Chapitre 37 : Un semblant de vie.

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La mine particulière que l'élève arborait depuis son entrée en classe n'avait échappée à Rogue. Il savait pertinemment que les plaies morales étaient d'autant plus compliquées à soigner.

Que voulez-vous que j'y fasse ? Se dit le professeur, ressentant la nécessité de se justifier à lui-même. Je doit faire respecter mon autorité, et il n'y aura pas d'exception, Potter. Malgré que vous me soyez spécial, cela doit cesser. Je suis dans l'obligation d'être dur avec vous, c'est la seule solution. C'était la seule solution... Je vois bien que cela est inutile. Je pensais qu'augmenter votre haine envers moi m'aiderais, mais c'est tout le contraire qui me frappe. La seule solution qui me reste, maintenant, c'est de retrouver Fringh, de combattre ce démon, de clore cette affaire et de limiter nos interactions aux heures de cours. Je n'aurais plus à vous revoir en dehors de celles-ci.

C'est la meilleure des choses à entreprendre.

-Vous pouvez écrire, maintenant. Dit d'un ton bas le professeur en se relevant. Mais vous n'allez pas recopier des parchemins pendant ces quatre heures. J'ai prévu autre chose.

Harry fronça légèrement les sourcils, l'invitant à poursuivre.

Rogue prit sa baguette puis déplaça d'un léger mouvement circulaire les tables ainsi que les chaises de la salle afin de dégager le milieu de la pièce. Seule une chaise demeura en son centre. Harry, après quelques secondes de réflexion, comprit ce qui y allait se dérouler.

-Je suppose que vous allez m'attacher à cette chaise puis me torturer ? Demanda Harry ironiquement avant de se lever à son tour.

Rogue le fixa d'un air étrange avant de plisser les yeux.

-Monsieur retard n'a pas oublié son cerveau avant de se lever ce matin, quel progrès.

Le sarcasme de son professeur le fit souffler du nez.

On pourrait presque se demander s'il est bon blagueur au fond. Se dit le jeune brun en esquissant un léger rictus.

-Trêve de plaisanteries, Potter, venez ici. Continua-t-il en s'approchant de la chaise dégagée. Il pointa de sa baguette une petite table ainsi qu'un récipient circulaire, les attirants tous deux vers lui.

Il était évident qu'il devait me donner à boire la potion permettant de forcer le démon à prendre le contrôle de mon corps avant son départ pour sa secrète quête à Beaubâton. Se dit Harry en s'approchant de son professeur. Il le fixa enrouler des cordes autour des accoudoirs de la chaise.

-Combien de temps cela durera-t-il ? Demanda le Gryffondor, quelque peu certain.

-Installez-vous, je prépare tout ce dont j'ai besoin et je vous expliquerais ensuite le déroulement.

Harry préféra rester debout. Rogue n'en prit pas compte et s'en alla apporter des chiffons, une bassine d'eau tiède et plusieurs fioles, dont celle en question. L'inquiétude était présente dans l'atmosphère mais contrairement au potionniste, Harry eut du mal à la dissimuler. Malgré cela, il s'efforça de garder une expression reflétant sa confiance en soi : il n'était pas Gryffondor pour rien.

Après avoir remarqué que son professeur eut fini sa préparation, le cadet s'installa sur la chaise en bois. Il vit l'homme en noir retirer sa cape, la posant finalement à même le sol. Rogue attira une autre chaise puis s'assit jute en face du jeune homme, d'une proximité telle qu'Harry sentit effleurer ses jambes contre les siennes.

-Cela durera le temps qu'il faudra, répondit le potionniste en plongeant son regard dans celui émeraude du jeune homme. Je vais maintenant attacher vos chevilles et vos poignets contre la chaise. *Rogue, par sa baguette, noua d'abord les chevilles* J'aimerais éviter que l'un de nous soit blessé.

-Espèrons que ce tas de bois tiendra.

Étant maintenant penché sur ses poignets, préférant les nouer à la main, Rogue releva la tête sur son élève, créant ainsi une proximité presque suffoquante pour Harry.

-Ce tas de bois tiendra, dit-il, exaspéré. Je l'ai ensorcelé pour qu'il soit le plus résistant possible.

Bordel ! Pourquoi me regarde-t-il comme ça ? Il est terriblement attirant ! Se dit le jeune Gryffondor en fixant, contre son gré, chaque parcelle de son visage, de ses traits particulièrement charismatiques à la mèche sombre qui retombait légèrement sur sa pommette saillante. Non Harry ressaisit toi, n'oublies pas ce qu'il t'as fait.

-Parfait, alors. Répliqua le jeune homme quelques instants plus tard.

Ayant terminé de nouer les deux poignets, Rogue put desceller sur le visage de son élève qu'il avait certainement dû serrer beaucoup trop fortement les cordes. Harry n'allait pas lui en faire part, anticipant la réplique saillante de son professeur "endurcissez-vous" s'il pensait à le faire. C'est alors que le potionniste, contre toute attente, desserra l'emprise. Il ne laissa pas le temps à l'élève de répliquer quelque chose.

-Comme je vous l'ai dit précédemment, la douleur de la potion sera bien moindre que celle ressentie en sa forme d'origine. De plus, lorsque vous l'aurez ingéré, vous aurez certainement du mal à laisser le contrôle. Il faudra impérativement que vous lâchez prise et que vous laissez l'entité prendre le relai et le dessus dans votre esprit, c'est fondamental.

-D'accord, je le ferai.

-Il est normal qu'au début vous aurez du mal, c'est presque instinctif de lutter afin de demeurer maître de son esprit. Mais essayez de vous imaginez un souvenir qui puisse vous transporter ailleurs, quelque chose qui réussira à vous détendre. C'est très important.

Harry prit ses conseils à la lettre et acquiesça. Il pensa dès à cet instant à un souvenir qui puisse le relaxer. Rogue, voyant le jeune homme en pleine réflexion, en profita pour verser dans un verre le liquide brun et visqueux de la potion.

-Vais-je m'évanouir après la séance ?

-Je l'ignore. Cela dépends d'une personne à l'autre, mais en vue de la réaction que vous avez eu lors du dîner de la répartition, je pense qu'il est fort probable que cela puisse se reproduire, oui.

-D'accord... Murmura-t-il, se préparant moralement au cataclysme qui allait suivre. Curieusement, Harry se sentit en sécurité en sa présence et en sa proximité. Malgré qu'il demeurait trahit, il laissa en arrière l'obscurité de la réserve, se focalisant à présent sur l'instant présent, sur ce regard rivé sur lui, se transformant peu à peu à quelque chose qui transparaissait un semblant de chaleureux, un semblant de vie. Que c'était beau de voir cet homme lugubre émaner une certaine source d'apaisement.

-Êtes-vous prêt ? Demanda Rogue en retirant délicatement les lunettes d'Harry, les posant juste à côté de celui-ci.

-Je suis prêt, professeur.

De sa main droite, le Prince de Sang-mêlé apporta le verre à la bouche de son élève. Harry en but le contenu juste après avoir prononcer quelques mots qui furent comme une décharge électrique pour le maître des cachots.

"Je vous fait confiance."

Quand la menace sonde l'insondableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant