Chapitre final - Le vrai trésor

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- Ma douce et magnifique épouse... susurra-t-il contre le cou de la jeune femme, en passant une mèche de cheveux derrière son oreille.

Penché par-dessus l'épaule de Lucrèce, Radburn l'observait donner le sein à leur dernier-né, un petit garçon prénommé Alcibiade. Il était venu au monde une semaine plus tôt, en pleine nuit, et depuis, il égayait leur vie de sa présence. Radburn répugnait toujours autant à assister, impuissant, à la souffrance de sa femme mais, comme elle le disait à chacune des naissances de leurs enfants, cela en valait la peine. Leur fils était une pure merveille, magnifique petit ange aux pleurs de démon. Il sourit à cette pensée avant d'enlacer Lucrèce par la taille.

- Comment s'est passée ta journée, cher mari ?

Lucrèce tourna la tête pour le regarder, les yeux pleins d'amour. Ce qu'elle ressentait pour son époux, Lucrèce ne l'avait jamais éprouvé pour personne. C'était fort et puissant, indestructible et éternel. L'amour. Elle en portait à ses enfants, à chacun d'entre eux, mais il était bien différent de celui qu'elle éprouvait pour leur père. Non moins fort mais différent.

- Très bien, ma perle. Et la tienne ?

Radburn avait tenu sa promesse et avait quitté son poste de capitaine. Les quelques années qu'ils avaient passées aux Amériques l'avaient vu occuper le rôle de régisseur pour le compte du Prince héritier du Royaume-Uni. Lucrèce avait été surprise d'apprendre, par le plus grand des hasards, l'identité de leur bienfaiteur. Cependant, quand elle y avait réfléchi cela avait pris tout son sens. Une personne d'aussi grande importance devait absolument rester dans l'ombre pour mener ses actions afin de, par la suite, amener les grands de leur époque à bannir l'esclavagisme. Radburn obéissait donc aux ordres du Prince, qui était d'ailleurs un parent éloigné, et dirigeait la colonie d'une main de maître. Loin du travail d'actions qu'il avait toujours eu l'habitude de mener, son nouveau poste lui convenait. Son aide avait toutefois été requise lors de quelques missions qui se révélaient être plus périlleuses que les autres. Bercée d'inquiétudes, Lucrèce avait néanmoins consenti à le laisser y participer pour le bien du plus grand nombre et pour le remercier, à sa façon, d'avoir renoncé à sa vocation pour sa famille.

Enfin là n'était pas la question puisque dès qu'Alcibiade serait en mesure de voyager, le couple et ses enfants embarqueraient pour Mérille. La famille de Lucrèce lui manquait énormément alors, d'un commun accord, Radburn et elle avaient décidé de rentrer s'y installer.

- Épuisante serait le mot exact mais comment pourrait-il en être autrement avec nos cinq enfants ?

Radburn culpabilisa. D'ordinaire, il était plus présent mais il avait dû s'absenter pour aider aux travaux des champs.

- Je suis navré, ma perle.

- Ce n'est rien, mon amour.

Il admira quelques secondes son fils téter goulûment, les yeux clos avant d'embrasser sa femme délicatement.

- Tu ne peux pas savoir combien je t'aime, lui murmura-t-il.

- J'en ai bien une petite idée...

Elle s'empara de ses lèvres à son tour, profitant de sa présence rassurante et de sa langue entreprenante avant qu'ils ne soient interrompus par leurs aînés.

- Papa ! Tu es rentré !

Un sourire en coin, Radburn se détacha d'elle et se détourna pour prendre sa fille de quatre ans dans ses bras.

- Ma jolie Eudoxie !

Il la fit tournoyer doucement ce qui la fit éclater de son rire enfantin, si communicatif qu'il fit pouffer Lucrèce.

- Papa, moi aussi, s'il te plaît ! le supplia Achille, qui du haut de ses six ans, était le portrait craché de son aîné, Hector.

Achille était né trois mois après que Radburn prit la décision de ne plus partir en expédition. Il devait son prénom au célèbre héros de la guerre de Troie ayant tué Hector... Encore un clin d'œil des parents envers les prénoms porteurs de malheurs. Un second petit garçon qui avait été conçu par la fièvre insatiable de ses parents. Lucrèce s'empourpra en se remémorant cette nuit qu'elle avait passée dans les bras de Radburn à bord du Princesse Andromède... Inoubliable... Comme la toute première. Il fallait croire que ce bateau était un faiseur de miracles. Par deux fois, il avait été le lieu de conception de leurs enfants !

Radburn, après avoir fait tourner sa petite fille quelques fois supplémentaires, la déposa précautionneusement sur le sol pour s'emparer de son frère.

- Et vous, mes amours, que voulez-vous faire ?

Lucrèce s'adressait à Hector qui tenait fermement la main de Hercule. Le petit bonhomme de trois ans s'échappa bien vite de l'emprise de son grand frère pour venir se blottir contre les jupes de sa mère. Hector, quant à lui, adressa un sourire à celle qui lui avait donné le jour avant de l'embrasser sur la joue. Lucrèce le serra contre elle en lui chuchotant à quel point elle était fière du grand frère qu'il était puis se concentra sur Hercule.

- Hercule, mon cœur !

La jeune maman caressa les boucles brunes de son fils, attentive. Elle adorait recevoir pareille marque d'affection. Ses enfants étaient sa plus grande fierté. Ils étaient la preuve vivante de son succès. Ils signifiaient qu'elle avait atteint son rêve. Se marier avec l'homme qu'elle aimait et qui lui donnerait de beaux enfants.

Assailli par trois de leurs enfants, Radburn vint prendre place à ses côtés.

- As-tu vu la belle famille que nous avons construite, ma perle ?

- Comment ne pas la voir ? Nos enfants sont magnifiques.

- Merci, mon amour, pour tout ce que tu as apporté dans ma vie.

- Merci, à toi, mon pirate. Si tu n'avais pas fait escale ce jour-là, nous ne serions pas assis tous les sept dans ce petit coin de paradis face à la mer...

Hector, Eudoxie et Achille sur les cuisses, Radburn enserra la taille de son aimée pour l'embrasser passionnément. Il tendit les bras pour s'emparer d'Alcibiade et le berça tendrement, parsemant son visage de baisers. Et comme il ne manquait plus que lui pour recouvrir le corps de son père, Hercule se fraya un passage parmi ses frères et sœurs.

- Mon cher amour ! Te voilà enseveli ! s'esclaffa Lucrèce, sincèrement amusée.

Les yeux rieurs de son épouse lui firent esquisser son sempiternel sourire malicieux alors qu'une idée germait dans son esprit très fertile.

- Pas complétement. Il me reste encore de la place pour toi !

Sans qu'elle ne vit rien venir, la jeune femme se retrouva à moitié couchée sur son époux qui veillait soigneusement au bien-être de leurs enfants. Tous se mirent à rire à l'unisson.

C'était cela le vrai bonheur, son véritable trésor, se dit Radburn. Et chaque jour que Dieu ferait, il le chérirait de tout son corps, de toute son âme, et le plus important, de tout son cœur.

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Bonjour tout le monde !

Voici venu le temps de faire vos adieux à Lucrèce et Radburn !

J'espère de tout cœur que cette histoire vous aura plu !

À bientôt !

Phantom Rider

Son trésor le plus précieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant