Chapitre 36 : Continuer à interdire ces sentiments.

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Il arriva totalement déboussolé en face de la salle de classe. S'apprêtant à frapper contre la porte, il put discerner quelques voix discutant à l'intérieur. Il attendit quelques minutes en face de celle-ci mais, ne sachant pourquoi, Harry, sûrement prit d'une curiosité irrésistible, tandit l'oreille. Il put assez facilement reconnaître la voix de son professeur.

Il discute avec le professeur Dumbledore. Je n'arrive pas bien à discerner les mots, ah... J'y arrive lorsque je me colle un peu plus contre la porte.

-... demain soir. Il faudrait que vous quittiez le château après minuit. Dit Dumbledore, se déplaçant dans la salle au vu de sa voix qui semblait parvenir d'emplacements différents.

-Il est évident. Répliqua Rogue après avoir soufflé. Harry se demandait à cet instant s'il avait déjà entendu le professeur souffler auparavant. Mon déplacement, continua-t-il après quelques instants, doit avoir lieu dans la plus totale des discrétions.

Mais de quoi parlent-ils !?

-Exactement, mon cher ami. Espérons que vous parveniez à le retrouver. La région est vaste. D'ailleurs, j'ai prévenu madame Maxime. Elle s'engage à nous aider dans notre entreprise.

Plus les paroles défilaient et plus Harry semblait largué.

-Bien. J'espère que vous aviez trouvé une bonne excuse pour cette absence.

-Ne vous inquiétez pas pour cela. Tâchez de vous concentrer sur notre objectif.

Harry put deviner le visage amer que Rogue prit à cet instant.

Quelque chose se trame. Ça m'intrigue. Pourquoi parler d'une chose aussi importante qu'à deux ? Leur affaire est donc secrète et d'une importance capitale. Je suis certain que ça me concerne. Que ça concerne la possession. Et puis, pourquoi prévenir madame Maxime ? À moins que... Mais ?! Doit-il se rendre à Beaubâton ?! En quoi Beaubâton a en rapport avec tout ceci ?

Harry, voyant que la discussion divaguait, rebroussa chemin jusqu'au couloir. Il était complètement absorbé par ses questionnements.

Pourquoi prendre le risque de parler d'une chose qui se doit d'être tenue secrète dans sa salle de classe alors que j'y suis collé au même moment ? Cela pourrait être une inattention de sa part... Mais c'est quand même curieux. Rogue ne ferait jamais une erreur aussi grotesque que celle-ci. Ou peut-être, se disait-il que j'allais sûrement, et comme toujours, être en retard ? Mais ça demeure tout de même un risque non négligeable. Je le vois mal prendre un risque aussi conséquent.

Il vit au loin Dumbledore sortir des cachots. Harry prit un air quelque peu naturel et se remit à marcher en sa direction. Il salua le directeur puis descendit une seconde fois dans les cachots. Après quelques secondes d'attentes, il frappa à la porte, avalant difficilement sa grimace de douleur.

La porte s'ouvrit, l'invitant à entrer. Il put voir le professeur relever son regard sur lui, les bras croisés, assit à son bureau.

-Monsieur Potter, ou plutôt monsieur retard, se fait toujours attendre.

Harry se contint d'exposer la vérité et de lui demander des explications concernant cette entrevue secrète. Il se contenta d'inventer une excuse valable.

-J'étais allé voir si madame Pomfresh était revenue afin de soigner mes plaies.

Son ton montrait que sa colère était encore palpable. Il n'avait encore digéré son désintérêt total face à son incapacité à écrire lors du test de ce matin et encore moins les faits du jour passé.

-Il doit me rester des lotions curatives. Je reviens.

S'il croit pouvoir se racheter avec ça, ah ! Laisse moi rire.

Rogue s'en alla dans la pièce qui servait de petite réserve dans lequel les élèves allaient chercher les ingrédients nécessaires aux potions, située juste à coté de la salle de classe. Il revint quelques minutes plus tard.

-Installez-vous.

Harry obéit en s'asseyant sur une des chaises de la première rangée. Il plaça ses mains encore bandées sur la table qui le faisait face.

Rogue versa un liquide nacré sur ses bandages afin de les décoller des plaies. Suite à cela, il les retira sans douleur apparente. Harry fut déconcerté lorsqu'il sentit les doigts du professeur contre ses mains. C'était bel et bien électrifiant. Le Gryffondor ne se doutait un instant que l'effet fut identiquement ressenti en face de la table.

Ses doigts sont incroyablement douces, se dit le jeune brun, en camouflant du mieux qu'il pouvait sa gêne lorsqu'il pensait à la texture que pouvait avoir le reste de son corps. Il ferma ses paupières et imagina.

Harry ne put se contrôler. Ses membres ne lui répondirent plus et agissaient indépendamment de sa raison. Il referma ses mains tremblantes sur celles de son professeur. Le jeune homme releva timidement son regard sur l'homme qu'il aimait. Celui-ci fixait, déboussolé, les doigts fins et meurtris de son élève s'entremêler aux siens. Lorsqu'Harry vit le regard de l'être cher se relever et plonger dans le sien, un poignard se planta en profondeur dans ses entrailles lorsqu'il percevit en celui-ci une noirceur sans pareille. La plaie fut de plus en plus profonde lorsqu'il sentit les mains de son professeur s'extraire des siennes.

-Puis-je savoir ce que vous fabriquez ?! Demanda dans une incompréhension totale l'homme en noir.

-Je... Professeur... Begaya l'élève, ne s'attendant à une telle réaction.

-Parlez ! Pourquoi venez vous de... faire ceci ?!

Harry sentit son pouls ainsi que sa respiration augmenter lorsqu'il vit dans son regard submerger une forme de dégoût.

-Je ne sais pas professeur ! Je pensais que... Je voulais juste vous... montrer que...

-Abrégez ! Hurla-t-il, en faisant sursauter Harry.

-Je vous aime professeur !

Il n'eut le temps de regretter ses paroles. Les traits de celui qu'il aimait se déformèrent : le dégoût était bel et bien apparent.

-Quelle honte ! Articula-t-il, scandalisé, après quelques secondes de silence qui parurent comme une éternité pour le jeune homme. Comment osez-vous ?! Sortez immédiatement de ma salle de classe, petit Gryffondor répugnant !

Harry tremblait tant il fut brisé de l'intérieur. Il se sentit achevé.

-Mais ! Pourquoi... Demanda-t-il dans un élan d'espoir, un espoir de voir ne serait-ce qu'une once de compassion dans son regard. Il n'en fit rien. Le coup de grâce était déjà tombé lorsqu'il vit l'homme pointer sa baguette vers lui.

-Sortez immédiatement d'ici ou je vous...

C'est exactement comme ça que la scène se passera et je ne peux rien y faire, à part continuer à interdire ces sentiments. Pensa avec amertume le jeune gryffondor en reouvrant ses paupières.

Après avoir imaginé cette scène accablante, Harry vit le professeur prendre une fiole et déverser son contenu sur ses coupures. Après quelques picotements, les tissus se refermèrent aussitôt.

-Vos poings sont très enflés. Je ne peux y remédier car je n'ai pas trouvé la baume adéquate. Rendez-vous à l'infirmerie demain matin, madame Pomfresh devrait sûrement être revenue.

-Mmhh... Marmonna Harry en constatant avec satisfaction que la douleur s'était nettement atténuée.

Une satisfaction physique qui contrastait avec son angoisse morale.

















Quand la menace sonde l'insondableOù les histoires vivent. Découvrez maintenant