...même pendant ces quinze années passées, jamais encore je n'avais eu sur moi tant de trésors. Ivory et Isidora étaient les princesses à qui ce genre de tenues allaient. Elles étaient les princesses du Royaume et moi, je n'étais que la bâtarde qui finissait ses journées par être traînée dans la boue et dont le statut ne conférait rien de plus qu'un éclairage supplémentaire. Elles étaient les princesses... et ce soir, exceptionnellement, j'en suis une. Ce soir, je suis habillée, maquillée, ordonnée et attendue pour agir en ma qualité de princesse. Ce soir, le Roi m'a habillée. Pensait-il peut-être que mon image d'exclue allait être une nouvelle fois la tâche venant salir son nom ? Ainsi vais-je apparaître à l'écran dans cette tenue. Dans une robe que je déteste, portant des bijoux que je désire m'arracher plus que tout des bras, des oreilles, du cou ou bien même de la tête. On s'attend à ce que la soirée soit calme et qu'il n'y ait pas de vagues. Pas de vagues. Cette simple image me rappelle alors les mots de Robin.

- Dis-moi, qui vois-tu dans le miroir ?

Probablement celle que je suis appelée à devenir, mais certainement celle que je ne serais jamais. Je ne suis déjà pas cette princesse là.

Alors quant à savoir ce que je vois ce soir dans le miroir, je ne répondrais qu'une chose : La fin.

La fin de toutes ces choses, de cette société de privilèges, de cette omniprésence technologique dans nos vies, vies desquelles il est grand temps de reprendre le contrôle en disant «ça suffit maintenant».

Mais bien sûr, pour réussir cela, il faudrait maintenir l'illusion quasi parfaite jusqu'au bout et ça, c'est quelque chose qui, à présent, ne dépend plus que de moi.

Sortant de ma chambre, escortée par Nora, je remarque d'un oeil agacé que les drones ont envahis l'intérieur même de nos murs. Rien que leur présence à l'extérieur était déplaisante à souhait, mais là c'est le toupet. Néanmoins, je ne peux rien n'y faire. Je présume que je dois juste m'en accommoder en me disant qu'avec un peu de chance, ces choses si dérangeantes finiront par me servir. Il faut que je sois plus intelligente que ça, je ne peux définitivement pas me laisser aller à mes émotions et m'y abandonner.

Regarde-t-il présentement ? A-t-il vu la scène précédemment ? Se doute-t-il que tout a été monté avec brio ? Que pense-t-il de moi actuellement ? Est-il là, à me manquer comme il me manque ? Je me le demande. Je me demande ce qu'il fait et comment il va. L'inquiétude me gagne à chaque fois que j'y pense et plus je passerais de temps ici, plus j'en perdrais pour lui. Il faut que j'aille le chercher, le récupérer. Au plus vite car une part de moi ne peut s'empêcher d'avoir cette drôle d'impression concernant Ivory.