L'Etat et toi

Chapitre 47

« Tu devrais dormir », chuchota Gaïa à Justin qui l'observait en faisant glisser doucement sa main de la nuque de la jeune femme à la naissance de ses fesses. La nuit était bien avancée, mais ils ne dormaient toujours pas. Le Premier ministre soupira et posa sa joue sur l'oreiller près de Gaïa.

« Je sais. J'aimerais que la nuit soit encore jeune »

« Il y en aura plein d'autre »

« Espérons rapidement »

Justin passa la main sur le flan de Gaïa et la ramena contre lui.

« Endors toi avant moi », murmura-t-il en caressant sa joue.

Apaisée celle-ci ne mit que quelques instants à rejoindre le monde des songes où elle le retrouva. La nuit fila à toute vitesse et déjà le petit matin rappela le Premier ministre au devoir. Il s'arracha du lit en maugréant mollement et lorsqu'il sortit de la douche, ses petits yeux montraient clairement son manque de sommeil. Même le bleu de ses iris semblait particulièrement pâle. Mais ses lèvres souriaient. On aurait dit, malgré ça, qu'il avait rajeunit. C'est la réflexion que ce faisait Gaïa en le regardant s'habiller, juchée sur son lit. La joue dans la main, allongée sur le ventre, les pieds battant l'air, elle ne pouvait détacher ses yeux de cette créature divine, de ce prince charmant si séduisant, même fatigué. Et qui était à elle, désormais. Il s'arrêta dans son nouage de cravate et tourna la tête vers elle, arquant le sourcil.

« Quoi? », s'exclama-t-il.

« Rien... »

« Tu es en train de te rincer l'oeil?! », fit-il mine de s'offusquer.

« Moi?! Jamais »

« C'est ça », rétorqua-t-il en terminant sa besogne. Il enfila sa veste, s'empara de sa mallette avant de sortir de la chambre. Gaïa se releva, stupéfaite. Etait-il parti comme ça? Des pas dans le couloir la rassurèrent. Sa grande silhouette fit irruption dans la pièce.

« J'allais oublié... », dit-il en se dirigeant vers elle. Mais il se pencha sur la table de chevet où il récupéra son téléphone et fit demi-tour aussi rapidement.

« Quoi! », s'exclama-t-elle, outrée.

Sa tête brune repassa dans l'entrebâillement de la porte, un sourire espiègle aux lèvres.

« Est-ce que tu étais en train de me mater oui ou non? », demanda-t-il, amusé.

« OUI! »

La mine satisfaite, il entra à nouveau dans la pièce, comme s'il venait de gagner un débat, et la rejoignit au lit. Elle le fit tomber sur elle et l'embrassa comme une adolescente.

« Non, non ne me tente pas diablesse », grogna-t-il contre ses lèvres. Il la bloqua sous lui, la respiration un peu lourde.

« En tant que Premier ministre du Canada je suis contre la torture et lutterai toujours contre »

« En tant que Premier ministre du Canada, tu ne pourrais pas modifier les lois à ta guise pour rester au lit aujourd'hui? »

Justin éclata d'un rire grave.

« Si seulement »

Puis, il se releva après l'avoir embrassé une dernière fois et passa la main pour lisser son costume.

« Il faut que je repasse chez moi en coup de vent... je te vois toute à l'heure au bureau », lui dit-il avant de disparaitre, cette fois définitivement.

Gaïa traina encore un peu au lit, humant l'odeur du Premier ministre dont l'oreiller était encore imprégné. Peut-être qu'elle était fatiguée, mais le bonheur qui l'animait était divin. Elle gagna l'édifice Langevin bien loin de se rendre compte de la tempête médiatique que l'annonce du divorce allait continuer de déchaîner. Au bureau, tout le monde en parlait.