XXXIX

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L.A, 8 septembre 2001

Un an était passé, et la vie avait suivi doucement son cours. C'était une année calme, peu rythmée par les péripéties et les surprises, qui avaient permis à tout ce qui s'était ancré malgré tout de se concrétiser sérieusement.

Certains auraient pu trouver mon mode de vie ennuyant. Je le trouvais plutôt reposant, surtout que j'avais pleinement conscience de la chance qui avait tourné pour moi. J'avais un travail qui me plaisait, à côté de mes études que je réussissais enfin à suivre dans de bonnes conditions et qui me permettaient d'exceller encore plus qu'avant, pour espérer accéder au travail de mes rêves.

J'étais également entourée de personnes qui avaient arrêté de me tirer vers le bas, malgré la pression qu'il pouvait y avoir à l'extérieur et dont nous ne tenions plus compte. Nous évoluions ensemble, avec des objectifs communs et l'envie de nous élever toujours plus haut, pour oublier que ceux qui nous avaient gardés cloués au sol étaient restés sur la terre ferme pour nous regarder nous envoler, et pouvoir se chercher d'autres personnes à maintenir.

Dans l'équation, je comptais évidemment Henry, avec qui nos relations commençaient à devenir sérieuses. Depuis son retour du Mexique, nous avions passé du temps ensemble plus que jamais, et avions commencé à envisager la possibilité d'un avenir commun. En effet, Henry venait d'obtenir sa licence, et avait été admis haut la main dans son école de droit, après avoir passé son examen d'entrée pour commencer à préparer son Juris Doctor et espérer se spécialiser un peu plus, jusqu'à l'examen final du barreau.

Venant d'entamer ma troisième année de premier cycle, je l'encourageais plus que jamais à concrétiser ses projets. Je savais que le droit civil l'intéressait, en particulier la branche du droit des familles. C'était plus facile pour nous de savoir vers quoi se diriger, en sachant que nous avions les mêmes objectifs et la même vision des choses, notamment sur notre assiduité au travail. Ainsi, j'étais confortée dans la suite de notre vie commune, notamment sur l'organisation de celle-ci que j'avais l'impression d'enfin maîtriser totalement. Et tout ça, c'était parce que Henry était à mon écoute et à celui de mes besoins.

Et s'il m'arrivait malheureusement de douter lors de ces moments de remises en question nécessaires, je pouvais compter sur le soutien sans faille de Tom, dont son amitié profonde m'était parfois d'un grand secours lorsque j'avais besoin d'équilibre. Il arrivait à Henry d'être pudique dans sa manière d'être, signe que nous avions encore beaucoup de temps pour nous découvrir. Et comme notre crédo s'apparentait à nous respecter l'un l'autre, je ne désirais pas aller à contre-courant.

C'était vrai, après tout. Tout s'était toujours fait naturellement avec Tom. Il aimait discuter de la pluie et du beau temps, au point de me faire oublier la raison pour laquelle nous avions commencé à parler. Et quand bien même il se pouvait qu'elle ait décidé d'être coriace, Tom arrivait toujours à trouver les mots qu'il fallait pour dédramatiser la chose suffisamment longtemps pour me faire réaliser à quel point ma vie se portait mieux, à présent.    

Tom travaillait également avec acharnement pour obtenir tous ses diplômes. Lui aussi était rentré en troisième année dans l'une des universités de Los Angeles, dans son cursus de pré-médecine. L'an prochain, si tout se passait bien, il entamerait sa dernière année et pourrait prétendre à l'examen national d'entrée à la faculté de médecine, ainsi que tout un tas d'autres examens oraux et écrits qui lui mettaient la pression, à tel point qu'il commençait déjà à tout anticiper.

Fort heureusement, il avait déjà gagné des points à coups sûr en ayant obtenu un stage dans une clinique pendant les grandes vacances, jusqu'à la fin septembre. Il voulait se débrouiller seul, sans que le nom de son père ne vienne lui causer de soucis, ou au contraire, lui donner de passe-droits. C'était le seul domaine où il voulait exceller sans l'aide de personne, pour que rien ne vienne encrasser cette promesse qu'il m'avait faite, mais qu'il s'était surtout fait à lui-même.

À portée de main [en longue réécriture...]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant