Chapitre 30 - Confidences sur l'oreiller

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Lucrèce se réveilla sous les caresses délicates de son amant. Elle sentait ses doigts se frayer un chemin parmi ses cheveux et éveiller des frissons délicieux dans tout son être. Une main appuyée sur la poitrine ferme de Radburn, elle redressa les yeux vers son beau visage sculptural. La jeune femme se plut à observer ses traits sérieux alors que l'homme semblait perdu dans ses pensées, la pulpe de ses doigts parcourant toujours la peau nue de sa femme. Lorsqu'il prit enfin conscience du regard de Lucrèce il se tourna vers elle, le sourire aux lèvres.

- Tu es réveillée, ma perle, constata-t-il, les yeux doux.

- Combien de temps ai-je dormi ? 

- Une heure ou deux. 

Il reporta son regard sur le plafond en bois de la cabine, comme si des pensées désagréables occupaient son esprit à son plus grand déplaisir. Contrariée de voir son époux dans un tel état de perdition, Lucrèce remua pour venir déposer de doux baisers sur son torse, son épaule et dans son cou. Un sourire naquit sur sa bouche quand elle le sentit frissonner, signe évident de l'effet qu'elle produisait. 

- Lucrèce, gronda-t-il comme pour protester. 

Alors même qu'elle savait parfaitement que ce n'était pas la raison de son égarement la jeune femme l'interrogea sur l'instant qu'ils venaient de partager.

- Nos retrouvailles n'étaient-elles pas à la hauteur de tes attentes ?

Elle espérait ainsi le faire réagir. Elle le connaissait assez bien pour savoir qu'il détestait qu'elle doute de ses sentiments envers elle. Et ce fut le cas. À peine ces mots prononcés qu'il se détourna du plafond et resserra sa prise autour de sa taille. 

- Bien sûr qu'elles l'étaient ! Et même bien meilleures !

- Alors par quoi ton esprit peut-il bien être occupé pour accaparer toute ton attention ? l'interrogea-t-elle, curieuse et désireuse de l'aider à se détendre. 

Radburn ne répondit pas, refusant d'inquiéter sa femme davantage. Ils avaient déjà affronté une dispute à propos de la lettre alors il était hors de question que ce morceau de papier les déchire à nouveau. Ils auraient tout le temps d'en parler plus tard. Malgré son échec tout ce qu'il souhaitait était de ne se préoccuper que de sa femme. 

- Nous en discuterons demain, mon amour. Il n'y a que toi qui comptes, pour l'heure. 

Cependant, Lucrèce n'était pas décidée à lâcher l'affaire bien que l'idée de passer sa nuit dans les bras de son époux bien aimé la faisait saliver. 

- C'est à propos de la lettre, n'est-il pas ?

La réponse se fit claire dès que le corps de Radburn se raidit sous elle et que son souffle se suspendit. Ne voulant pas gâcher le moment mais convaincue de la nécessité d'analyser la situation, Lucrèce se lança.

- Je me suis emportée et je m'en excuse, mon amour. Ta demande m'a prise au dépourvu et je n'ai pas su réagir avec clarté. Sache que je comprends parfaitement ton choix et que je le respecte. Tu es un homme de valeur, Radburn Cunnington, et ton cœur est trop bon pour que tu ne le réserves qu'à ta famille. Tous ces gens ont besoin de toi, nous ne pouvons pas les laisser à leur triste sort ! 

Lucrèce délivra son message avec toute la douceur et la sincérité qui la caractérisaient. Elle marqua une pause bienvenue à l'approche d'une émotion trop intense qui menaçait de faire craquer sa voix d'un instant à l'autre.

- Je suis simplement terrifiée à l'idée de vivre sans toi ! 

Cette fois-ci, les sanglots ne purent être retenus. Encore émotive suite à sa grossesse, Lucrèce s'effondra contre la poitrine de son époux, les larmes ruisselant sur leur peau. 

Son trésor le plus précieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant