L.A, 14 juin 2000
-« Répète-le-moi. »
Le silence était pesant dans la voiture, jusqu'à ce qu'Henry se décide à sortir cette phrase cinglante. Elle n'avait pourtant rien de particulier, et il l'avait dit de manière si posée et si sereine – à sa manière en quelque sorte, que cette petite phrase inoffensive, sortie de sa bouche, prenait tout son sens.
Elle sonnait fort à mes oreilles, elle me narguait, elle fanfaronnait. Elle était fière de me faire culpabiliser alors qu'il n'y avait rien eu. Je le savais très bien, mais je ne pouvais m'empêcher de me sentir coupable. Était-ce donc si anodin que ça ?
Pourtant, je réussis à garder mon sang-froid face à un Henry de marbre, quoique légèrement stoïque.
Je tournais lentement la tête vers lui, essayant de soutirer son regard. Si je continuais d'éviter une confrontation, il continuerait de croire que j'étais coupable de quelque chose.
Or j'essayais tant bien que mal de me persuader que je n'avais rien à me reprocher.
Il fixait sa route, sans même me jeter un coup d'œil. Mais je savais que mon visage était dans son champ de vision, et qu'il m'avait vue. C'était donc lui qui voulait éviter une confrontation.
Décidément, les voyages en voiture ne nous réussissaient pas. L'ambiance était bien trop similaire à celle de l'aller. Sauf que là, je sentais que ce serait bien plus difficile d'arranger la situation, tournée au quiproquo.
Je pris mon inspiration, et essayai de répondre de manière aussi posée que lui, bien que son calme légendaire était propre à lui-même. Mais avec la fatigue de cette nuit et mon sang-froid, j'aurais eu du mal à être énergique aujourd'hui, de toute façon.
-« Il ne s'est rien passé entre Tom et moi, cette nuit. Absolument rien. » finis-je par déclarer
Je vis alors Henry fermer ses paupières, le temps d'une seconde, avant de lâcher un soupir rauque. Je ne savais pas s'il soupirait parce qu'il était rassuré ou parce qu'il n'arrivait pas à me croire. Disons que la manière dont il m'avait retrouvé dans les bois ce matin, avait dû porter à confusion et me laissait présager qu'il s'agissait de la deuxième option.
Le trouble avait dû parsemer son esprit, encore plus que d'habitude, ce qui était compréhensible. Le destin faisait que Tom et moi nous retrouvions toujours au même endroit, au même moment, et cela commençait à irriter sérieusement Henry. Il devait se demander comment il m'était impossible de résister à ce qui avait été possible. Mon amour de jeunesse, mon meilleur ami avec qui le destin ne voulait décidément pas que j'en finisse.
Et puis, tout était allé si vite entre nous... C'était si différent de Tom où nous avions attendu des années avant d'enfin oser, pour si peu en profiter. Après réflexion, Henry et moi nous connaissions à peine. Certes, nous en apprenions un peu plus chaque jour l'un sur l'autre, et nous voulions faire les choses en douceur, mais c'était si peu pour le moment. Nous ne connaissions que la surface de l'autre.
C'était d'ailleurs ce détail qui me faisait m'interroger sur l'attitude d'Henry. Pourquoi semblait-il aussi crispé d'un coup ? Pourquoi toute la confiance qu'il avait en moi s'emblait s'être évaporée à l'instant où il m'avait vue – une énième fois, en compagnie de Tom ? Je n'avais pourtant pas changé d'avis pendant la nuit, et nos retrouvailles s'étaient passées dans la bonne humeur et le soulagement. Mais dès que nous fûmes seuls, le visage d'Henry s'était soudainement assombri.
Je le savais, c'était toujours lui que je voulais, et même après avoir discuté avec Tom toute la nuit, je n'en avais jamais douté.
Lui seul, semblait en douter. Peut-être voyait-il des choses qui m'échappaient. Peut-être était-il au courant de choses à mon sujet qui l'avait peut-être refroidi. Après tout, je m'étais absentée si longtemps, et il avait le visage de quelqu'un de pensif, qui semblait faire le point... Et tout le monde savait que les rumeurs fusaient dans ce genre de soirée. Surtout dans celles d'Edwige.
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À portée de main [en longue réécriture...]
Ficción General« Le temps n'a jamais été notre ennemi. Plutôt notre ami. » Kerrie Heckwood venait de trouver un job de fleuriste en alternance avec ses cours à la faculté. Elle espérait que ce travail l'aiderait à pallier à ses problèmes fréquents, qu'ils soient i...