L.A, dimanche 7 mai 2000.
Un flot de panique vint soudainement me submerger.
Les faits étaient là. Henry avait vu mes hématomes.
Mais que pouvais-je faire de plus ? Je ne pouvais pas nier ; parce qu'il les avait déjà vus et ce serait mal perçu. En revanche, si je choisissais de lui en parler, je pouvais mettre en périple l'avenir des jumeaux, ainsi que le mien.Ma mère avait déjà réduit le sien à néant, toute seule comme une grande.
Je connaissais seulement Henry depuis vingt-quatre heures. On avait beau, à l'instant, avoir échangé un peu sur nos vies, cela ne méritait pas de tout déballer en une seule nuit. Je trouvais même cela un peu expéditif.
Seulement, les preuves physiques empêchaient désormais toute tentative de fuite. Il m'était impossible de mentir, surtout lorsque qu'elles étaient évidentes.
Était-il réellement apte à entendre de lourds secrets douloureux qui me collaient à la peau depuis ma plus tendre enfance ?
Oh, sûrement. C'était toujours excitant d'entendre les faits macabres, propres à chacun. En revanche, personne ne semblait tenir compte des états d'âme du raconteur, le tenant immobile et coincé face à un mur, dans le simple but d'assouvir des désirs trop curieux.
En voyant mon indécision, Henry décida qu'il était temps de briser la glace.
- « Écoutez Kerrie, je comprends que vous ne vouliez pas m'en parler. Ne vous en sentez pas obligée. On ne se connait pas vraiment, c'est tout à fait compréhensible. Ce genre de sujet peut être difficile à aborder, et je ne veux surtout pas jeter de l'huile sur le feu. J'ai juste trouvé ça... alertant. Je pensais que vous aviez peut-être besoin d'aide. »
Je ne répondis pas, le regard rivé vers la moquette. Voilà qu'il essayait de me prendre par les sentiments, en s'imposant. Il n'avait pourtant pas été invité à observer ce genre de détail disgracieux, et j'avais un peu l'impression de m'être faite surprendre dans mon intimité.
Il sembla sceptique face à mon silence et esquissa une moue perturbée. Il finit tout de même par lâcher :
- « Je sens que je vous ai offensée. Je vais vous laisser dormir, je crois. Vous n'êtes pas dans votre assiette, et vous inciter à parler dans des moments pareils ne serait sûrement pas une bonne idée. Bonne nuit Kerrie, j'espère vous revoir demain matin. » déclara-t-il en se levant du lit.
M'inciter à parler.
Quelque chose commençait à m'échapper dans son attitude. Il s'était mis dans la tête qu'il ne repartirait pas les mains vides. Peu importe comment il obtiendrait les informations, le mieux serait de les avoir sans se dédommager.
Et là, les états d'âmes du raconteur étaient définitivement enterrés six pieds sous terre.
Le fait de me laisser seule en faisait partie. Le simple fait d'attendre que je le retienne, d'être séduisant et de le savoir, n'avait pas besoin de déduction supplémentaire.
Dans quel but cherchait-il à en savoir plus sur ma vie ? Qu'avait-elle de si important pour attirer les convoitises ? À part les jumeaux et anciennement Tom, personne ne savait ce qui m'arrivait. Est-ce que cela pouvait être un moyen de montrer qu'il s'intéressait à moi ? D'une bonne manière ?
J'étais perdue. Peut-être que la séduction y jouait beaucoup, mais personne n'avait jamais osé me poser la question. Certes, je l'avais toujours caché, mais je n'arrivais pas à le faire avec les preuves psychologiques. Les gens un minimum au courant et concernés, avaient quartier libre pour le comprendre.
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À portée de main [en longue réécriture...]
General Fiction« Le temps n'a jamais été notre ennemi. Plutôt notre ami. » Kerrie Heckwood venait de trouver un job de fleuriste en alternance avec ses cours à la faculté. Elle espérait que ce travail l'aiderait à pallier à ses problèmes fréquents, qu'ils soient i...