Son trésor le plus précieux

Chapitre 24 - Douce nuit

Lucrèce ne réalisait absolument pas. 

Radburn était-il vraiment en train de la demander en mariage ?

Parce que si tel était le cas, c'était une demande complètement folle ! Jamais de sa vie elle n'avait vu pareille chose. La plupart du temps, au sein des villages, les mariages étaient arrangés entre les familles afin de ne pas trop répartir les terres héritées. La jeune femme n'avait encore jamais vu un homme se mettre à genoux pour une femme. Cependant, Radburn venait de Grande-Bretagne et son père était le frère du Roi alors peut-être que les coutumes étaient différentes. Lucrèce était, certes, bien plus cultivée que toutes les femmes du village réunies, mais, en réalité, au regard de la vastitude du monde, elle connaissait bien peu de choses. Profondément touchée, émue aux larmes, elle s'agenouilla de façon à se retrouver face au pirate. Le corps tremblant de manière incontrôlée, elle se jeta dans ses bras et se mit à pleurer.

- Est-ce un oui, ma perle ? s'inquiéta Radburn qui s'efforça de rassurer sa bien-aimée en la maintenant tout contre son cœur. 

- Bien... bien sûr que c'est un oui, mon amour ! sanglota-t-elle en se reculant, les bras toujours enroulés derrière sa nuque.

Les yeux larmoyants de la jeune femme luisaient d'une nouvelle sorte de bonheur, un qu'elle n'avait encore jamais effleuré, ne serait-ce que du bout des doigts. Radburn lui avait demandé de l'épouser et elle avait accepté. Cela ne pouvait que signifier qu'elle deviendrait bientôt sa femme, aux yeux de Dieu et des Hommes. 

Radburn émit un rire soulagé et rempli de joie. Ses craintes n'avaient plus lieu d'être ! Elle avait dit oui ! Enfouissant sa tête dans le creux du cou de Lucrèce, il laissa aller sa joie. Il la serra fort contre lui, tout en riant et déposant de légers baisers sur sa peau blanche. 

Perdus dans leur étreinte, les deux amants n'accordaient plus aucune importance à ce qui les entourait. Plus heureux que jamais, l'avenir semblait enfin leur sourire. 

Radburn se détacha d'elle afin de lui attraper la main. Les yeux ancrés dans ceux d'un bleu profond de Lucrèce, il lui murmura : 

- Vois en cet anneau le signe de mon amour incommensurable, ma perle. 

Puis il baissa les yeux et lui passa au doigt, bien que ce ne fut pas tâche aisée tant la main de Lucrèce tremblait. La jeune femme, quant à elle, se contenta de hocher la tête. Elle avait à peine essuyé ses larmes et elle savait que si elle avait le malheur d'ouvrir la bouche, ses sanglots reprendraient tant sa gorge était nouée. Décidemment Radburn la faisait passer par tout un tas d'émotions ! Quand elle sentit l'anneau entrer en contact avec sa peau, elle frissonna et sut immédiatement que rien ne pourrait plus les séparer. Elle était à lui, désormais. Tout comme il était à elle. 

- Je t'aime, ma perle ! 

Elle ne pouvait laisser sa déclaration sans réponse alors, bravant ses sanglots, elle s'écria :

- Je t'aime tellement, mon amour !

Comblé, Radburn les releva et la souleva afin de la faire tournoyer dans les airs, ce qui arracha un rire à son aimée. Elle avait dit oui ! Quand il la reposa au sol, il la guida galamment vers la table dressée. Il était temps qu'ils profitent de la soirée que les parents de Lucrèce, Marianne et lui s'étaient évertués à préparer. Une main posée dans le bas de son dos, il admirait les reflets de la lumière des bougies sur ses longs cheveux bruns. La moindre de ses particularités, la moindre de ses caractéristiques le fascinait. Il la vénérait tellement que tous les défauts de la jeune femme ne lui apparaissaient plus que comme d'autres de ses traits à aimer. 

- Prends place, mon amour. 

D'un geste doux, il l'incita à s'asseoir sur une des chaises en bois qui encerclaient la table, avant de s'installer à son tour en face d'elle. Lucrèce observa l'anneau qui ornait son doigt, se disant in petto que l'homme était totalement fou. Sans que ce soit un joyau inestimable, le bijou devait tout de même valoir assez cher.