Trick or treat !

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Ce soir, c'est Lauren qui passe nous récupérer à la fin de l'entraînement. Je grimpe à l'arrière de la Jeep et ai l'agréable surprise d'être accueillie par le sourire édenté néanmoins radieux de Diego.

— Pas trop fatigués ? nous interroge ma belle-mère maternellement.

— Un peu, répond son fils sans s'étaler.

J'échange un regard avec la blonde à travers le rétroviseur et lui apprends que le niveau augmente doucement. C'est le moins que l'on puisse dire, Erine est une bonne capitaine mais elle ne lésine pas sur les figures complexes. Mes muscles me tirent et j'ai les jambes en compote tous les lundis et les mercredis soir. Je soupire et avale le fond de ma bouteille d'eau. La conduite douce de ma belle-mère me laisse le temps d'observer la décoration effrayante des maisons du quartier. Diego épie, lui aussi, chaque décor avec un enthousiasme non dissimulé. Il faut dire que depuis lundi, il compte les jours jusqu'à la grande soirée d'Halloween. J'avoue être aussi impatiente que lui, même si j'arrive bien mieux à le cacher. A New York, la parade du 31 octobre est toujours un moment joyeux et un spectacle magnifique. Le souvenir de mon Halloween passée me revient en mémoire. La 6ème avenue était bondée, comme chaque année. Les gens déambulaient, heureux, déguisés en squelette ou en sorcière. La musique et les cris des gens se mélangeaient pour créer un brouhaha pas possible : la parfaite représentation de New York dans toute sa splendeur.

Je sais bien que je ne retrouverai pas la même chose ici, après tout la New York's Village Halloween Parade est unique. Mais d'après les dires et promesses de mes amis, Los Angeles possède également son lot de surprises. J'écoute d'une oreille l'histoire que nous conte Diego sans quitter la route des yeux. La voiture passe rapidement devant le commissariat du quartier et me renvoie à notre petite virée de la semaine dernière à Malibu. Les souvenirs m'assaillent et m'affublent d'un sourire idiot qui disparaît dès lors que je repense au sale quart d'heure que Raphaël et moi avons passé en rentrant à la maison. Les parents étaient sacrément remontés mais la journée de vendredi valait bien toutes les punitions du monde.

Je descends de la voiture en grimaçant, les jambes fébriles. Le blondinet attrape ma main et me tire vers l'entrée du pavillon à la hâte jusqu'à ce qu'une énorme boule de poils du nom de Phoenix saute sur le petit garçon. Diego rit à gorge déployée, et le chien sautille de plus belle. Je salue mon frère et Gaby qui travaillent dans la salle à manger et me presse dans la cuisine pour me dégoter de quoi grignoter. Mon ventre crie famine depuis la fin de mes cours et l'entraînement n'a rien arrangé. Je croque dans ma barre de céréales et rejoins l'escalier. J'ai terriblement besoin d'une douche. Je lance mon sac de cours à travers ma chambre et me dirige d'un pas décidé vers l'objet de ma convoitise, la salle de bain. La main sur la poignée, la porte s'ouvre à la volée et me fais sursauter. De son mètre quatre-vingt-cinq, il me toise. Je me recule pour le regarder dans les yeux sans avoir à me tordre le cou.

— Qu'est-ce que tu fais ? interroge-t-il.

— Je suis trempée de sueur, je me rends dans une salle de bain après un entraînement, ça me paraît évident. Je te croyais mois con que ça, j'avais tort. Pour une fois.

Ma réplique ne le fait par rire, il lève un sourcil et roule des yeux. Il ne bouge pas, il reste là, contre le chambranle. Et me scrute.

— Tu comptes me laisser la place de ton plein gré ou il faut que je me débrouille toute seule ?

— J'aimerais bien voir ça, ricane le brun.

— Il me semble que tu faisais moins le fier, tout à l'heure sur le terrain. Tu sais, lorsque Jake Manson t'a plaqué alors que tu allais faire un touchdown.

Mon petit sourire insolent efface le sien presque immédiatement.

— T'es vraiment une garce, tu le sais ça ?

AdrénalineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant