Chapitre 3 - À la belle étoile...

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La bouche de Lucrèce forma un « o » parfait quand elle atteignit le milieu du pont. D'ici, la vue était incroyable. La mer, aussi noire que les ténèbres, s'étendait à des miles. Et la ville fourmillait de petits points jaunâtres semblables à des centaines de lucioles.

- Cela vous plaît-il, ma perle ?

Sa fascination ayant presque occulté la présence pourtant imposante de l'homme, Lucrèce sursauta avant de lui faire face. Elle sentit une chaleur désormais coutumière envahir ses joues mais, heureusement, le pirate n'en vit rien, tant la noirceur environnante était épaisse.

- C'est impressionnant ! Je ne m'attendais pas à voir pareil spectacle.

Attendri par la remarque de la jeune femme, Radburn se confia pour la première fois de son existence.

- Vous savez, c'est une des raisons qui m'ont poussé à devenir pirate... La nuit en mer, rien que l'obscurité, le calme...

Lucrèce ne pouvait pas dire qu'elle connaissait parfaitement la navigation mais elle était pratiquement certaine que les nuits n'étaient pas particulièrement paisibles en pleine mer.

- Mais vous auriez tout aussi bien pu profiter de cette... sérénité en devenant corsaire, non ?

Radburn avait remarqué la perplexité de sa jolie perle quant à son activité mais toujours hésitant vis-à-vis d'elle, il s'abstint de s'étendre sur le sujet.

- La mer n'est pas toujours tranquille, c'est vrai, mais je me gorge de ses changements d'humeur, ma perle. Je ne suis pas un homme fait pour la terre ferme. Et quant à mon choix, je crains ne pas pouvoir vous en dire plus.

À l'entente de sa voix grave, Lucrèce sentit sa peau se couvrir d'un duvet de frissons. Et la brise fraîche de cette soirée d'août n'y était pour rien. Les sensations divines qui s'éprenaient de son corps chaque fois que l'homme ouvrait la bouche lui firent oublier la déception que lui procura sa réponse insatisfaisante. Perturbée par les battements irréguliers de son cœur et la chaleur qui embrasait son bas-ventre, Lucrèce ne sut comment poursuivre la conversation. Alors comme si c'était tout à fait naturel, profitant du silence de la nuit, elle s'assit, là, au centre du pont, les yeux rivés sur l'horizon. Attiré par cette somptueuse créature plus que par n'importe quelle richesse créée par le monde, Radburn prit place à ses côtés. Irrésistiblement tenté par ses boucles brunes qui se balançaient au gré du vent, l'homme leva la main pour en attraper une entre ses doigts calleux. Surprise, Lucrèce se retourna vers le pirate qui s'était sensiblement rapprocher.

- Que faites-vous ? bredouilla-t-elle.

Radburn ne répondit rien mais continua d'enrouler la mèche de la jeune femme autour de son doigt. Un désir brut s'éprit de lui, réveilla sa virilité au moment où son petit bijou posa sa main sur son bras. Son toucher provoqua en lui un picotement agréable, qui, si elle poursuivait ses caresses, allait à coup sûr prendre de l'ampleur. Et il en avait terriblement envie. Restait à savoir si sa petite perle apprécierait une étreinte passionnée... Ne voulant pas gâcher l'instant qu'ils partageaient mais déterminé à tenter sa chance avant le grand départ, Radburn s'avança vers elle de façon à pouvoir toucher sa joue d'une douceur insoupçonnée. Malgré l'obscurité il put déceler sans mal, grâce à la lueur de la Lune, le petit hoquet de surprise qu'elle laissa échapper de ses lèvres rosées. Loin de le repousser, bien au contraire, Lucrèce combla la distance qui séparait leurs lèvres. Jeune femme maîtresse de son destin, c'était ce qu'elle avait toujours souhaité être n'était-ce pas ? Alors pour son premier baiser, elle se laissa aller... Les lèvres étonnamment douces du pirate initiaient les siennes aux premiers pas de la danse de l'amour. Les sensations qui l'envahirent pendant cet instant complètement imprévu la laissèrent sans voix. Bientôt, la bouche de son partenaire meurtrit un peu plus la sienne, l'incitant à entrouvrir les lèvres. Dès qu'elle lui autorisa l'accès au reste de sa bouche, Radburn en prit possession, savourant l'émotion grisante du conquérant explorant une terre jusque là inconnue. Premier baiser qu'il donnait depuis des mois, il le savoura particulièrement. D'autant plus que son amante était la plus belle femme qu'il avait jamais vue et la plus surprenante de toutes. Incapable de se satisfaire de ce qu'elle lui offrait, Radburn ne parvint pas à se détacher d'elle, les mains ancrées sur ses joues rougies. Lucrèce ne contrôlait plus rien. Rêvant du grand amour depuis toujours, ce baiser était à la hauteur de ses espérances. Une boule de feu croissait dans son ventre, ne demandant qu'à exploser dans un formidable concert d'étincelles et de flammèches. Cependant, elle ne savait guère quoi faire pour satisfaire ce besoin qu'elle devait combler à tout prix pour la première fois de sa vie. Et ce fut le pirate qui la surprit.

Son trésor le plus précieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant