Des heures. C'est ce qui me semblait être passé et pourtant, il fait toujours aussi nuit. Le château s'est endormie sauf pour quelques rares exceptions. Le silence, lui, est quasi inexistant tant il est entrecoupé de «bips» et autres bruits si singuliers. Ma main tenant la sienne inerte, s'y accroche comme dans une supplique silencieuse et mes yeux peinent à se défaire des siens clos. Il est allongé et ses traits ne trahissent en rien la beauté qui est la sienne. Il a toujours eu ce côté bel homme, jouant de ses charmes auprès de ces dames, une attitude provocatrice ayant une répartie qui a toujours su me faire sourire. M'amuser. Je n'avais pas encore rencontré quelqu'un comme lui. Ayant aussi bien sa prestance, que son allure. Force est de constaté qu'une part de moi l'admirait. Pas seulement pour ce qu'il était en sa qualité de noble titré, mais aussi aussi pour ce qu'il représentait à mes yeux : Une lueur d'espoir.
L'espoir était la seule chose que je n'ai jamais su m'accorder et pourtant, il me l'a apporté. Servie, sur un plateau doré. Sa détermination et sa volonté nous ont tous deux entraînés bien au delà de tout ce que l'on aurait alors pu imaginer. Et aujourd'hui, de notre folie commune, nous en faisons les frais.
- Peut-être n'aurais-je tout compte fait pas dû participer.
Une pensée qui m'échappe, mais qui tombe dans l'oreille d'un endormi probablement à des lieues de notre réalité et quelque part, tant mieux. Je n'ai rien su lui apporter. Je n'ai pas non plus pu lui prouver que j'étais digne de sa confiance ou de ses attentes. Je n'étais qu'une petite fille effrayée et une jeune princesse écervelée et de mes caprices, de mes doutes et de mes appréhensions, le Duc en a payé le prix. J'aurais dû venir à lui plus tôt, j'aurais dû...Non, ce n'est pas la mentalité. La vengeance appelle la colère, la colère appelle le sang et le sang conduit inévitablement à l'erreur. L'erreur, l'échec voilà des mots que je dois apprendre à chasser de mon vocabulaire. Une conduite que je ne peux plus à présent tenir maintenant que j'ai été sortie du jeu.
Aujourd'hui, la guerre est à ma porte et je ne compte pas m'en détourner.
De plus, il y avait quelque chose de terriblement vrai dans ce que m'avait dit Cybele : «C'est fini». En effet. C'est fini. Mais la guerre, elle, ne fait que commencer.
- Un autre jour se lèvera pour nous. Je vous le promets.
Déposant un léger baiser sur son front, je quitte la pièce et me faufile dans le dédale de couloir, cherchant quelle porte correspondait à celle de Valerian. Il nous faut procéder minutieusement, mais également avec précaution et prudence car la trahison est ici monnaie courante.
- Princesse ?
Une voix à moitié endormie, un bâillement m'arrache presque un sursaut tandis que derrière moi se tenait Valerian, les cheveux en bataille et l'oeil fatigué.
- Je pensais que tu étais partie te coucher, me dit-il alors en s'approchant de moi
- J'ai été voir le Duc, confessé-je
- Oh.
«Oh» peut-être que cela est la seule chose qui pourrait traduire ce que je ressens. Connaissant Valerian, il pourrait tout aussi bien me mentir en me disant que ça va aller, qu'Owen s'en sortira et peut-être qu'effectivement, tout ceci sera vrai, du moins c'est tout ce que je peux espérer, mais il y a, quelque part au fond de moi, une part de doute.
- Est-ce que l'on peut parler ? lui demandé-je en secouant ma tête comme pour m'enlever toutes les idées noires que je pourrais avoir sur le sort d'Owen présentement.
- Bien sûr.
Me guidant jusque dans sa chambre, il me propose un fauteuil dans lequel m'asseoir, mais au lieu de ça, je m'approche de la fenêtre, poussant délicatement le rideau de la main afin de regarder la lune à moitié couverte par les nuages.
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The Ruler Game - T2 (EN PAUSE)
Bilim KurguAprès avoir été séparée du Duc Owen de Norlia et du Baron Valerian Decloff, Magdalena Boùrbon, huitième princesse du Royaume de Nettivia et participante au jeu télévisé «The Ruler Game» se retrouve dorénavant plus seule que jamais. Les alliés ne son...