L'Etat et toi

Chapitre 21

Justin Trudeau installa les skis de Gaïa comme à une enfant. Penché sur elle, la mine concentrée, il finissait de locker les crochets en se mordant la lèvre, tel un professionnel. Puis, il se releva d'un coup étendant sa haute silhouette, et lui offrit une main pour la relever. Gaïa grogna, sentant que le moment était venu et l'accepta. Une fois debout, ses pieds se mirent à glisser avec les longs ski, et elle réprima un petit cri de surprise. Les mains fermes du Premier ministre l'immobilisèrent.

« Non, pas déjà », railla-t-il, les yeux moqueurs.

« Je vous aurais prévenu », la réprimanda-t-elle.

Le grand brun, les skis aux pieds, se positionna parallèle à elle et planta ses piquets dans la neige.  Il lui expliqua qu'elle devait s'en servir impérativement pour avancer et se stabiliser. Puis, il lui montra comment se déplacer. Tentant de l'imiter, la jeune femme parvint plutôt à se ridiculiser, pas du tout habituée à avoir de longues tiges de bois collées aux pieds. Elle soulevait ses pattes vers l'extérieur, gênée par le poids et les skis retombaient perpendiculaires, manquant la faire tomber. Si Joshua ricanait derrière elle, Justin Trudeau n'en fit rien.

« C'est impossible! Je ne suis pas faite pour ça putain », s'énerva-t-elle. Le visage rouge, elle coula un regard contrarié vers le Canadien qui réprima un sourire.

« Ok ma petite française, dit-il tout bas. On se calme. Au lieu de soulever vos pieds, essayez plutôt de les faire glisser vers l'avant. C'est tout le principe du ski ».

La petite pique la fit tiquer, mais elle s'exécuta et se rendit compte que l'affaire fonctionnait plutôt bien.

« Voilà », s'exclama-t-il.

« Gaïa? Tu veux que je prévienne les pompiers au cas où? », plaisanta Joshua.

La jeune femme lui répondit par un regard assassin.

Le Premier ministre la fit monter un peu, ce qui prit, ne nous le cachons pas, quelques grosses minutes, et, lorsqu'ils se retrouvèrent en haut d'une petite pente, il lui demanda de mettre ses skis en parallèle, histoire qu'elle ne glisse pas. Gaïa s'exécuta, sentant que le danger était imminent. Noémie, Joshua et les autres attendaient en bas, et cela la stressait encore plus. Voyant qu'elle jetait des regards énervés vers eux qui les observaient, et entendant ses jurons français, Justin Trudeau réagit.

« Allez-y, on vous rejoint! », s'écria-t-il. Ils hochèrent la tête et se dirigèrent vers les remontées.Seuls les garde du corps restèrent, mais ça, Gaïa s'en fichait.

Le grand brun lui montra comment se mettre en position de chasse neige pour freiner, et comment positionner ses skis pour glisser. Puis, il glissa avec beaucoup d'élégance sur trois ou quatre mètres en dessus d'elle. La pente devait être inclinée à pas plus de 45 degrés, mais la peur de ne pas pouvoir se stopper la paralysait.

« Je suis là », répéta-t-il, voyant sa mine se décomposer.

Elle ne pouvait plus se défiler. Soit elle retirait ses skis, soit elle tentait le coup. Galérant pour positionner ses skis face à la pente, Gaïa les sentit partir dès qu'elle réussit son coup et son coeur s'envola.

« Non, non! », éructa-t-elle en commençant à glisser. Puis, elle oublia tout ce qu'il lui avait enseigner et paniqua. Face à elle, la carrure imposante de Justin Trudeau se rapprochait trop rapidement.

« Essayer de freiner, position de chasse neige! », lui cria-t-il. Affolée, Gaïa tenta de bouger son pied droit pour mettre son ski perpendiculaire à la piste mais ne pensa pas à bouger l'autre, si bien qu'il se coinça sous l'autre bois ce qui la déstabilisa, fit vriller étrangement son genoux, et la fit valser vers l'avant. Elle ne s'était pas rendu compte de la proximité du Premier ministre qui l'intercepta dans ses bras. Mais son élan était trop fort et s'il réussit à la maintenir une demi seconde contre lui, il bascula lui aussi vers l'arrière. Ils atterri tout les deux dans la neige, et Gaïa mordit la poudreuse.