Chapitre 23

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Lorsqu'ils rentrèrent au chalet, une grande masse s'écrasa contre elle alors qu'elle venait juste de s'engouffrer dans le hall. Essoufflé, Louis Rosanvallon se recula, étudiant Gaïa de la tête aux pieds.

« Tu vas bien? Tu ne t'ai pas fait mal? Criss tu nous as fait une frayeur!, s'exclama-t-il, les mèches de ses cheveux blonds en pagaille, puis, il baissa le ton. Je voulais venir, mais Justin m'a confié du boulot de dernière minute à faire asap... »

Réprimant un sourire, la jeune femme lui donna une tape sur l'épaule.

« Je vais bien, t'en fait pas. Plus de peur que de mal! ».

Il la couva des yeux, comme si elle avait été un diamant, et posa soudainement ses lèvres sur son front, enlaçant sa nuque. Gaïa, horriblement gênée par le geste aussi intime, aperçut la haute silhouette du Premier ministre tressaillir avant de se détourner de la scène et de balancer son manteau sur une chaise, passablement irrité.

« Bon, on s'y met aujourd'hui ou demain?! », s'exclama-t-il, le ton sibérien.

La voix de Justin Trudeau eut l'effet d'une décharge électrique et Louis se recula soudain de Gaïa, la mine exaspérée.

« Excuse-moi »

Serrant la mâchoire, il se détourna d'elle et rejoignit le grand brun qui s'était installé à la table et brassait l'air en ouvrant et fermant des dossiers à la chaine. Ils se mirent au travail et Gaïa monta se reposer pour le reste de la matinée. Puis, elle mangea en tête à tête avec Joshua.

« Bon, lui dit-il après avoir croqué dans un morceau de pain. Tu peux me remercier ».

« De quoi? », demanda GaÏa, ahurie.

« De t'avoir sauver la peau un nombre incalculable de fois avec Rosanvallon pardi! »

La jeune femme écarquilla les yeux.

« Hein? Mais... »

« Oh j'ai bien vu que t'étais pas intéressée... Enfin par lui je veux dire. Il croqua un nouveau bout de pain. Toi, ta came, c'est plutôt le PM. Le boss des boss ».

Gaïa sentit ses pommette s'enflammer. Même si elle avait voulu mentir, elle n'aurait pas pu. Décidément, elle était bien incapable de masquer ses émotions.

« N'importe quoi », tenta-t-elle tout de même.

Le rire du quarantenaire explosa à côté d'elle.

« Oh, come on! On me la fait pas à moi. Tu crois quoi? Que je suis bigleux?! Oh chérie, sois mignonne. Ça se voit aussi gros qu'un éléphant dans un magasin de vaisselle que vous vous désirez comme des bêtes ».

« Un magasin de p...porcelaine », rectifia-t-elle en s'étouffant avec la mie de son canadien dégoutant. Elle n'arrivait toujours pas à se faire au langage cru des Canadiens.

« J'arrive pas à croire que c'est ça que tu retiens de ce que je viens te dire!, s'égosilla-t-il en plaquant les mains sur la table. Puis, il baissa la voix. Gaïa! Je connais le PM depuis un petit moment maintenant, et je l'ai jamais vu bouffer des yeux quelqu'un comme il te bouffe des yeux toi! Genre le type te mange le visage! Et je parle même pas de ses petits mooves héroïques comme t'apprendre à faire du ski, ou jouer le prince charmant qui te sauve de la méchante montagne... Il est cramé à 249008 kilomètres ».

« Je... non... »

L'idée même que leur relation puisse être grillée aux yeux de tous fit déglutir la jeune femme. Les paumes de ses mains devinrent moites.

« Enfin, pour un regard aguerri comme le mien! Noé y voit que du feu je pense. Mais moi j'ai une question pour toi: vous vous êtes pécho? »

« Joshua! », protesta-t-elle, outrée d'entendre ça à voix haute.

L'Etat et toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant