The Pinky Promise

797 67 31
                                    

J'avance dans l'obscurité. Dans mon dos, des effluves de parfum masculine m'indiquent que je ne suis pas seule. Je reconnais cette odeur, envoûtante et aux légères touches chocolatées. Je cesse d'avancer et me retourne avec lenteur. Raphaël fait un pas dans ma direction. Je recule. Il recommence. Moi aussi. Notre jeu se poursuit jusqu'à ce que mon dos heurte le mur froid du couloir. Calmement, il place ses mains de chaque côté de ma tête, et m'empêche de passer. Je distingue mal les traits de son visage dans l'obscurité. Mais je devine qu'il me fixe de ses yeux perçants, comme moi je le fais. A plusieurs reprises, ses lèvres s'entrouvrent et se referment, comme s'il était sur le point de dire quelque chose mais qu'il finissait toujours par y renoncer. Entre mes côtes, mon cœur bat la chamade. Inspire, lentement. Expire, doucement. Je n'y parviens pas. J'ai l'impression d'avoir couru un marathon. Je ne savais pas qu'un simple regard, aussi intense soit-il, pouvait avoir cet effet-là. Un soupire m'échappe. Je lance un regard en direction de ma chambre, un peu plus loin. J'aimerais me détacher de cette prison, m'enfuir, mais mon cœur et ma tête sont en désaccord. Et mes pieds refusent de bouger. Ma poitrine se gonfle, et mes yeux retrouvent leurs places au fond de ceux du brun. Un milliard de pensées me traverse. Ma tête est un champ de bataille. Je lutte contre moi, contre mes envies, contre tous ces sentiments qui me bouleversent. La crainte, la hâte, l'appréhension. Et le plus fort de tous. L'adrénaline. Ma peau me picote et mon sang bout. Tous mes sens sont en alerte, c'est à ça que je la reconnais.

Les prunelles brunes qui me font face glissent sur mes lèvres. Un second soupire me trahit et je jure voir les extrémités de la bouche du brun s'étirer. Pourtant, il ne sourit jamais lorsque je suis là. Son visage s'approche dangereusement. Centimètre par centimètre. Seconde par seconde. Et sauvagement, ses lèvres viennent embrasser les miennes. Son baiser est rapide, pressé, agressif. Mes yeux se ferment au moment où il s'éloigne. Sa respiration aussi est rapide, je l'entends. Il recule son visage pour observer ma réaction. Dans ma tête, le combat fait rage, plus aucune idée censée ne me parvient. Il ne me reste que mes sensations et le souvenir de ses lèvres chaudes au creux des miennes. Le temps s'est arrêté. J'ignore combien de minutes nous restons ainsi, à guetter l'autre sans réagir. Mais la patience n'a jamais été une de mes grandes qualités et c'est très certainement ce qui me pousse à rompre à mon tour la distance qui nous sépare. J'attrape sa mâchoire. Le contraste entre mes doigts glacés et la chaleur de sa peau le fait frissonner, ou peut-être est-ce le baiser qui a cet effet-là.

Cette fois, personne ne s'écarte. La fougue nous emporte, nous déchaîne. Mon crâne percute le mur. Ça n'a pas d'importance. Rien n'a d'importance. Sauf nos respirations saccadées, nos souffles brûlants et nos bouches joueuses. L'une des mains de Raphaël se dérobe du mur et vient entourer ma joue. Il la caresse sensuellement tandis que nos langues se lient à leur tour. La lutte a quitté mon esprit, elle s'est muée entre nous. Son corps se presse au mien et je soupire d'aise. Nous nous séparons sans s'éloigner. L'air emplit à nouveau mes poumons mais j'ai l'impression de ne plus savoir respirer. Dans un geste devenu naturel, nos visages se rapprochent et se retrouvent. Je suis incapable de garder les yeux ouverts, je me laisse emporter dans cette danse passionnée. Ses mains sont entreprenantes. Elles se glissent dans mon cou, s'amusent avec mes boucles, me caressent. Je glisse mes doigts sur sa joue droite et fais pression sur sa tête pour qu'elle se rapproche de moi. Le plus près possible. Ils remontent un peu plus haut, effleurent sa cicatrice à l'œil et s'échouent dans sa chevelure sombre.

Je laisse ma tête reposer sur le mur. Nos iris ne se lâchent plus, comme si ces baisers que nous venons d'échanger avaient créé un lien incassable.

— Elena. Elena.

Je l'entends m'appeler mais ses lèvres ne bougent pas. Mes sourcils se froncent.

— ELENA ! BORDEL !

Je sursaute lorsque je sens une pression sur mon bras. Je tente de calmer ma respiration et prends conscience que Raphaël est debout face à moi. Il me dévisage, la mine contrariée.

AdrénalineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant