L.A, 25 août 2000.
Ma main empoignait le rebord du muret fortement, laissant de vieux morceaux de gravats gris s'effriter contre mes doigts. Mon regard était fixe, situé en direction des voies de circulation, dont l'hôpital me séparait à peine. J'entendais le bruit des klaxons et des cris de mécontentements, qui ne me firent même pas sourciller.
J'étais là, en étant ailleurs.
J'étais tellement perdue dans mes pensées que je n'aperçus pas immédiatement une silhouette familière s'approcher. D'abord hésitante, elle finit par prendre place sur le muret à côté de moi. Mais en voyant que je lui prêtais désormais de l'intérêt du coin de l'œil, elle se sentit rapidement soulagée.
- « Nina est partie en salle d'opération. »
Je hochais la tête, avant de m'attarder sur les deux jattes de café fumantes que Paul tenait à la main. En voyant que j'y portais un certain intérêt, il finit par m'en tendre une. J'enlevais ma main du muret – désormais remplie de poussière blanche, pour pouvoir m'en emparer.
Alors que le liquide chaud emplissait désormais mon corps, j'écoutais silencieusement les moindres bruits alentours, que je n'étais plus capable de produire moi-même. Je semblais avoir laissé ma voix dans la chambre de Tom, avec le reste de ma dignité.
Je sentais le regard de Paul sur mes épaules. Les bruits se faisaient finalement moins agaçants que ce silence qui s'instaurait entre nous. Il ne m'avait pourtant pas dérangée lorsque j'étais seule, mais maintenant, j'avais l'impression de lui devoir quelque chose.
- « Où est Erica ? » demandai-je d'une voix mal assurée.
Mes doigts bougeaient sans arrêt contre le gobelet pour leur éviter de se brûler, et ce, malgré la fine couche de poussière qui me donnait l'impression d'être protégée. Mais la température extérieure entretenait pourtant déjà très bien celle de ma peau.
- « Elle est restée avec... son fils. J'ai cru bon de leur laisser un peu d'intimité, avant l'opération.
- Tu as bien fait.
- Tu es passée voir Nina, avant qu'elle ne parte ?
- Oui. J'ai essayé de lui parler de choses futiles, pour la rassurer. Mais je voyais bien qu'elle avait l'esprit... ailleurs. » lâchai-je, le regard dans le vague.
Après tout, sa chambre était juste en face.
- « Elle était très angoissée avant de venir ici. C'est normal, me rassura Paul.
- Hum, je ne pense pas que ce soit à cause de ça. Je le sais, parce que je vois actuellement la même chose dans tes yeux. »
Je venais d'oser un regard vers Paul, qui baissa le sien vers son gobelet de café. Ils n'avaient peut-être pas eu le temps d'avoir une discussion de fond tous les deux, mais il ne fallait pas être devin pour voir qu'il désirait dire tout haut, ce que tout le monde pensait tout bas depuis trop longtemps.
Ces mêmes questions qui me collaient à la peau depuis mon enfance, et que même Nina avait préférées oublier.
- « Je suis désolé Kerrie, j'étais loin de me douter de l'ampleur de toute cette histoire.
- Nina ne t'a pas fait part de son ressenti ?
- Eh bien, ce que je pensais n'être que des coïncidences un peu étranges, était en fait bien plus révélateur que prévu.
- Des coïncidences, dis-tu ?
- Nina m'a dit que la tête de ce garçon lui était familière. »
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À portée de main [en longue réécriture...]
Fiction générale« Le temps n'a jamais été notre ennemi. Plutôt notre ami. » Kerrie Heckwood venait de trouver un job de fleuriste en alternance avec ses cours à la faculté. Elle espérait que ce travail l'aiderait à pallier à ses problèmes fréquents, qu'ils soient i...