Rogue le fixa longuement, attendant à ce que le jeune homme sorte de ses pensées.
-Et si je réussis à vous prouver que je volerais en sécurité ? Demanda-t-il finalement après quelques secondes.
Rogue fronça les sourcils et lui lança un regard empli de sarcasme.
-Incorrigible. Finit-il par lâcher.
Ils restèrent ainsi à se fixer pendant quelques temps, lorsqu'Harry décida de rompre le silence en abordant un tout autre sujet, souhaitant, dans son profond inconscient, rester auprès de lui.
Il rompt ce silence en osant lui poser cette fameuse question.
-Pourquoi m'avez-vous prêté ce livre, professeur ?
Rogue, à l'entente de ceci, détourna le regard, le posant maintenant sur les jambes croisées de son élève.
-J'aurais dû tout simplement vous virer de mon cours, monsieur Potter.
-Pourquoi m'avez-vous ignoré de la sorte, après le cours ? Demanda-t-il, ne prêtant intention à sa réponse, malgré qu'il en sois néanmoins piqué.
-Je vous en pose des questions ?
Décidément, le Prince de Sang-mêlée savait finement s'échapper des conversations qui pouvaient le compromettre.
-Non et c'est bien dommage. Répondit vivement Harry. Celui-ci réalisa ce qu'il venait de dire lorsqu'il vit la non compréhension se dessiner sur le visage de Rogue.
-Pourquoi êtes vous aussi stupide, monsieur Potter ? Entra dans son jeu le potionniste, un regard qui explicitait son sadisme à rabaisser son élève.
-C'est parce que vous ne voyez que cela en moi, répliqua-t-il d'un élan de colère, en plus de l'incorrigible, l'orgueilleux et chouchou de ses professeurs Harry Potter, alias le fameux Survivant, celui qui...
-Taisez-vous.
Rogue ne voulait en entendre plus. Il se demandait pourquoi, en effet, se devait-il de le couper. Il avait parfaitement résumé la situation, après tout. C'est ce qu'il aurait pensé quelques mois auparavant.
À cette soirée, à cet instant, ses pensées étaient tout autres. Il en était terrrifié. Comment pouvait-il craindre quelque chose qu'il ne pouvait anticiper ? Quelques chose d'aussi improbable ?
Cela me rappelle Lily. Elle pensait que je ne voyais en elle que son lien de sang, une jeune fille de sang-mêlé. Elle se trompait. La colère m'avait submergé. Je ne pensais pas ce que je disais.
C'est pourquoi j'avais décidé de bannir ce sentiment. La colère. Elle m'avait causé la perte de mon amour. D'elle.
Et voilà son fils, assis en face de moi, me fixant étrangement, se disant sûrement la même chose qu'elle à l'époque.Dois-je faire les mêmes erreurs qu'antan ?
Mais d'un autre côté, je me dis qu'il n'est pas Lily. Qu'il n'est que sa progéniture, rien de plus, rien de moins. Je n'ai rien à lui revendre, ni à lui apporter. C'est juste un élève, un élève dont le visage me rappelle l'horreur, ces persécutions incessantes qui ne font qu'amplifier mon état second. Mon état d'homme dénué de bonté, d'attachement, d'humanité,
De sentiments.
Je me voile la face.
Je me voile littéralement la face.
-Sortez d'ici. Dit finalement Rogue, passant une main sur son visage.
Cet enfant commence à me tourmenter l'esprit. Il commence à me faire douter de moi, de cette personne et ce caractère que je forge depuis ces nombreuses années. Il commence à me rappeler des histoires que je voudrait oublier. De ces cauchemars incessants, de ces yeux bleu inertes sur le plancher, de cette souffrance inégalée.
-Je ne vous comprends pas, professeur. J'aimerais juste vous....
-Sortez d'ici. Répéta-il, du même ton.
Cet enfant, paradoxalement, me rappelle le bonheur. Cette joie que je ne reverrais plus jamais. Une joie inqualifiable lorsqu'elle était dans mes bras. Lorsqu'elle me prenait la main. Lorsqu'elle était là.
-Nous pourrions discuter. Au lieu de s'éviter de la sorte. Nous pourrions discuter en tant qu'adultes plutôt qu'élève à professeur.
Cette phrase semblait résonner dans la tête de Rogue. En tant qu'adulte ? Que veut-il dire par là ?
-Discuter de quoi ?
-De notre relation.
Un million de choses passèrent en même temps dans l'esprit d'Harry.
Rogue rata un battement. De quoi Merlin parle-t-il ? Notre relation ?
-Je veux dire... Il faudrait qu'on puisse un minimum communiquer si nous voulions coopérer contre... l'entité qui me menace. Continua le jeune brun sous un grand embarras.
Le jeune Gryffondor évitait de penser à ce qu'il venait de dire. Trop tard : il se maudissait déjà. Il était certain que le professeur avait remarqué sa soudaine attraction, ce caractère inédit et obscène. Il voulut s'enterrer six pieds sous terre, mais se contenta d'un léger voile pourpre sur les pommettes.
-Je n'ai pas besoin de vous pour combattre...
-Non mais professeur ! Le coupa Harry, les yeux poignants, en se levant subitement. Vous ne comprenez donc pas ?!
-C'est vous qui ne comprenez pas ! Hurla presque Rogue en se levant également et en le faisant maintenant face.
Harry resta figé face à l'expression que prenait maintenant son professeur. Rogue avait éclaté. Son visage impassible émane maintenant une sorte de haine. Une haine qu'Harry percevait pour lui.
-Vous.... devez sortir maintenant. Ne revenez pas. Plus jamais, Potter, je tâcherais de vous soigner à l'infirmerie à présent. Reprit-il en se ressaisissant du mieux qu'il pouvait.
-Pourquoi changez-vous de comportement en si peu de temps, professeur ?
-Parce que vous....
Rogue eu une soudaine hésitation.
-Je ?
-Monsieur Potter... Vous devez sortir. Et vous ne participerez pas au match de demain. Bonne soirée. Abrègea-t-il en poussant légèrement le jeune homme à l'extérieur de la pièce, en prenant soin de fermer la porte à clef, le regard baissé.
Rogue resta un moment devant la porte, amenant ses mains sur son visage. Ce geste l'avait attristé. Mais c'était la meilleure chose à faire afin d'éviter d'être trop en contact avec son élève.
Cet élève qui le faisait chavirer.
Harry, quant à lui, demeurait également devant cette porte. Il sentait que les battements de son cœur devenaient de plus en plus douloureux. Que ses mains débutèrent à trembler : Il avait le cœur brisé. Tout s'était écroulé. Il était déjà conscient que rien ne pouvait se concrétiser entre eux, mais il espérait tout de même une once de bienveillance émanant de lui ainsi qu'un espoir qu'ils puissent au moins tisser une amitié.
Tu parles... Pensa-t-il, en se maudissant intérieurement. T'es ridicule. Que pensais-tu, Harry.
Cette porte, sculptée d'ébène, les séparait.
Néanmoins, une clef demeure toujours.
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Quand la menace sonde l'insondable
FanfictionUne nouvelle année débuta pour Harry Potter, communément surnommé le Survivant par certains. Fraîchement arrivés à l'école de Sorcellerie, les élèves assisteront à un spectacle inouï d'un effroi extrême. Harry en fut aux premières loges. Ceci incar...