L'Etat et toi

Chapitre 28

Le Premier ministre pu se lever et retourner à l'édifice Langevin au bout de deux jours. Bien qu'il n'était pas encore rétabli et que la fièvre le guettait au tournant, il n'avait pas pu se résoudre à rester sous les draps plus longtemps. Au grand regret de Gaïa qui avait apprécié l'avoir près d'elle et s'occuper de lui. Pour une fois qu'ils se retrouvaient seuls sans personne d'autre autour d'eux...

Mais la jeune femme dû revenir à la réalité rapidement. Justin et elle avaient convenu qu'il n'interfèrerait jamais dans l'attribution des discours, et qu'il laissait la décision à Noémie Dumont. Aussi, Gaïa fut ravie d'apprendre qu'elle accompagnerait Justin lors du sommet du G7 à Biarritz qui avait lieu en fin de semaine.

Finalement, elle retournerait assez rapidement en France. Elle ne l'avait pas vu venir. Bénédicte et Thibaut lui jetèrent des regards noirs lorsque Noémie Dumont lui apprit la nouvelle.

« Nan mais toi alors, t'as vraiment le cul bordé de nouilles », siffla Béné.

« La prochaine ce sera toi »

« Tss. Déjà tu chope le PM et après tu pars en voyage de noce avec lui sur la côte Basque en France »

« La jalousie t'enlaidie ma pauvre »

Béné écarquilla les yeux et Gaïa éclata de rire.

« Promis je te ramène quelque chose »

« Un surfeur »

« Hors de question. Ton mec est beaucoup trop bien »

« Un surf alors »

« Hum.. tu n'aurais pas quelque chose de moins encombrant? »

« Faut savoir, hein », bouda-t-elle.

Gaïa dû se pencher sur le discours de Justin concernant la politique qu'il entendait mener sur la prochaine année. Il devait l'exposer aux six autres dirigeants des plus grandes puissances économiques mondiales: l'Italie, l'Allemagne, la Belgique, les Etats-Unis, le Japon et l'Angleterre. Elle passa deux jours à l'écrire, puis, monta comme il se devait au bureau du Premier ministre qu'elle n'avait pas vu depuis qu'il avait quitté son appartement.

Sa voix rauque lui intima d'entrer et son sourire la cueillit sur le pas de la porte. Assis derrière son bureau, le visage dans la main, les boucles ébènes caressant son front, Justin Trudeau semblait porter le poids du monde sur ses épaules. Pâle et cerné, il la regarda avancer jusqu'à lui, la mine contente.

« Gaïa », souffla-t-il en s'emparant du poignet de la jeune femme qui lui tendait les feuillets du discours. Il y déposa ses lèvres et resta ainsi quelque secondes.

« Tu as une mine affreuse »

Justin releva la tête, surpris, puis, soupira.

« Merci »

Gaïa contourna le bureau et vint s'asseoir sur son extrémité avant de passer une main dans les cheveux du Premier ministre. Il ferma les yeux sous le contact plaisant.

« Je ne rigole pas. Je ne comprends pas pourquoi tu es là, et pas dans mon lit ».

Le coin des lèvres du Canadien s'étira légèrement.

« Il est vrai que j'aimerais beaucoup m'y trouver tout de suite »

Il fit glisser la main de Gaïa sur sa joue brûlante, puis effleura sa paume de ses lèvres moelleuses. Des frissons parcoururent l'échine de la jeune femme qui soupira. Elle ne pouvait rien dire ou faire qu'il ne lui ferait changer d'avis, elle le savait pertinemment.

« Tu te sens prêt pour le G7? », demanda-t-elle, méfiante.

« Oui »

« C'est demain »