À portée de main [en longue réécriture...]

VIII

L.A, 7 mai 2000.

*Flash-back: 5 août 1991*

Nous étions actuellement près d'un étang, bordée par une forêt non loin de chez nous. Il faisait extrêmement chaud, mais nous ne nous semblions pas en tenir réellement compte, tant nous étions occupés à nous amuser. 

En effet, c'était à celui qui ferait le plus beau ricochet ! Parce qu'après tout, n'était-ce pas la meilleure occupation pendant les vacances d'été, pour deux gosses d'environ dix ans ?

Je regardais Tom lancer sa pierre avec sérieux, assise sur la branche d'un des arbres les plus proches, battant des pieds dans le vide. Voilà qu'il venait d'effectuer quatre ricochets, avec une précision hors norme !

Satisfait, il se vanta de son geste, les poings sur les hanches et un sourire en coin.

- « Quatre ! Avec ça, ma pierre est allée au moins jusqu'au milieu de l'étang !

- Menteur ! Je l'ai vue couler avant !

- Eh bah, vas-y si tu es aussi géniale que ça ! Essaye de faire mieux !

- Trop facile à battre !

- Pourtant, tu n'as pas lancé une seule pierre depuis qu'on est là.

- Parce que je voulais te laisser croire en tes rêves !

- Mais bien sûr ! Aller, montre-moi ta force Kerrie ! »

Un air de défi vint soudainement poindre sur mon visage. Je descendis de ma branche, et m'emparai alors d'une pierre plate, plutôt grosse. Hélas, je me rendis compte trop tard que celle-ci était bien trop lourde pour moi ; en effet, dès que je la lançai dans l'eau, celle-ci coula à pic dans un fracas assourdissant, éclaboussant au passage tout le bas de mon corps.

Tom explosa de rire, au point d'en tomber par terre. Je le fusillai du regard, face à ce cinéma catégorique, ne pouvant m'empêcher de bouder devant tant de mauvaise foi.

Il finit toutefois par se relever pour venir à ma rencontre, tandis que je lui tournai le dos, les bras croisés sur ma poitrine.

- « Aller, ne boude pas ! Je rigole, ce n'est pas de ma faute si tu es nulle !

- Je ne suis pas nulle d'abord ! La pierre était trop lourde...

- Lourde toi-même ! En tout cas, t'es suffisamment trempée pour qu'on aille se baigner maintenant !

- Non, désolée... Je n'ai pas envie.

- Oh, tu boudes encore ? Pardon de m'être moqué de toi... Mais ne sois plus fâchée, s'il te plaît.

- D'accord, je ne boude plus ! Mais, je n'ai pas envie de me baigner, voilà tout.

- Aller, c'est canicule, ça fait une heure que je rêve de me jeter dedans, et de nager ! fit-il en me désignant l'étang d'un signe de tête.

- Vas-y, je te regarderai. Je vais m'entraîner à te battre aux ricochets en attendant, tiens !

- Mais pourquoi ? Tu n'aimes plus l'eau ?

- Tom, s'il te plait... N'insiste pas.

- Oh t'es pas drôle, aller ! »

Il se dirigea vers moi, et commença à me toucher l'épaule, sûrement pour paraître avenant. Mais dès que ses doigts touchèrent ma peau piquée au vif, ma main partit sur son visage.