La Dolce Vita

755 60 15
                                    

Les dernières semaines ont été rythmées par les cours, les sorties avec la bande et la petite guerre que Raphaël et moi menons toujours de front. Il y a deux semaines, j'ai décidé de personnaliser un peu sa garde de robe. J'ai profité qu'il soit à la salle de musculation avec Mike pour asperger tout son dressing d'eau, puis j'ai balancé un paquet de talc entier par-dessus. Malheureusement pour moi, Diego m'a surprise et j'ai dû le corrompre à coup de bonbons pour qu'il n'aille rien rapporter aux parents ou à son frère, ce qu'il a fait.

Quand Raphaël a découvert le carnage qu'était devenue son armoire, j'ai bien cru qu'il allait tout casser, il était furieux. Très furieux même. Fidèle à nos habitudes, il n'en a rien rapporté à nos parents, si bien que lorsque sa mère l'a engueulé au dîner parce qu'il ne cessait de faire la tête, mon quasi-frère a quitté la table, encore plus énervé et est parti se réfugier dans sa chambre en claquant la porte. C'était au tour de Lauren d'être en colère et en plus d'un dressing pourri, le brun s'est vu confisquer son ordinateur pendant un mois. Ce qui n'a pas manqué d'augmenter sa rage et mon sourire par la même occasion, du moins jusqu'à ce que mon père me menace de subir la même chose, si je n'arrêtais pas de sourire méchamment.

La vengeance s'est fait attendre. Pendant deux semaines. Si bien que l'idée qu'il laisse tomber m'a traversé l'esprit. Je pensais réellement qu'il avait compris que pour faire chier mon monde, j'avais de la ressource. J'avais tort. Je l'ai sous-estimé, et je jure de ne jamais recommencer. Mon amour propre en a payé le prix, lui et mes pulls évidemment. C'était assez logique, j'ai sali ses habits, il a bousillé les miens. Lorsque je suis rentrée du lycée lundi soir, j'ai eu la désagréable surprise de découvrir que cet imbécile avait laissé une trace sur mes sweats.

Littéralement.

Chaque haut porte désormais une inscription, parfois dans le dos, souvent au beau milieu du tissu de sorte qu'elle soit bien visible. J'étais folle de rage, prête à retourner toute la maison quand il est apparu contre le chambranle de ma porte et m'a lancé avec un petit sourire insolent : « Un prêté pour un rendu, ma belle. ». Sous le coup de la colère j'ai attrapé le premier objet que j'ai pu trouver et je lui ai lancé à la figure. Il a quitté la pièce en riant tandis que je ruminais ma frustration. Il m'a fallu deux bonnes heures de boxe et un grand nombre de cuillerées de lait concentré sucré pour faire redescendre ma mauvaise humeur ce soir-là.

Le reste de la semaine a été bien plus calme. J'ai tenté de l'éviter du mieux que je pouvais, ce qui s'est révélé être bien plus compliqué que je ne l'avais prévu. Je suis sur le point de descendre prendre mon petit déjeuner lorsque ma porte s'ouvre dans mon dos. Je jette un coup d'œil par-dessus mon épaule et lève les yeux au ciel presque naturellement lorsque je reconnais Raphaël.

— Ça t'arrive jamais de frapper avant d'entrer ?

Il hausse les épaules, nonchalant. Puis il fait un pas dans ma direction et claque la porte.

— Qu'est-ce que tu fous au juste ?

Mes yeux perplexes oscillent entre la porte fermée et mon quasi-frère qui continue d'avancer dans ma direction. Il ne me répond pas et s'arrête près de moi. Bien trop près. Je recule, mal à l'aise et me cogne au bureau derrière moi. Raphaël laisse échapper un ricanement moqueur et je l'assassine du regard. Je m'impatiente alors qu'il retrouve son sérieux.

— Je suppose que tu n'es pas venu là pour te foutre de ma gueule alors dis-moi ce que tu veux, histoire que je puisse me débarrasser de toi au plus vite.

— Ne mens pas Elena, je sais que tu adores être en ma présence.

Ses paroles me prennent de cours, au moins autant que le fait qu'il m'ait appelée par mon prénom et non par mon nom de famille.

AdrénalineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant