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L.A, dans la nuit du 7 mai 2000.

Un sursaut. Un seul. Ce fut suffisant pour me réveiller de la torpeur et du demi-sommeil dans lequel je semblais me trouver depuis un certain moment. 

Je ne semblais en avoir pris conscience qu'à l'instant. J'avais temporairement oublié quel jour nous étions et quelle heure il était. Mais le temps que je me mette à paniquer, quelques détails m'étaient rapidement revenus à l'esprit.

Je décidais de jeter un coup d'œil aux alentours et constatais alors, ahurie, que je n'étais plus dans le bar dans lequel j'étais censée passer la soirée, mais bien dans une chambre d'hôtel qui me paraissait totalement inconnue et dans laquelle je n'aurais jamais eu l'idée d'y mettre les pieds, par mes propres initiatives.

Elle était plongée dans l'obscurité. Simplement éclairée par les éclats de lune et de néons, à travers les stores entrouverts, ce qui n'allait pas m'aider à me familiariser avec l'endroit, si j'avais toutefois le moindre doute sur son identité.

J'étais recroquevillée dans un king-bed recouvert d'un édredon, très confortable, et d'une couette bien épaisse dans laquelle j'étais emmitouflée. 

Je fis mollement échapper mes bras de ma prison cotonneuse, les laissant pendre sous la couette. Jusqu'à m'apercevoir que mon corps était désormais agrémenté d'un peignoir, par-dessus la robe verte et froissée d'Edwige.

Je ne semblais pas avoir les idées suffisamment claires pour m'être immédiatement rendue compte que je me trouvais dans une chambre d'hôtel. Voire pour me souvenir m'y être rendue seule.

Une magnifique pièce que je n'avais malheureusement pas les moyens de me payer.

Cette pensée me traversant l'esprit, je me levais aussitôt pour me rendre près de la fenêtre, afin d'avoir une meilleure vision et peut-être réussir à m'orienter, grâce aux rues californiennes que je connaissais plutôt bien.

Mais c'était sans compter les violents vertiges qui vinrent soudainement m'assaillir, avant que je n'atteigne ma cible.

Je vis brusquement des dizaines de petites taches noires obscurcir ma vue, tandis que mes jambes se mettaient à flageoler, menaçant dangereusement de me faire chuter. Comme si elles n'avaient plus la force de supporter le poids de mon corps, tel un affreux fardeau que l'on se forçait à traîner.

Je dus me résoudre à me recoucher, m'enroulant à nouveau dans la couette épaisse, alors qu'une sévère migraine s'était officiellement emparée de ma tête. Engendrant des nausées qui allaient vite devenir ma source de torture primaire.

Celles-ci devenaient de plus en plus insupportables, de plus en plus présentes. J'avais beau lutter, je savais rapidement que j'allais perdre le combat et que mon mental ne parviendrait pas à les stopper. Elles me murmuraient vilement à l'oreille que j'avais besoin de me vider, de battre en retraite. Que j'étais trop faible pour le supporter.

Je n'eus pas le temps de réfléchir plus longtemps ; mon mental m'avait définitivement lâché. Je me précipitais vers la pièce adjacente la plus proche, priant pour qu'il s'agisse des toilettes ou de la salle de bains, avec ceux-ci inclus.
Heureusement pour moi, mon souhait fut exaucé. Je pus enfoncer ma tête dans la cuvette et vomir toutes mes tripes, tranquillement.

Je finis par me redresser temporairement, éreintée, avec la sordide impression de me sentir encore plus mal qu'avant. Autant au niveau physique que moral. Je n'avais pas réussi à m'empêcher de vomir. Je n'avais même pas la force d'atteindre la chasse d'eau. 

Je ressemblais à une loque.

Que m'était-il arrivé pour que je sois dans cet état-là ? Pour que j'en arrive là, à me réveiller dans une chambre qui n'était pas la mienne, avec cette envie de mourir qui me collait à la peau ?
Parce que le pire dans toute cette histoire, c'était l'incapacité à répondre à mes propres questions qui s'était emparée de moi ; je ne me souvenais d'absolument rien et ma mémoire semblait m'avoir lâchée. Le trou noir absolu.

À portée de main [en longue réécriture...]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant