Adrénaline

Touchdown

Je pousse les battants de porte de la bibliothèque. Le silence dans lequel est plongée la pièce me heurte en comparaison au brouhaha ambiant des couloirs du lycée. C'est la première fois que je mets les pieds ici depuis mon arrivée. Je parcours les rayons et repère l'équipe de cheerleading au fond de la pièce. J'ignore pourquoi Erine nous a toutes donné rendez-vous ici. Je me laisse tomber sur la chaise vide près de Lydia.

— Salut ! s'exclame-t-elle joyeusement.

En la voyant sourire ainsi, personne ne pourrait penser qu'il y a deux jours à peine, elle était au plus bas. Je lui réponds et mes yeux se posent sur le ruban rouge qui orne son poignet. Je joue avec le mien en attendant l'arrivée de notre capitaine.

— Vous savez pourquoi elle veut nous voir ? interroge une fille, assise face à moi.

Un flot de réponses négatives lui parvient.

— Vous pensez qu'elle est toujours en colère depuis lundi ? demande Adam, un des trois garçons de l'équipe.

— Elle n'avait pas l'air énervée au dernier entraînement.

J'écoute la conversation d'une oreille attentive sans pour autant y participer. Erine adore nous faire languir d'impatience. Je relève la tête au son des claquements que font les bottines de cette dernière. Elle porte une robe fleurie et arbore un sourire gigantesque. Je ne l'avais encore jamais vue sourire ainsi. Soit elle n'est pas très rancunière, soit elle se prépare à nous en faire baver. Je fronce les sourcils, incapable d'apporter la moindre réponse à ma question.

— C'est génial que vous soyez tous là ! s'écrit notre capitaine.

A quoi elle s'attendait au juste ? Son message indiquait que c'était une urgence absolue.

— Chuuuut ! s'exclame la bibliothécaire derrière son bureau.

Avec son tailleur fuchsia et ses grosses lunettes, elle répond parfaitement au cliché de la profession. C'en est perturbant.

Erine se retourne et lui fait un petit sourire contrit, tout à fait hypocrite. Lorsqu'elle nous fait face à nouveau, elle lève les yeux au ciel. Elle tire un siège et s'y assoit.

— J'ai beaucoup repensé à lundi, débute-t-elle. J'ai bien entendu ce que vous avez dit et je prends en compte vos critiques. Je vous promets de tout faire pour m'améliorer.

Lydia et moi échangeons un regard surpris. Ça, ce n'est pas dans ses habitudes.

— Mais passons, annonce-t-elle en balayant la remarque de la main. Je voudrais vous parler de l'équipe de foot aujourd'hui. Vous l'avez tous entendu, ils ont du mal à gagner des matchs, et je pense qu'ils ont simplement besoin d'encouragements. J'ai eu une idée.

L'attention du groupe est concentrée sur le discours de la Californienne.

— Ils ont vraiment besoin d'assurer ce soir et vont tout faire pour qu'ils y arrivent.

— C'est pas déjà ce qu'on fait ? Les encourager et les soutenir ?

— Si, bien sûr, mais il faut qu'on en fasse plus. J'ai pensé qu'on pourrait peut-être aller redécorer les vestiaires. Leur écrire des mots inspirants, des choses pour les motiver, des messages d'encouragement.

— Comment est-ce que tu veux faire ? s'enquit Mia, une petite rousse aux yeux verts.

Erine fouille dans son sac et en sort des dizaines de blocs de pense-bêtes colorés.

— Alors, partants ?

Notre enthousiasme ne tarde pas et les éclats de joie nous valent une autre réprimande de la bibliothécaire. Je ne sais même pas pourquoi elle s'énerve autant, les cours sont finis depuis un quart d'heure et mis à part nous, la salle est complètement vide. Comme nous ne nous calmons pas, la vielle femme se lève et s'exclame.