Chapitre 15

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Le retour à Ottawa se passa dans un calme olympien, chacun installé aux antipodes des uns et des autres dans l'avion. Les annonces sur l'environnement défrayaient la chronique et avaient l'air d'être bien reçu par les Canadiens. « Enfin », titraient les journaux. Le visage maussade, Louis Rosanvallon s'était mis au travail de la rédaction du projet de loi. Quand à Justin Trudeau, les traits impassibles, il passa une grande partie du vol au téléphone.

Puis, chacun rentra chez soi.

*****

Les jours qui suivirent furent relativement calmes. Le Premier ministre, qui avait commencé l'année sur des charbons ardents, pouvait se targuer d'avoir un emploi du temps légèrement moins étoffé jusqu'à la fin du mois de janvier.

Le Dîner annuel de la  Tribune de la presse, lors duquel, journalistes et politiciens se réunissent à Gatineau, Québec, venait finir le premier mois de la nouvelle année en beauté. L'événement comprend des discours prononcés par le premier ministre Justin Trudeau et les chefs de partis fédéraux Andrew Scheer, Jagmeet Singh, Elizabeth May, et Martine Ouellet.

La veille de la seconde soirée mondaine de Gaïa, l'Edifice Langevin reçut la visite des enfants du Premier ministre. Noémie Dumont les avait prévenu, au cas où. En fin de matinée, on toqua à la porte du bureau de Bénédicte et Gaïa et une petite tête blonde apparut sur le seuil de la porte.

« Bonjour! », bafouilla-t-il en fixant de ses grands yeux bleus la Française.

« Bonjour », le salua-t-elle poliment. C'était Hadrien, le petit dernier de Sophie Grégoire et de Justin Trudeau. Derrière lui, Ella-Grâce fit son apparition, un large sourire aux lèvres.

« Bonjour Gaïa, bonjour Bénédicte », dit-elle poliment. Puis, la haute silhouette du Premier ministre se détacha dans l'encadrement.

« Bonjour Mesdames, on ne vous dérange pas? Je fais faire le tour du propriétaire aux enfants, c'est la tradition! »

« Non, pas du tout, entrez! », s'exclama Bénédicte en se levant. Hadrien émit quelques pas chaloupés dans la pièce et son rire aigu d'enfant se déversa entre les murs.

Gaïa, auparavant concentrée sur un article, un stylo à la main, se trouva surprise lorsque Ella-Grâce s'avança vers elle. La Française se leva à son tour et se pencha vers elle pour lui tendre une main amicale. Alors que la jeune fille lui serrait la pince de sa petite main chaude, Gaïa sentit que le crayon dans ses cheveux se faisait la malle. Mais il resta suspendu, prisonnier d'une mèche. Les prunelles d'Ella-Grâce s'écarquillèrent et elle tendit son autre main pour toucher le crayon.

« C'est un peu la marque de fabrique de Gaïa », commenta Justin Trudeau qui les rejoignit, un sourire enjôleur sur les lèvres.

Ses yeux bleus se posèrent sur la Française et il lui fit un léger signe de salutation personnelle de la tête. Gaïa lui rendit son sourire et reporta son attention sur la petite qui la contemplait le visage illuminé.

« Tu veux essayer? », demanda la Française. Le hochement vif de la tête d'Ella-Grâce lui montra qu'elle avait vu juste.

Attrapant un autre crayon, Gaïa s'empara délicatement de deux grosses mèches de ses long cheveux châtain clair qu'elle enroula doucement autour du crayon. Puis, elle le planta au milieu des mèches pour faire tenir le tout.

« Et voilà! »

Le rire grave de Justin éclata près d'elle.

« Tu es magnifique ma chérie », dit-il en lui prenant les épaules pour la tourner vers le miroir de la pièce.

L'Etat et toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant