Chapitre 17

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Adrik sembla anxieux et chercha ses mots.

— Sans vouloir vous offenser, Majesté, comme je l'ai dit plus tôt, même si Jeizah est humain, il n'est pas un esclave. Dès lors, je ne vous le vendrai pas.

— C'est donc ainsi ?

Sa voix gronda dans toute la pièce et me fit sursauter. J'étais terrifié et pourtant j'essayais de garder un visage impassible. Bien que je sois reconnaissant envers Adrik qui souhaitait me protéger, il était hors de question de le laisser plus longtemps dans cette position délicate. Alors, malgré ses précédents avertissements, je pris la parole et tentai de nous sortir d'ici, vivants et libres.

— Votre Majesté, je vous prie de ne pas lui en tenir rigueur.

Son attention se porta immédiatement sur moi et il arqua un sourcil.

— Tu es bien imprudent d'oser t'adresser à moi sans y avoir été invité, et surtout d'exiger ma clémence.

— Pardonnez-moi pour cette trivialité, mais vous souhaitez une chose et Adrik s'entêtera sûrement à vous la refuser, peu importe les conséquences. Ce n'est pas mon cas. Puisque vous m'avez aussi convoqué, c'est que vous avez besoin de mon aide. Puis-je donc m'impliquer dans cette discussion ?

Un éclat de colère traversa son visage, mais disparut bien vite. D'une voix mesurée, il m'invita à continuer.

— Selon vos dires, le prince Sinha ne tolère aucun humain dans son lit. Pourtant, cela est nécessaire afin de concevoir un héritier. Si je suppose bien, vous êtes donc à la recherche d'une personne qui lui conviendrait et surtout qui lui éviterait de trouver du réconfort dans les bras de thérianthropes, puisque cela est interdit aux gammas et puni de mort, qui que soit l'accusé.

— C'est bien cela, approuva-t-il sèchement.

— Et vous pensez ainsi que je pourrai être cette personne. Mais en quoi serais-je différent des autres ?

— D'après certaines rumeurs, tu es la réincarnation du dieu humain, Tendua, la panthère lunaire. Même si nous ne sommes pas superstitieux et que cela relève de légendes anciennes, tu représentes une menace. Aux côtés de la famille royale, et en particulier de Sinha, tu pourrais être une lueur d'espoir pour ces humains et je ne l'aurai jamais autorisé. Mais selon les rapports d'espion, tu ne fais pas de vagues et puisque tu sembles revêtir une forme complète, proche de celles des gammas, tu pourrais être utile au Royaume. Je veux que tu intègres le harem princier au plus vite.

— Comment pouvez-vous être sûr que le prince m'acceptera ?

Il s'apprêtait à répliquer, mais il s'interrompit. L'air songeur, il appuya son dos contre le dossier de son siège. Enfin, après un instant, il se redressa et admit :

— Je n'ai aucune certitude. Ce n'est qu'un pari.

Mais un flou persistait dans le cas où son plan échouerait et avant de me prononcer, je voulais connaître tous les tenants et aboutissants.

— Bien, donc si je résume, vous désirez que j'intègre le harem, que je partage le lit du prince jusqu'à ce que je lui donne un héritier, mais, vous n'êtes pas sûr qu'il tolérera ma présence. Vous avez aussi précisé plus tôt que je représentais une menace pour la royauté. Mais si votre plan échoue, je serais en possession d'informations qui doivent rester secrètes des nobles. Je serai donc doublement une gêne pour votre règne. Que ferez-vous alors ? Allez-vous m'éliminer en toute discrétion ou serais-je emprisonné à vie, sous bonne garde dans un lieu inconnu de tous ?

Sous les masquesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant