XXIX

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L.A, 02 juillet 2000.

[Dans cette partie, Tom est le narrateur.]

On toqua à la porte de ma chambre d'hôtel. Bien trop énergiquement pour un début de matinée. A moins que ça en soit la fin ? Je ne m'en souvenais plus très bien. Il y avait beaucoup de choses pour lesquelles les souvenirs étaient flous, depuis hier soir. Seule cette affreuse migraine qui surplombait ma tête me permettait de tisser un lien.

En revanche, j'allais être loin de pouvoir oublier le rêve que j'avais fait cette nuit.

Je décidais malgré tout de ne pas me rendormir ; je m'étirais furtivement en grommelant, avant de revêtir mon peignoir blanc et de me diriger vers la porte, tandis que la personne derrière se faisait de plus en plus insistante.

-« Oui, j'arrive ! » tempêtais-je

Je m'étirais une dernière fois avant d'aller ouvrir, tandis que les bruits cessèrent face à ma demande sous-entendue. Le plancher se mit alors à trembler légèrement, due à une certaine pression exercée par des pieds qui se contentaient de frôler le sol. Seulement, ma tête était trop encombrée pour me permettre de réfléchir plus longtemps à la nature de ces flexions continues.

Alors que j'avais la main sur la poignée, des bribes de mon rêve encore dans un coin de mon esprit, une tornade blonde surexcitée se jeta à mon cou, une fois la porte ouverte.

Encore un peu sonné, ma migraine plus présente que jamais, je refermais mon étreinte sur Edwige, qui me serrait du plus fort qu'elle le pouvait.

-« Ça y est, c'est le grand jour ! Je vais enfin savoir ! » s'exclama-t-elle

Elle finit par se détacher de moi, pour détailler mon visage encore endormi et sembla soudainement un peu gênée, en voyant qu'elle s'était montrée peut-être trop avenante et intrusive, d'un seul coup.

-« Oh, je t'ai réveillé n'est-ce pas ?

- A peine, ricanais-je.

- Désolée, vraiment ! Mais j'étais trop impatiente, je ne pouvais pas attendre. Et je n'osais pas appeler Kerrie, vu que de ce côté-là, on est en compétition !

- Attends... Mais tu parles de quoi là, en fait ?

- Eh bien ! Des résultats des partiels ! Savoir si on a réussi notre année ! Oh non, Tom, ne me dit pas que tu as oublié ! Je t'en parle depuis une semaine ! C'est super important pour moi !

- Ah oui... Mais il est à peine neuf heures, tu ne m'as pas dit que les résultats étaient affichés en fin de matinée ?

- Tu me connais voyons ! Tu sais que j'aime m'y prendre à l'avance. » fit-elle en m'adressant un clin d'œil

Non, il y avait certaines choses que je ne saisissais définitivement pas. Ou du moins, que je ne cherchais pas à comprendre.

A vrai dire, je ne savais toujours pas pourquoi Edwige ressentait ce besoin d'être en compétition avec Kerrie, au point d'en oublier de vivre, au sens où elle l'entendait. Toutes les deux étaient très intelligentes ; les meilleures de leur promotion et elles n'avaient rien à envier à quiconque.

Sauf à elles-mêmes, visiblement.

Depuis la conversation que j'avais surprise chez Edwige, il y a plusieurs jours, nos rendez-vous s'étaient faits plus rares. Surtout parce qu'elle avait allégé son emploi du temps, uniquement dans le but de le consacrer à ses révisions.  J'en avais donc profité pour faire le vide dans mon esprit, continuant de me demander si je devais intervenir ou faire la sourde oreille.

À portée de main [en longue réécriture...]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant