Chapitre 37

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La grande silhouette de Justin devant elle rassura quelque peu la jeune femme, et le contact de sa paume chaude dans la sienne la réchauffa. Elle pensa qu'il était sa forteresse. Et soudain, le voir ainsi dans la nature, braver la nuit et les hurlements du loup, lui fit découvrir une nouvelle facette de l'homme. Une facette qu'elle n'avait, jusqu'à présent, seulement frôlé de la pensée. Il était un Canadien, un homme des bois, des grands espaces, de la nature mirifique et abondante du pays. Ses épaules robustes, son grand corps, sa chaleur... Soudain, Gaïa n'avait plus peur. Le Premier ministre du Canada veillait sur elle. S'inquiétait pour elle. Il l'avait sauvé de la montagne, maintenant il la sauvait des loups.

Justin grimpa les petits escaliers de la cabane et ouvrit la porte sans rompre le contact avec elle. L'odeur de feu de bois envahit à nouveau les narines de la jeune femme alors qu'il s'éloignait finalement pour rallumer le foyer. Courbé ainsi sur le poêle, les muscles de son dos s'offrirent à la vue de Gaïa qui réprima un frisson. Plantée sur le plancher, près de la porte, elle était tiraillée entre rester ainsi éloignée ou bien se jeter sur lui.

Le feu reparti, Justin déroula sa haute silhouette et se frotta les mains le regard rivé sur la danse des flammes.

« Merci », murmura Gaïa.

Le PM coula un regard énigmatique vers elle. Seule la lumière vacillante du feu et l'éclat de la lune laiteuse à travers la cime des arbres éclairaient la petite maisonnée, donnant une ambiance fantasmagorique à la scène. Et les loups chantaient pour eux.

Ils s'observèrent quelques secondes en silence, se jaugeant, se contemplant, s'étudiant.

« Je n'y arrive pas », lâcha-t-il soudain.

« Quoi? »

L'homme passa une main dans ses cheveux, les ébouriffant un peu plus au passage et détourna le regard.

« Je n'arrive pas à rester loin de toi. C'est... c'est plus fort que moi... j'en suis incapable ». Son ton, dépité, fit sourire la jeune femme.

« Est-ce que c'est grave? »

Il releva ses yeux bleus sur elle.

« Un peu. Mais je crois que je m'en fiche pas mal en fin de compte ».

Ses mots et l'intensité de son regard la firent frissonner.

« Tu ne veux plus mettre de distance entre n... »

« Non », la coupa-t-il dans un souffle.

Le coeur de Gaïa s'était mis à tambouriner contre sa poitrine.

« Tu n'imagines pas la torture que c'est de te voir sans pouvoir te parler, te toucher... reprit-il en s'avançant lentement vers elle. Sans pouvoir te prendre dans mes bras, sentir ton odeur... Sans pouvoir entendre ton rire si... charmant »

La jeune femme retint son souffle alors qu'il n'était plus qu'à quelques longs centimètres d'elle.

« Je crois que je t'ai dans la peau Gaïa. Et je ne peux rien faire contre ça »

Sa voix grave et rauque, presque essoufflée fit jaillir un brasier dans le ventre de la jeune femme. Son souffle se fit saccadé, et l'attirance qu'elle ressentait pour lui atteignait bientôt son paroxysme.

« Est-ce que... est-ce que tu veux bien encore de moi? », bredouilla-t-il.

Gaïa avala le peu de distance qu'il restait entre eux pour s'écraser contre lui et il la ceintura de ses bras, enfouissant son visage dans les cheveux de la jeune femme.

« Oui », souffla-t-elle contre son cou.

La fermeté avec laquelle il l'enlaçait ravit Gaïa qui huma à plein poumons son odeur.

L'Etat et toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant