Chapitre 52

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Je caressai les naseaux frémissants de ma jument pendant que la troupe se préparait au départ. Les chevaux s'ébrouaient devant le pavillon, regrettant l'herbe humidifiée par la rosée du matin. Sinha, qui ne m'avait pas quitté un seul instant du regard, s'approcha et inspecta le harnachement de ma monture.

— Fais bien attention et si jamais tu as besoin que l'on fasse une pause, préviens-moi, dit-il en jetant une œillade dans ma direction par-dessus l'encolure.

— Sinha, tu sais que je ne suis pas en sucre ?

— Bien sûr, mais une chute est vite arrivée. Alors, sois prudent et reste à côté de moi.

— Tout ira bien, le tranquillisai-je tandis qu'il passait de mon côté. S'il y a bien une chose que je maîtrise, c'est de monter à cheval. Adrik s'en est assuré.

— Je n'en doute pas, concéda-t-il finalement tout en ajustant la sangle de ma selle.

Il rabattit le quartier et se tourna vers moi. Avant que je ne puisse réagir, il se pencha et vint cueillir furtivement mes lèvres.

— Je veux juste prendre soin de toi.

Je me reculai d'un pas.

— Qu'est-ce que tu fais ? m'exclamai-je

Les joues rougies d'embarras, je regardai aux alentours. Les gardes ne semblaient pas nous prêter attention. Un soupir de soulagement m'échappa tandis que Sinha jubilait à mes côtés.

— J'embrasse mon compagnon.

— Sinha ! Comment pouvez-vous être aussi impulsif ? Et si l'on nous voyait ?

— Tu repasses au vouvoiement ? souligna-t-il, amusé, en brisant la fine distance entre nous. Si tu crois qu'ils ne savent rien, tu es bien naïf. Si notre baiser sur leur terrain d'entraînement n'avait pas suffi à leur mettre la puce à l'oreille, cette nuit les aura convaincus.

— Quand bien même, ne leur donnez pas plus de raisons de répandre des rumeurs.

Il m'enlaça, me volant un second baiser.

— Oh, si ce sont les rumeurs qui t'inquiètent, il n'y en aura pas. Dès notre retour au palais, j'annoncerai fièrement que tu es mon compagnon et le père de mon enfant. Elles n'auront donc pas le temps de se propager, affirma-t-il avec un sourire ravageur.

Je lui jetai un coup d'œil assassin, le repoussant doucement d'une main.

— Vous allez vraiment m'apporter des problèmes.

— Je m'assurerai que ça ne soit pas le cas. Allez, coupa-t-il court à toute protestation, en selle ! C'est l'heure de partir.

Je réprimai mes récriminations. Sinha était borné quand une idée lui tenait à cœur. Je me demandais finalement s'il n'était pas préférable de le laisser agir. Cette fois, ce combat serait le sien. Alors, avant d'enfourcher ma monture, je l'embrassai à mon tour. Une fois hors de sa portée, je me penchai vers lui.

— Je suis heureux que tu connaisses enfin toute la vérité. Je n'aurai plus à cacher mes sentiments.

Je ne le laissais pas le temps de répliquer que j'effleurai le flanc de ma jument du talon, propulsant mon bassin vers l'avant pour la mettre au pas.

— Moi aussi, je t'aime, Jei !

Je ne me retournais pas, rougissant en m'enfuyant au-devant de la troupe.

Quelques minutes plus tard, les soldats se rassemblèrent et Sinha briefa le capitaine.

— Nous utiliserons les sentiers pour rester discrets. Je veux deux éclaireurs en amont et des gardes pour fermer la voie. S'il y a un quelconque danger, assurez immédiatement la sécurité de Jeizah et protégez-le à n'importe quel prix.

Sous les masquesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant