Chapitre 30

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La journée qui suivit était la plus chargée du sommet. Les chefs d'Etat enchainèrent les réunions bilatérales pour évoquer les accords qui les liaient entre eux, et les discussions multilatérales pour aborder les sujets brûlants internationaux et tenter de se mettre d'accord pour adopter des postures communes.

Pendant ce temps, Gaïa et Joshua avaient décidé d'aller prendre un bain de soleil sur la plage principale, au pied de l'hôtel. Allongée sur une serviette, la jeune femme laissait son corps se réchauffer et se faire bercer par les rayons chauds du soleil tout en écoutant le bruit des vagues s'écraser contre le sable. Elle visualisa Justin à quelques centaine de mètres d'elle, mener sa politique sur le terrain international et sourit de la situation. Si on lui avait dit un jour qu'elle se retrouverait dans cette position...

Puis, les images de la veille s'incrustèrent derrière ses yeux et Gaïa planta ses doigts dans le sable tiède. Le voir si vulnérable l'avait touché d'une manière indescriptible. Cette grande carapace charmante, robuste et à l'apparence serein était en réalité, tout au fond, rongé par un chagrin abyssal. Ses yeux vides et inexpressifs l'avaient saisis. Elle était heureuse d'avoir pu apercevoir une partie de l'autre facette du Premier ministre, la plus intime. Celle qu'il tentait de dissimuler avec tant de force. Mais cette vision n'avait fait que renforcer l'inclination qu'elle avait pour lui. C'était un homme sensible, avec une part d'ombre, une complexité, des failles.

Gaïa soupira. A côté d'elle, le nez de Joshua prenait une teinte de plus en plus écrevisse.

« Tu devrais mettre de la crème solaire, les premiers rayons sont les plus dangereux », notifia-t-elle.

Son collègue et ami se releva sur le coude, lui jetant un regard blasé.

« Tu ferais mieux de te regarder dans un miroir avant de parler ma vieille »

Cela faisait bien deux heures qu'ils étaient étendus comme des sardines sur la plage, profitant de l'après-midi de liberté. La jeune femme porta la main à ses joues en pestant. Ils étaient bons à aller acheter de l'après-solaire. Ou de la biafine. Qu'importe, elle était trop bien et voulait profiter du soleil français avant de retourner dans le froid canadien. Certains autours d'eux se baignaient. Le paysage était véritablement celui d'une carte postale d'été.

« Pour combien tu vas te baigner? », lui lança Joshua, un rictus malicieux sur les lèvres.

Joueuse, Gaïa éclata de rire.

« Pour 20 »

« Ok... Un, deux, trois »

« 11 »

« 11 »

« Oh non! », s'écria Gaïa en plongeant son visage dans les mains.

« Ah bah là ma petite, tu as voulu jouer, tu t'es brûlée! »

« Et toi, pour combien? »

« 20 »

« OK, un, deux, trois »

« 12! »

« 2 »

« Criss! », pesta Gaïa.

« C'est l'jeu ma pauv' Lucette »

« Tu me le paieras »

La jeune femme se débarrassa de son t-shirt en grommelant. Heureusement qu'elle avait pensé à prendre un maillot de bain, au cas ou si l'hôtel possédait une piscine. A moitié nue, la peau maladivement pâle de l'hiver, elle enfonça ses pieds dans le sable jusqu'à la lisière de l'océan. Sa peau rencontra l'eau glacée et tous ses muscles se crispèrent. Gaïa coula son regard sur l'horizon, respira un bon coup et avança d'une traite dans les flots jusqu'à s'immerger complètement.

L'Etat et toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant