Chapitre 52 : Un précieux lien

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Stefan Alessio remuait des jambes, assit nonchalamment sur son canapé en cuir totalement délabré et écaillé. Son sixième sens semblait s'éveiller de son long sommeil. Ce redoutable sorcier spécialisé auparavant dans la traque de bêtes sauvages et, par cette même occasion, dans la protection des moldus, s'était tourné vers le mercenariat, un marché bien plus fructueux que la faible bourse promise qu'il percevait du ministère après chaque bête abattue ou capturée.
Il sentait contre lui les regards terrifiés des deux enfants enlevés. Deux orphelins jumeaux étaient recroquevillés, tout tremblants, contre le mur jaunit qui le faisait face.

-De la débauche, les orphelins. Voici tout ce dont la vie se résume, échappa-t-il d'une voix étonnamment grave pour un corps aussi frêle. Vous devez en être davantage conscients, vous qui êtes abandonnés par vos propre parents à l'âge de l'insouciance.

-Laissez-nous partir monsieur, s'il vous plaît !

-Vous laisser partir ? *il esquissa un sourire qui fut difficile à interpréter* Non... Non, mes petits. Vous ne pouvez pas rater un spectacle qui promet être des plus grandioses.

Rogue guida de sa forte poigne Annie, totalement conscient qu'Harry devait sans doute être à quelques mètres derrière eux. Le jeune homme n'allait en aucun cas tolérer sa mise à l'abris, le contraire aurait été davantage surprenant.

-Espérons que ce fumier tombera dans le piège, marmonna l'animagus le souffle court.

-Contentez-vous de la boucler, pour le moment, répliqua Rogue en omettant toute courtoisie qu'il n'avait pas envers ceux qu'il jugeait simplets.

Rogue percevit le regard du borgne au travers des carreaux de la bâtisse. Il les épiait de son seul œil à moitié valide, sentant sans doute la présence et l'aura morbide du potionniste. Son regard s'arrêta sur elle, la personne qui pensait être une autre. Il réalisa l'identité de celle-ci : sa sœur. Et elle était manifestement prise en otage. Il comprit instantanément ce que manigançais Rogue. Il sorti de la maison, les bras camouflés sous sa sombre cape qui rendait sa silhouette davantage svelte.

-Le spectacle s'avère d'autant plus intéressant... marmonna Stefan Alessio, le second mercenaire lancé aux trousses du professeur par Viktor Fringh.

-Les cordes entourant votre sœur ont été ensorcelées. Rendez vous, mercenaire, ou celles-ci se serrerons et l'étoufferons.

-Bien le bonjour, ma chère Annie. J'ignorais que tu étais aussi en charge de cette affaire. Et tu as échoué... visiblement. *celle-ci lui adressa un juron*.

Harry, en voyant la scène au loin, décida de contourner la maison et d'y entrer par la porte du jardin. Il savait que Rogue comptait, bien qu'il ne l'assumait pas, sur lui afin de libérer les enfants. Il entra à l'intérieur et n'eut du mal à trouver les orphelins. Mais quelque chose s'agrippa à son cou, sans même qu'il puisse s'apercevoir de quoi que ce soit. Il suffoqua.

Alessio découvrit ses bras et fit brandir ses longues chaînes qui se mouvaient tels deux serpents. Rogue devina rapidement l'origine de celles-ci.

-Ces chaînes sont supposées attraper des animaux que l'on n'est censé retrouver chez les moldus. Vous êtes un des chasseurs du Ministère.

-Était. Je n'attrape plus de monstres avec, mais des types de votre sorte. Contre une somme considérable. Le mercenariat est un marché fructueux. Ma carrière d'avant ne pourrait qu'en rougir. Votre gamin est à l'intérieur. Et ma troisième chaîne est liée à cette maison. Il ne s'en sortira pas.

Rogue ne se laissa déstabiliser et porta le coup en premier. La plupart de ses sorts furent déviés par les chaînes qui enveloppaient aisément et d'une rapidité incomparable le mercenaire. Sa malvoyance n'était visiblement pas un frein pour son expertise affutée par ses décennies d'exercices. Rogue fut presque touché mais son protego instinctif le laissa indemne. Harry, quant-à-lui, se détacha de l'emprise de la chaîne en lançant un sort d'immobilisation, bien que sa difficulté à prendre sa baguette lui a presque coûté la vie. Son amulette de protection n'était visiblement pas adaptée à ce type d'attaque. Il avait trente secondes pour évacuer les enfants avant que son sort ne s'estompe. Tout juste trente secondes plus tard, il n'eut le temps de sortir à son tour que la chaîne s'acharnait de nouveau sur lui, presque aveuglément, causant la pagaille dans le séjour. Il esquiva ses attaques du mieux qu'il pouvait.

Quand la menace sonde l'insondableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant