Chapitre 11 - Conseils et confidences

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Lorsqu'elle ouvrit les yeux, Lucrèce fut désorientée. Un puissant mal de crâne lui vrillait le cerveau si bien qu'elle était incapable de réfléchir correctement. Tout ce dont elle avait conscience c'était de se trouver dans un lit. Heureusement pour elle, la pièce semblait plongée dans l'obscurité, éclairée seulement par la lueur faiblarde d'une bougie. Alors qu'elle tâtonnait maladroitement les draps elle découvrit, avec horreur, une main qui reposait près de l'oreiller. Poussant un cri affolé, Lucrèce s'empressa de sortir du lit pour se saisir du premier objet qu'elle verrait. En l'occurrence, un livre épais à la couverture en cuir. Cependant, une terrible douleur dans son bas-ventre la rappela à l'ordre. 

L'enfant ! Elle avait perdu du sang ! 

L'avait-elle perdu ?

Angoissée à l'idée d'avoir tué son bébé, Lucrèce se remémora les paroles de sa mère et s'exhorta au calme. Pendant ce temps, Adam Cartwright s'avança lentement vers sa jeune patiente.

- Lucrèce, n'ayez crainte, ce n'est que moi, Adam. 

Exhalant un soupir tremblant, Lucrèce reposa son livre et se laissa tomber sur le lit, en pleurs.

- Oh Docteur Cartwright ! Ai-je perdu mon enfant ? s'écria-t-elle tandis que ses larmes sillonnaient ses joues sans discontinuer. 

Peu lui importait la raison pour laquelle il s'était endormi à son chevet désormais. Lucrèce ne souhaitait savoir qu'une chose : son enfant verrait-il le jour dans sept mois ou non ? 

Percevant l'état d'inquiétude dans lequel se trouvait Lucrèce Royer, Adam se précipita vers elle pour la recoucher.

- Votre enfant a survécu, Lucrèce, rassurez-vous ! Cependant si vous ne vous calmez pas immédiatement, les saignements risquent de reprendre et, cette fois, votre bébé pourrait bien mourir.

Cet avertissement eut le don de faire descendre la terrible tension qui avait pris possession du corps de la jeune femme. Soulagée, elle posa une main peu sûre sur son ventre et le caressa délicatement, émerveillée. La petite vie qui grandissait en elle était tenace, à n'en pas douter, au vu des épreuves auxquelles sa mère l'avait confrontée sans le vouloir. La jeune femme ne tenta même pas d'essuyer les gouttes salées quand elle les sentit dévaler ses joues. Frappée par une myriade d'émotions, Lucrèce aurait très bien pu passer du rire aux larmes en quelques secondes. La peur, le soulagement et enfin la joie s'étaient succédé sans répit en elle à tel point qu'elle ne savait plus où donner de la tête. Le plus important, désormais, c'était que le fruit de son histoire éphémère avec Radburn continuait de se développer en s'efforçant de prendre racine.

- Vous avez besoin de vous reposer, Lucrèce. Voulez-vous que j'appelle votre mère ?

L'intervention du Docteur Cartwright eut le mérite de l'extirper de la torpeur dans laquelle elle était plongée.

- Non, cela ira. Merci infiniment Docteur ! Sans vous, qui sait ce qui serait arrivé ?

Un doux sourire s'esquissa sur les lèvres de l'homme qui, tendrement, remonta les couvertures sur le corps de sa patiente.

- Je n'ai fait que mon travail, Lucrèce...

- Vous et moi savons très bien que vous faites plus que votre travail. La preuve en est. Vous vous êtes endormi à mes côtés alors qu'à cette heure vous devriez être confortablement installé chez vous, profitant du calme après une dure journée de travail !

Modeste, Adam baissa la tête.

- Vous avez raison. Je devais néanmoins m'assurer que vous ne perdiez pas de sang, une fois encore. Avez-vous besoin de quelque chose ?

Son trésor le plus précieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant