Adrénaline

La déclaration de guerre

Je me retourne et fais face à l'auteur de cette remarque.

— Ça te pose un problème ?

— Pas du tout. J'ai juste du mal à t'imaginer en cheerleader, conclut Raphaël avec un sourire méprisant.

— Oh, mais t'en fais pas, on va s'y faire très vite. J'espère que tu seras prise dans l'équipe, parce j'ai vraiment hâte de te voir secouer tes pompons, ajoute Mike avec un clin d'œil.

— Dégueu !

Je grimace et me désintéresse du blond.

— Et pour ta gouverne Drockfeler, je fais du cheerleading depuis que je suis entrée au lycée et j'adore ça, ajouté-je en défiant ses iris sombres.

A son tour, Raphaël se met à me fixer. Et sans ajouter un mot, nous nous embarquons dans un duel de regards, comme des enfants le ferai. C'est à qui craquera le premier. Mais notre petit jeu prend rapidement fin lorsque Lydia s'interpose.

— Okay, on se détend les gars. Tout va bien, affirme-t-elle avec un signe de tête à Raphaël que j'interprète comme un ordre de lâcher l'affaire.

A mon grand étonnement, il lui obéit et se détourne d'elle pour se placer derrière Mike. Ma nouvelle voisine n'y prête aucune attention et me sourit.

— Bon, sinon Elena, je te présente les derniers membres de cette bande de fous, enchaîne Charlie.

Il me désigne les trois garçons qui se tiennent face à nous. Je reconnais les jumeaux avec qui j'ai espagnol, mais impossible de me rappeler de leurs noms, quant au dernier garçon, je ne l'ai jamais vu. Il m'aurait marqué, des tâches de rousseurs recouvrent l'entièreté de son visage et ses cheveux blond foncé tirent vers le roux. Les trois garçons me sourient amicalement. Puis l'un des jumeaux s'avance jusqu'à moi pour se présenter.

— Salut, je suis Samy Blent, le copain de Lydia. Lui, c'est Jordan, mon frère et voici Léo Antlet.

Maintenant que je suis plus proche d'eux, je distingue de nombreuses différences entre les deux frères. Ils ont tous les deux les cheveux bruns mais ceux de Jordan sont légèrement bouclés et alors que les yeux de Samy sont d'un magnifique bleu, ceux de son frère sont marrons. Il me semble également que Jordan a quelques centimètres de plus que son jumeau mais est moins baraqué. Je salue les trois garçons et me présente à mon tour. Nous n'avons pas le temps de faire plus ample connaissance que nous sommes coupés par la sonnerie qui indique la fin de la pause déjeuner.

Lorsque j'arrive en mon cours de maths, Erine n'est pas encore là alors j'en profite pour aller saluer Anasthasia. Ana s'installe sur la table à ma droite et nous continuons de bavarder même après l'arrivée de Miss Hawkins. Je crois bien que ça n'a pas plu à Erine, chaque fois que je tournais la tête pour discuter avec ma voisine, je la voyais m'assassiner du regard. Ça mauvaise humeur ne m'a cependant pas empêché d'en apprendre davantage sur Ana. La rousse, est une adepte de la littérature et une fervente haïsseuse des mathématiques. Le parfait double de sa meilleure amie, et tout mon contraire par la même occasion.

Je rejoins la Jeep un peu en avance, mon prof d'histoire nous a libérés quelques minutes avant la sonnerie. Cette dernière retentit d'ailleurs et fait sursauter Lydia à mes côtés. Nous avons découvert, avec joie, que nous avions histoire ensemble. Nous avons passé l'heure à discuter, il faut dire que mon professeur, un homme aux cheveux gris et qui est sûrement plus près de la tombe que d'autre chose, est ennuyant à mourir. Le parking se remplit d'élèves et le silence est bientôt remplacé par les cris et autres éclats de rire. J'écoute ma nouvelle amie me parler de Jonas, le petit ami d'Heather. Dire qu'elle le déteste serait sans doute un euphémisme. Je ne lui ai encore pas adressé la parole mais avec ce que me raconte Lydia je crois que je le déteste aussi. C'est la cinquième fois en moins de cinq minutes qu'elle utilise le mot « connard » pour le qualifier. Rien d'étonnant, car en plus d'être caractériel, il est soi-disant d'une jalousie et d'une possessivité maladive. La brune m'avoue même que lorsqu'Heather sort avec la bande, elle est obligée de lui mentir car sinon il lui interdirait. Je ne sais pas pour qui se prend ce mec mais toutes ces anecdotes me donnent une furieuse envie de lui foutre un bon coup dans les parties !

— Plusieurs fois, les gars ont voulu intervenir, personne ne supporte Jonas dans la bande et voir Heather aussi malheureuse c'est un crève-cœur. Mais elle s'est toujours opposée à ce qu'ils fassent quoi que ce soit. Je crois qu'elle a peur que ça ne dégénère, remarque, c'est sûrement ce qui arriverait, surtout si Mike s'en mêle. Il fait de la boxe alors il sait se battre. Eh, mais j'y pense, tu m'as bien dit que tu en faisais toi aussi, non ?

Je luis réponds à l'affirmative.

— Génial, maintenant on a deux personnes qui savent cogner ! Mon père serait là, il dirait qu'on ne résout aucun problème par la violence, continue Lydia en levant les yeux au ciel, mais ça c'est parce qu'il ne connaît pas ce connard de Jonas.

J'éclate de rire face à son air décidé. A l'autre bout du parking, Raphaël et Mike se dirigent vers nous. Ils se saluent d'un signe de tête et le blond tourne dans l'allée d'à côté. Quelques minutes plus tard, Raphaël est face à nous et nous entendons une moto démarrer avec une puissance qui m'est familière. Je tourne la tête juste à temps pour distinguer Mike Bowers chevaucher une Harley-Davidson grise. Je crois que j'ai trouvé mon second point commun avec lui.

Lydia finit elle aussi par nous laisser pour rejoindre Samy. Elle ne fait que deux mètres avant de se retourner.

— Vous aller pas vous entre-tuer, tous les deux ? demande t'elle malicieusement.

Raphaël lui fait un doigt d'honneur et l'adolescente nous tourner le dos en riant, fière d'elle. Je grimpe dans la voiture sans attendre. Le cuir du siège brûle mes cuisses simplement recouvertes d'un short en jean. Je grimace et tire sur le tissu pour couvrir le plus de peau possible, en vain. Du coin de l'œil, j'aperçois Raphaël qui se paie ma tête. Cet idiot jubile sans se cacher. Je lève les yeux au ciel et le laisse nous guider jusqu'à l'école maternelle où nous devons récupérer son frère. Noah et Gabriel ont décidé de rentrer de l'école avec leurs copains, parce qu'apparemment se faire récupérer par son grand frère et sa grande sœur alors qu'on est au collège ça fait trop bébé. C'est en tout cas ce qu'ils nous ont décrété pendant le dîner, hier soir. Le trajet pour récupérer Diego se fait dans le silence, je suis encore sur les nerfs après notre discussion de ce midi et de toute manière je ne crois pas que nous soyons capables de tenir une vraie conversation. Et puis de quoi parlerions-nous, au juste ? Malgré ce qu'a pu dire Jason, nous n'avons rien en commun.

Dès que Diego débarque, l'atmosphère change complètement. Ce petit a un sacré don pour briser la glace, comme s'il ne remarquait pas que les rapports que j'entretiens avec son grand frère sont de plus en plus froids à mesure que le temps passe. J'écoute attentivement le blondinet conter sa journée avec entrain. Je m'étonne du si soudain changement de comportement de Raphaël, lui semble perpétuellement en colère lorsque je suis dans les parages, devient une tout autre personne après deux minutes passées avec son petit-frère. Et maintenant, il joue au mec sympa. Il m'énerve. Son comportement changeant m'insupporte. A dire vrai, tout chez lui me fout en rogne !