L.A, 25 août 2000.
*Flash-back: 21 août 2000*
[Dans ce chapitre, Nina est la narratrice]
Je m'accrochais vivement aux accoudoirs de mon fauteuil, comme si la force de mes petites mains frêles allait me permettre d'arrêter son mouvement, et m'empêcher d'aller jusqu'à ce café en plein centre-ville.
Je levais la tête vers Paul, qui continuait de me pousser, me rapprochant un peu plus de ce lieu où je n'avais pas envie d'aller. Mais ce dernier se contenta de m'adresser son sourire le plus rassurant, au point que j'en arrive à me demander si je n'étais pas en train d'exagérer.
Seulement, mon manque d'envie d'être dehors irradiait tout le périmètre autour de moi, et me rappela instantanément à l'ordre. Peut-être était-ce pour ça que les gens me jetaient des coups d'œil curieux, depuis que nous étions sortis de la voiture ? C'étaient ces coups d'œil un peu honteux de leur part, signe qu'ils ne savaient pas s'ils devaient continuer de soutenir mon regard, ou s'ils devaient le garder baissé sur leurs chaussures, pour faire comme s'ils ne m'avaient pas vu.
- « Tout va bien se passer, Nina. Respire. »
Mes doigts se déraidirent quelque peu, et mon corps se détendit. Je m'enfonçais tout de même dans le fond de mon fauteuil, en sentant les regards en coin peser contre ma poitrine.
- « Je ne veux pas y aller Paul. Tu peux me ramener à la maison, s'il te plaît ? »
Je n'étais pas sortie aussi loin, depuis des mois. Généralement, lorsque je prenais un peu l'air, je restais aux alentours du pâté de maison. Un peu comme je l'avais toujours fait, avant de vivre chez Paul, sauf qu'aujourd'hui, la vie dehors ne m'attirait plus.
La dernière fois que j'étais sortie dans le centre de Los Angeles, c'était pour aller voir ma mère se faire condamner au tribunal. Cela ne datait que de quelques mois et pourtant, j'avais l'impression que c'était une toute autre période de ma vie ; plus lointaine. À l'époque où j'étais une autre Nina.
- « Ce ne serait pas te rendre service. Je ne ferai pas ça, si je savais que ça n'amènerait à rien, au final. »
Je soupirais. Pourquoi quelqu'un voudrait m'aider ? Même ma propre sœur était à court d'idée. Je voyais bien qu'elle commençait à désespérer, à chacune de ses visites. Elle avait beau n'en avoir manqué aucune durant les vacances d'été, je savais qu'elle n'était pas prête à se résigner.
À ses risques et périls.
Je n'osais pas lui dire d'arrêter. Je savais que ce serait vain, et quelque part, cela me procurait un peu de bien-être. J'étais rassurée de voir que ma grande sœur m'aimait et qu'elle était prête à tout pour moi, même si nous n'osions pas nous avouer que c'était vain.
C'était sûrement notre manière à nous de nous estimer jusqu'au bout, et de prouver qu'on avait trop de respect l'une envers l'autre, pour nous abandonner à notre propre sort. Et le point positif de cette histoire, c'est que nos liens s'étaient véritablement ressoudés.
Au moins, Esteban ne serait pas mort pour rien.
- « Pourquoi sommes-nous obligés de nous rendre aussi loin ? »
Je captais le regard d'un conducteur arrêté devant un feu tricolore. Dès qu'il me vit, il tourna instantanément le regard vers son pare-brise, guettant le panneau lumineux avec un certain intérêt, comme s'il s'était agi de la chose la plus passionnante qu'il n'ait jamais vu à ce jour.
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À portée de main [en longue réécriture...]
General Fiction« Le temps n'a jamais été notre ennemi. Plutôt notre ami. » Kerrie Heckwood venait de trouver un job de fleuriste en alternance avec ses cours à la faculté. Elle espérait que ce travail l'aiderait à pallier à ses problèmes fréquents, qu'ils soient i...