Chapitre 45

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La rancoeur, la honte et l'énervement brûlaient le corps de Gaïa alors que le Premier ministre l'attirait dans un coin discret. Après avoir vérifié qu'ils étaient seuls, il lui lâcha le bras et s'empara délicatement de l'autre.

« Tu n'as pas trop mal? », demanda-t-il, la mine encore crispée.

« Non », marmonna Gaïa qui ne savait plus où se mettre.

« Ce Gallagher devrait plus faire attention à ce qu'il fait, rumina-t-il. Avant de changer de sujet: Qu'est-ce qu'il t'a prit d'aller lui parler? »

« Je voulais savoir pourquoi elle m'avait menti »

« A quoi ça t'amène, Gaïa... Qu'est-ce que ça change...?», souffla Justin, qui semblait subitement harassé.

La jeune femme avança vers lui mais le Premier ministre recula.

« Je... ne sais pas », admit-elle, troublée.

Il la regarda quelques secondes en silence, puis ferma les yeux et soupira.

« Je dois y retourner »

Alors qu'il la dépassait pour s'en aller elle lui retint le bras.

« Justin, s'il te plait, ne t'éloigne pas », murmura-t-elle.

« Je ne sais pas Gaïa. Je ne sais plus si nous deux est une bonne chose. Si au moindre obstacle tu baisses les bras, on y arrivera jamais. Parce que des obstacles, il y en aura d'autre, et à la pelle ». Il lui adressa un dernier regard indescriptible et disparut au tournant du couloir.

La jeune femme dépité par le tournant de la journée rentra directement chez elle. Avant de se coucher, elle se rendit compte que Gallagher l'avait ajouté sur Instagram. Etait-ce un move vers elle? Ou était-ce simplement comme ça? Elle accepta la demande et s'endormit avec difficulté.

Le lendemain, lors de la réunion hebdomadaire avec Noémie Dumont sur les prochains discours du PM, on lui annonça que le sommet de la francophonie avait lieu à Montréal cette année là et qu'il se tenait en fin de semaine prochaine. Le thème retenu de cette année était l'amour. « ironique », pensa Gaïa en mordant son stylo.

« Gaïa, je peux te confier le discours? », demanda Noémie Dumont, ce qui la sortit de ses pensées.

« Euh... oui »

« Epate nous, éblouie nous, je veux de l'amour en mots, en couleurs, en saveur. Fait paraître Justin comme possédé par l'amour », déclama-t-elle en mimant d'être une comédienne.

C'est une blague. Il fallait que ça tombe sur elle.

« Ok pas de problèmes ».

Si problème. Comment allait-elle faire ça?

Penser à ce discours lui mangea tout son temps. La fin de semaine fila et le début de lui suivante aussi. Mais toujours aucun mot n'était sortit de sa page word. Rien, niet, nada. Gaïa commença à paniquer. D'autant plus qu'elle n'avait toujours aucune nouvelle du PM. Et qu'il continuait très clairement de l'éviter. Elle sentait qu'elle le perdait, elle sentait qu'il s'éloignait, qu'il doutait d'elle. Elle, se sentait nulle, démunie, idiote. Très idiote. Comment lui faire comprendre à quel point elle était accro à lui? A quel point elle le voulait?

Puis soudain, une illumination. Et si...? Et si elle le lui écrivait? Après tout, c'était par écrit qu'elle réussissait le mieux à s'exprimer. Et si elle utilisait le discours pour lui transmettre les messages? C'était un coup de poker, risqué, mais vaillant. Gaïa se mit alors à écrire, écrire, écrire. Sûre d'elle, elle se rendit auprès de Noémie Dumont et lui confia son discours.

L'Etat et toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant