Sinha m'enlaça, ses mains se joignant sur mon abdomen. Son menton se logea dans le creux de mon cou, alors que je me laissai reposer contre lui.
— Ça me désole, se lamenta-t-il.
— Quoi donc ?
— J'aurais tellement aimé chasser avec toi ! Mais je dois encore attendre tellement de temps avant que tu puisses m'accompagner en toute sécurité.
Je me tournai, lui faisant face. Après un baiser volé, je le questionnais, à moitié amusé.
— Tu tiens tant que ça à cette chasse ?
— C'est primordial !
— Voyez-vous ça ! En quoi aller tuer de pauvres animaux dans leur habitat est-il primordial ?
— Déjà, pour le frisson de la traque, se justifia-t-il.
Je fis une moue peu convaincue.
— Il n'y a bien que vous pour aimer le goût de la chasse. Mais contrairement à vous autres, barbares assoiffés de sang, je préfère les observer paître en toute tranquillité.
— Et c'est pour ça que les humains sont d'un ennui mortel !
— Bien sûr, si je ne suis pas couvert d'entrailles et de sueur de la tête aux pieds, je suis beaucoup moins intéressant. J'en prends note !
— Par pitié, non, s'esclaffa-t-il. Laissons les entrailles en dehors du palais et surtout de ma chambre !
Il récupéra mon menton entre ses paumes et releva mon visage. J'accompagnai son geste et tombai dans ses iris ambrés.
— On dit que la première chasse d'un couple est importante. S'ils abattent ensemble un cerf blanc, les dieux leur assureront un mariage heureux et fécond. Et c'est ce que je veux pour nous deux. C'est donc primordial.
Son regard s'adoucit et je souris en retour.
— J'aimerais beaucoup aussi, avouai-je.
Je cueillis ses lèvres avant de me détacher de lui pour découvrir ma tenue. Les couturières venaient de l'apporter, pour le banquet de ce soir.
— Tu sais, au village, on a une superstition similaire. Si une biche se repose dans le jardin de jeunes mariés, on dit que Kesselt bénit leur union. La biche est vue comme un animal fragile et craintif, alors quand elle s'approche des habitations, ça ne peut être qu'un signe de l'attention de notre dieu.
Mes doigts glissèrent sur le tissu finement brodé et accrochèrent les perles de nacre qui fermaient le pourpoint. Comme mon costume pour le bal, cette pièce était magnifique.
Sinha qui s'était déjà préparé me rejoignit.
— Je doute que l'une d'entre elles ose venir près du palais et encore plus que Kesselt soit favorable à notre relation. Il ne nous reste donc que la chasse pour se montrer digne de l'appréciation de Sol. Quel dommage, vraiment, se moqua-t-il en ouvrant ma chemise de lin, bouton par bouton.
Quand ses doigts effleurèrent la peau nue de mon torse, je frissonnai. Ils crochetèrent mon pantalon et le firent glisser le long de mes reins. Le tissu s'enroula par terre et j'avançais d'un pas lascif pour m'en délester. Les yeux de Sinha brillèrent, une certaine sauvagerie les conquérant. Il me contempla de haut en bas, sa glotte tressautant avant qu'il ne se détourne et récupère le haut du costume suspendu au battant de l'armoire.
— Ce n'est que partie remise, commenta-t-il en m'aidant à enfiler la tunique puis mon veston. Je compte bien t'enlever tout ça et en profiter pleinement.
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Sous les masques
RomanceÀ l'aube de son mariage, Jeizah voit ses espoirs anéantis lorsqu'il découvre que sa relation avec le futur chef de son village est rythmée uniquement par la cupidité et une légende insensée. Dévasté et désabusé, il tourne le dos sans réfléchir à cet...