XVIII

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L.A, dans la soirée du 13 juin 2000.

[Dans ce paragraphe, Tom est le narrateur.]

-« Je vais aller auprès d'elle. » déclara Henry

Il commençait à se diriger vers la forêt, mais Edwige le retint sèchement par le bras, le forçant à faire volte face.

-« Laisse là. Elle a dit qu'elle avait besoin d'être seule. »

Le grand dadais soupira. Le même son rauque et agaçant qu'il laissait échapper à chaque fois que je daignais sortir une phrase. Le genre de réaction qui me laissait comprendre que lui et moi, on ne pourrait jamais s'entendre sur quoique ce soit. Cela tombait bien, je ne le portais absolument pas dans mon cœur. Bien trop hypocrite et confiant dans ses gestes. Un homme qui convenait parfaitement à Kerrie, en soit !

Henry croisa ses bras sur sa poitrine et déclara de manière irrité:

-« Écoutez, cette situation ressemble à toutes les autres. Et j'en ai marre de la vivre. À chaque fois, je suis dans une posture très délicate et je dois prendre sur moi pour ne pas exploser. Mais ma patience a des limites, vous savez ! »

Je levais les yeux au ciel, me semblant immédiatement visé par sa remarque. Tandis qu'Edwige nous fixait par alternance, à moitié concernée.

-« Comme si on le faisait exprès.

- Je vais finir par le croire, oui.

- Croyez-moi, ça ne m'amuse plus du tout. J'ai arrêté de jouer à ces jeux là. Je préférais me savoir à l'autre bout du pays qu'en votre compagnie, Kerrie incluse.

- Bon... Visiblement, personne ne s'aime beaucoup ici. Mais c'est mon anniversaire et je n'ai pas envie de me prendre la tête. Cette présentation est un échec cuisant et je m'y reprendrai à deux fois avant de recommencer. Mais que diriez-vous d'unir nos haines et d'aller boire un verre en compagnie des autres étudiants. J'ai vraiment besoin de me changer les idées. » intervint Edwige, exaspérée

Je me tournais vers la reine de la soirée qui me zieutait d'un air implorant, mettant tous ses espoirs de mon côté. Seulement, après le plan foireux de ce soir, je n'avais aucunement envie de faire le moindre effort pour quiconque. Ce n'était pas elle la plus à plaindre. Et j'avais beau regretter les damages encourus, je n'en étais pas moins prêt à vouloir essayer d'arranger les choses.
C'était peut être l'égoïsme légendaire dont faisait référence Kerrie.

Malheureusement, le grand bourge ne semblait pas de cet avis, et l'appel de l'alcool semblait plus urgent que nos différends actuel. Étais-je réellement le seul conscient de la réalité des événements ? Et depuis quand faisait-il les choses pour Edwige ? De ce que j'avais pu comprendre, il ne s'aimait pas beaucoup, également.

-« Merveilleuse idée ! J'ai bien besoin de noyer mon agacement dans un bon verre de scotch. »

La jeune femme acquiesça, à moitié satisfaite. Et bien que j'évitais son regard, je vis du coin de l'œil qu'elle s'était tournée vers moi, attendant une quelconque réaction de ma part. La réaction la plus importante pour elle, sûrement.

-« Tom, tu viens ?

- Avec lui là ? Plutôt crever ! » fis-je en désignant Henry d'un geste de menton.

Edwige fronça les sourcils, habitée par un sentiment de mécontentement soudain. Son discours sur l'ambiance festive et la tolérance d'autrui me revint soudainement en tête. Visiblement, il ne s'appliquait pas qu'à Kerrie.
Je respirais abondamment, et me tournai vers Edwige, en lui adressant mon sourire le plus radieux, qui devait retranscrire tout l'agacement qui se tramait en moi.

À portée de main [en longue réécriture...]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant