Chapitre 50

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Le Premier ministre veilla sur Gaïa une grande partie de la nuit malgré ses protestations. La lueur dans ses yeux tantôt dure, tantôt inquiète, la perturba. Les points de suture de la blessure de son front la tiraillaient, la chatouillaient, lui faisaient mal. Le tylénol qu'elle avait avalé avant de dormir n'avait pas longtemps fait effet, mais elle prit sur elle.

Elle se réveilla aux aurores et aperçut, entre ses paupières à moitié collées par le sommeil, la silhouette de Justin adossée au mur. Il scrutait quelque chose qu'elle ne pouvait voir par la fenêtre. La jeune femme remua sous les couvertures et le visage froissé du canadien se tourna vivement vers elle.

« Tu as réussi à dormir? », demanda-t-il d'une voix rauque.

« Et toi? »

Il s'assit près d'elle et déposa une main sur sa joue.

« Mon sommeil m'importe peu, là tout de suite maintenant ».

Son téléphone sonna et il décrocha rapidement après avoir soupiré. Ses traits n'étaient que froideur et sérieux, indice alarmant d'une situation grave imminente. Gaïa se redressa sous son regard sévère et scrupuleux.

« Entendu, finit-il par lâcher avant de raccrocher. J'ai une urgence... », lui dit-il d'une voix morne.

« A propos de? »

« Ne t'en fais pas. Toi tu te reposes, tu ne travailles pas, tu ne t'inquiètes pas », la gronda-t-il doucement. Il scruta scrupuleusement le visage de Gaïa.

« Ça va aller? »

« Oui, je suis plus dure que ça voyons! »

Son ton ironique n'eut pas l'effet escompté et le Premier ministre garda une mine de marbre.

« Chef oui chef », tenta-t-elle une nouvelle fois. Mais il n'y eut pas l'ombre d'un sourire sur ses lèvres. Il se pencha sur elle et embrassa le côté de son front qui n'était pas blessé.

« Je vais les faire payer », dit-il tout bas entre ses dents.

« Que veux-tu la politique déchaine les passions », plaisanta-t-elle, un sourire encourageant sur la bouche.

Il fronça les sourcils avant de se relever. Sa chemise blanche froissée, ses cheveux désordonnés et son visage austère renvoyait une image qui fit frissonner la jeune femme. Justin attrapa sa veste, sa mallette, lui fit promettre de se reposer, lui jeta un dernier coup d'oeil avant de sortir.

Gaïa lui obéit et passa la journée au lit, répondant aux textos de Bénedicte.

« Je me suis douté que tu étais avec lui. Estie d'tabarnak ces maudits criss qui savent pas discuter! Comment ils osent faire des trucs pareil? Eh voyons dont, Justin c'est pas un dictateur là! C'est une démocratie, tout le monde peut discuter calmement. J'ai capoté bin raide quand Josh m'a dit ça », lui avait-elle écrit quand elle lui avait enfin répondu après 10 appels en absence.

Le docteur l'avait arrêté pour la fin de semaine. Le soir-même, Justin lui envoya un message :

« J'ai des choses à régler ce soir, c'est correct si tu restes seule? Tu peux demander à Bénédicte de passer? »

Gaïa lut le message et se sentit dubitative. L'attitude du Premier ministre ne lui disait rien qui vaille. Elle parcourut les articles sur internet et prit le pouls des opinions sur ces nouvelles élections fédérales qui avaient été déclenchées.

« C'est un écran de fumée »

« Trudeau, à la reconquête du Canada »

« Trudeau, à la recherche de nouveaux soutiens »

L'Etat et toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant