Chapitre 2

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Un homme à la stature impressionnante me dépassait d'une bonne tête et demie. Ce géant à la musculature développée, aux cornes effroyablement érigées, me toisait de toute sa hauteur.

Il parla, mais je ne compris pas. Ses paroles étaient rudes, d'un ton si grave que je peinais à en dissocier les syllabes.

Je jetais un coup d'œil devant moi, mais le garde qui était sorti de la tente me fixait, prêt à bondir sur moi au moindre geste de ma part. Quant à m'enfuir sur le côté, c'était dès lors inenvisageable. Le géant dans mon dos n'avait qu'à tendre le bras pour me saisir et me broyer de ses mains.

Je me tournai complètement vers lui, jugeant qu'il était une menace bien plus importante que la bête au loin dans le camp.

— Je... Je ne comprends pas, bégayais-je difficilement après avoir dégluti.

Il sembla m'analyser et à ma grande surprise, il reprit dans ma langue avec un accent à couper au couteau :

— Que fait un humain aussi loin dans la forêt ?

Je restai muet, l'angoisse muselant mes cordes vocales. Je peinais à respirer et je n'osais plus faire un seul geste. Il sembla s'impatienter et me questionna à nouveau.

— Tu es seul ? Où sont tes compagnons ?

Comme je n'ouvris pas plus la bouche, il s'énerva et me cria dessus.

— Réponds.

Je fis un pas en arrière, comme frappé de plein fouet par son ordre.

Le démon du camp au pelage noir s'était avancé jusqu'à nous, sans que je ne m'en rende compte et parla à son tour d'une voix plus calme, aux intonations chantantes.

— Tu lui fais peur.

Il s'était exprimé volontairement dans ma langue, sans doute dans l'intention de ne pas m'effrayer davantage.

— Petit, comment tu t'appelles ?

Il m'affichait un sourire rassurant. Bien que je me méfiais, il me paraissait moins dangereux que le géant. Je déglutis à nouveau, et d'une voix enraillée par la peur, je lui répondis.

— Jeizah.

— D'accord Jeizah. Détends-toi, on ne te fera pas de mal. N'est-ce pas Keir ?

Il jeta un œil averti au monstre devant moi. Il s'appelait donc ainsi.

— Tant qu'il ne nous attaque pas ou n'essaie pas de fuir.

L'homme au pelage s'approcha de moi et déposa sa main sur mon épaule. Je sursautai à son contact, un frisson de dégoût et d'effroi me traversa. Mais il ne sembla pas me vouloir de mal. Sa main resta seulement à sa place, sans me broyer les os de sa prise. Je le fixai alors d'un œil inquiet.

— Ne fais pas attention à lui, il ne maîtrise que le langage des poings.

Son visage s'approcha de mon cou et il me huma tel un chat qui rencontrait un de ses compagnons.

— Ton odeur est sucrée. Tu es un oméga, il n'y a pas de doute.

Il regarda son compagnon et échangea avec lui dans leur langue. Après quelques grognements et réponses sèches, le dénommé Keir se recula d'un pas, me laissant une liberté approximative.

L'autre se reconcentra alors sur moi et me sourit.

— Tu peux m'appeler Adrik. Tu dois être gelé et avoir faim. Keir va t'amener près du feu de camp.

Bien qu'il ne l'ait pas formulé comme un ordre, son ton était clair. Je n'avais aucune possibilité de refuser. Je ne savais pas ce qu'ils comptaient faire de moi, mais il était bien trop tard pour penser à m'enfuir désormais. Tentaient-ils de m'amadouer avec de la nourriture afin que je baisse ma garde, pour mieux m'attaquer par la suite ?

Sous les masquesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant