Adrénaline

The homecoming

Un mois plus tard

J'ai à peine poussé la porte du Diner que Macy vient m'accueillir, la mine illuminée et le sourire aux lèvres. Elle pose son plateau rempli de tasses fumantes sur le bar et vient me prendre dans ses bras, je lui rends son étreinte, j'ai fini par m'habituer à ses élans d'amour. Lydia dit que c'est parce qu'elle est loin de sa famille, étant originaire de Chicago et que nous sommes par conséquent sa famille de substitution.

— J'aimerais beaucoup rester papoter un peu avec toi ma jolie mais j'ai des clients alors je vais te laisser. Les autres zozos t'attendent à la table, m'informe-t-elle en pointant du doigt l'extrémité du restaurant. Milkshake ?

— Milkshake, souris-je en pensant à la vitesse à laquelle elle a mémorisé mes habitudes.

Je traverse la salle, peu remplie en ce dimanche après-midi et me glisse sur la banquette rouge de notre table aux côtés de Léo.

— Salut ! me lance Anasthasia, enjouée.

— Merci d'être venue, et de nous aider, ajoute mon ami.

— À quoi ça sert d'être doué en maths si on en fait profiter personne ?

Les sourires de mes deux amis redoublent et dans une union parfaite, ils sortent cahiers, livres et calculatrices. Il y a quelques jours, Miss Hawkins notre prof de maths a rendu les copies de notre dernière interrogation, j'ai vu le visage d'Ana se décomposer à la vue de sa note alors je lui ai proposé de lui filer un coup de pouce. Elle a tout de suite accepté ce qui n'a pas manqué de faire râler Erine. Et la rousse en a sûrement parlé à Léo puisque le lendemain c'était lui qui venait réquisitionner mon aide.

Quand Daryl vient m'apporter ma boisson à la cerise, il ne manque de se moquer de son fils qui semble au bord de la crise de nerfs face à son exercice. Léo le fusille du regard et nous fait rire, Ana et moi. À l'entente du rire cristallin de la rousse, le visage de Léo se radoucit automatiquement. Anasthasia ne semble pas le remarquer et son ignorance me fait sourire davantage. Depuis plusieurs semaines, je surprends de plus en plus d'échanges de sourires entre eux, de petites messes basses qui font toujours rougir mon amie et de plus en plus de coups d'œil furtifs quand personne ne semble les observer. Léo en pince pour elle et la rouquine est tout aussi éprise, pourtant aucun des deux ne semble le remarquer. J'ai d'abord cru que je me faisais des films mais lorsque j'ai entendu les garçons faire des paris sur le temps qu'ils prendraient à se déclarer, j'ai su que j'avais vu juste.

J'avale une gorgée de ma boisson à la cerise, et au léger goût de tabasco. Ça aussi, j'ai fini par m'y habituer. Raphaël aussi puisqu'il en rajoute chaque fois qu'il vient ici, la bande ne comprend toujours pas pourquoi on fait ça, ils ont d'ailleurs tous catégoriquement refusé de goûter. Ils ont tort, ça me tue de l'avouer, mais ajouter ces quelques gouttes pimentées est très certainement la meilleure – et seule – bonne idée que Raphaël ait eu depuis qu'on se connaît. Mon portable vibre sur la table et je l'attrape avant qu'il ne déconcentre les deux adolescents penchés sur leurs devoirs de maths. C'est un mail du lycée, qui nous rappelle le déroulement de cette semaine spéciale. Nous sommes début octobre, et il semblerait que le moment de fêter le homecoming et la Spirit Week soit arrivé pour le Los Angeles Central High School.

Le message vient directement du frère de Lauren, le proviseur du lycée. Je lis, un peu entre les lignes, le mail. De toute manière, Maggie était tellement excitée par cette semaine qu'elle ne parle plus que de ça depuis des jours. Elle s'est assurée que tous les élèves et en particulier les dernières années, reçoivent toutes les informations importantes. Tout a été réglé comme une horloge, l'emploi plus temps des activités proposées après nos cours, les thèmes de chaque jour, le bon déroulement de l'élection du roi et de la reine du homecoming, l'assemblée de demain, et même le match de football de vendredi soir qui marquera officiellement l'ouverture de la saison.