XXVI

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L.A, 21 juin 2000, au soir

Après que l'infirmière ait terminé de me prélever une bonne partie de mon sang, elle me tendit un pansement et un morceau de coton pour cautériser la petite plaie. Elle rangea les tubes dans un bac adapté, avant de me lancer solennellement :

-« Les résultats seront directement transférés à l'hôpital de votre sœur. Ils vous enverront un courrier pour vous tenir au courant, dans la foulée. Pouvez-vous nous fournir une adresse fiable pour nous aider à remplir le dossier et à laquelle livrer les résultats, je vous prie ?

- Oui, bien sûr. »

J'arrachais une page de mon agenda et inscrivit l'adresse de ma mère sur le morceau de papier. Je le tendis à l'infirmière qui le glissa à côté de mes tubes en m'adressant un sourire crispé. Puis elle riva son regard vers Tom qui fixait ses chaussures, désormais bien impatient de partir. Elle soupira en voyant qu'il ne changerait pas d'avis.

-« Bien, vous pouvez libérer le lit. Bonne continuation à vous.

- Merci de nous avoir accordé votre temps. Bonne soirée.

- Aucun souci, c'est mon travail. »

Elle finit par s'éloigner, non sans nous accorder un signe de tête courtois, pour accueillir une mère et son enfant qui souffrait visiblement de forte fièvre et de maux de ventre, tant il se le tenait avec conviction. Désormais, elle en avait fini avec nous pour de bon.

Mais je n'y accordais pas plus d'intérêt, puisque je portais à nouveau mon attention sur Tom, toujours absent. Il semblait penser à un sujet qui le contrariait particulièrement et cela faisait déjà plusieurs minutes qu'il semblait bien loin dans ses réflexions.

-« Tom ? »

Il se redressa subitement, sorti de ses tourments lorsqu'il m'entendit le héler. Il m'adressa un sourire gêné, tout en se grattant le haut du dos.

-« Désolé, je m'étais assoupi. Tu as fini ?

- Oui. Merci pour ton fameux soutien si primordial.

- J'avais l'esprit ailleurs, navré. J'avoue que sur ce coup-là, ma présence n'a pas été très bénéfique, alors que j'étais venu pour ça, à la base. Excuse-moi.

- Bon, explique-moi ce qui se passe Tom. Tu es au courant pour ma sœur... T'as tenu à m'aider sans mon autorisation. Et comme toi et moi on joue à ce jeu du "on est quitte", je pense qu'à présent, tu me dois une faveur. »

C'était dit assez maladroitement, parce que je n'osais pas avouer que son comportement me laissait perplexe. A chaque fois que j'avais dit être touchée par ce qui se passait dans sa vie, il m'avait ri au nez, me rappelant à quel point j'étais insignifiante à ses yeux, désormais.

Mais il continuait de se confier à moi. Comme si je demeurais au courant de tout.

Je ne l'avais pas vu aussi tourmenté depuis le dernier Noël que nous avions passé ensemble. Sauf que ces raisons me paraissaient beaucoup plus obscures, ici. Et semblaient m'échapper, bien que j'eusse ma petite idée derrière la tête.

Tom s'était contenté d'avoir deux sources de bonheur et d'intérêt dans sa vie, lorsqu'il était plus jeune : sa famille et moi. Ses deux seules sources d'inquiétudes potables, également.
Mais se rappeler le bon vieux temps n'avait jamais paru aussi délicat vu les tensions qu'il y avait entre nous et nos familles respectives. Surtout lorsque ces deux conflits d'intérêt étaient capable de faire tourner son quotidien au cauchemar. Et en même temps.

Je m'étais penchée vers le visage du blond, en voyant qu'il ne me répondait pas. Mais il finit par se redresser lentement, comme s'il avait eu une révélation soudaine. Puis, il hocha la tête :

À portée de main [en longue réécriture...]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant