Son trésor le plus précieux

Chapitre 22 - Pur bonheur

Dès que son corps rejoignit celui de Lucrèce, Radburn l'entoura de ses bras. Il avait trop attendu pour être patient. Tout naturellement, elle vint se blottir contre lui, lovant sa tête brune sur sa poitrine découverte. Il se gorgea des sensations que lui procurait le souffle chaud exhalé par son aimée, les yeux fermés, prêt à sombrer dans les méandres du sommeil. 

- Radburn ?

Peut-être qu'il n'allait finalement pas se reposer maintenant...

- Hum...

- Quand tu dis que tes hommes et toi vous employez à sauver des esclaves, comment cela est-il possible ?

Radburn n'avait pas spécialement envie de raconter ses missions dans les moindres détails maintenant mais il savait aussi que sa belle avait besoin de réponses. Et le plus tôt serait le mieux. 

- En réalité, nous bénéficions de l'aide d'un homme puissant qui désire rester anonyme pour une question de sécurité. Si la vérité venait à se savoir, il ne pourrait plus agir comme il le fait pour le haut de la société, c'est-à-dire d'une manière extrêmement prudente. Il faut du temps pour changer les mentalités. 

Lucrèce resta pensive pendant quelques secondes avant de reprendre. Lorsqu'il lui avait révélé la vérité quelques heures plus tôt, elle avait étrangement bien réagi, mais maintenant qu'elle avait la tête reposée, un tas de questions lui venait à l'esprit. Et elle ne se sentait pas la force de les retenir jusqu'au lendemain. Pas si cela impliquait d'y réfléchir toute la nuit. Et Lucrèce se connaissait suffisamment pour savoir que c'était exactement ce qu'elle ferait. 

- Mais toi tu connais son identité, n'est-ce pas ?

La réflexion de la jeune femme le fit sourire. Elle savait bien lire en lui.

- Qu'est-ce qui te fait dire cela ?

- Ta façon d'en parler, la lueur qui perçait tes yeux, il y a quelque chose mais j'ignore de quoi il s'agit...

- C'est exact, je connais cet homme...

Lucrèce trépignait d'impatience. Quand bien même elle n'avait certainement jamais entendu parler de ce mystérieux bienfaiteur, elle voulait savoir qui il était. En revanche, Radburn, lui, ne semblait pas pressé d'éclairer sa lanterne.

- Allez ! Dis-moi, enfin ! Qu'attends-tu ? s'écria-t-elle.

Le pirate ne lui répondit que par un éclat de rire qui sonna, contre son gré, merveilleusement bien à ses oreilles. 

- Radburn ! gronda-t-elle alors qu'il ne répondait toujours pas.

- Je n'ai pas le droit de divulguer son identité.

- Même à moi ? La femme que tu aimes ? La mère de ton enfant ? Ta petite perle ?

Lucrèce avait complètement changé d'attitude, voyant que jouer la petite fille boudeuse n'avait pour effet que de l'amuser. Elle espérait que son comportement un peu plus séducteur le convaincrait de partager son secret avec elle. D'autant plus qu'elle devinait le poids qu'un tel mystère devait peser sur ses épaules. Il n'était pas bon de porter un tel fardeau.

- Même à toi, mon amour... Et c'est pour ton bien... et le sien, chuchota-t-il en venant caresser son ventre rond.

Dès que sa main entra en contact avec sa bosse, elle sentit une pluie de frissons courir sur sa peau. C'était si agréable qu'elle faillit oublier ce dont elle était en train de parler. 

- Penses-tu que cela nous mettrait en danger de connaître l'identité de cet homme ?

- Je préfère être prudent, mon amour. Nous ne pouvons pas savoir ce qui arrivera demain. Le moins tu en sais, le mieux tu te porteras.